Zero waste, la vie autrement

L’ONG Zero waste* ou zéro déchet a lancé, en ce début d’année, un pari inhabituel aux Français, renoncer à acheter du neuf pendant un an sauf pour l’alimentaire, dans le but de « préserver la planète et l’emploi ».

 

 

 

Pour convaincre les consommateurs de vivre autrement, Zero Waste a peaufiné un vaste programme baptisé « Rien de neuf », présenté comme un défi ludique. Elle a reçu le soutien de 2 500 personnes, 300 organisations ou élus et des aides du ministère de l’Écologie. Un site internet a été créé ainsi qu’un groupe Facebook où les participants s’engagent dans un collectif et s’entraident.

 

 

 

Un défi baptisé « Rien de neuf »

 

Comment changer les habitudes des consommateurs que nous sommes devenus, quelquefois gloutons, compulsifs ou même fashion victimes ? Une liste alternative aux achats a été établie pour tous les produits, électroménager, vêtements, livres, meubles, liste non exhaustive. Des solutions existent, faire réparer au lieu de jeter et remplacer aussitôt l’électroménager, acheter d’occasion livres, jouets, vêtements ou louer, échanger, emprunter à la médiathèque, les choix sont infinis. On pourra éviter peut être de ne pas se laisser influencer par les soldes à 50 ou 70 % par exemple pour des vêtements que l’on ne portera jamais car achetés sur un coup de tête. D’ailleurs, dans ce domaine, la présidente de L’observatoire société et consommation indique que « des mouvements se mettent en place et vont s’installer dans le paysage ». L’influence de Pierre Rabbi est incontestable et son livre La sobriété heureuse a convaincu un grand nombre des nouveaux convertis. Ainsi témoigne Mathilde qui privilégie les achats d’occasion pour ses vêtements et ceux de ses filles et trouve « plus amusant de faire ces recherches ». Pourquoi ce genre d’achat ? Fabrice répond : « On ne se rend pas compte, il faut 8 000 litres d’eau pour fabriquer un jean, un tee-shirt 2 500 litres ». Autre alternative, la location de vêtements pour changer souvent et être à la mode pour un prix modique mensuel, sans se ruiner et accumuler. Pour limiter les déchets chimiques, le faire soi-même est aussi une piste pour les cosmétiques ou les produits d’entretien. Il paraît aussi que la réparation de meubles, la récup, même le tricot, font fureur ! Et que dire des échanges, une heure de cours de piano contre la réparation d’un meuble !

 

 

 

Alter D'éco solidaire à Bordeaux : une recyclerie où on rénove des meubles (Alter D'éco)
Alter D'éco solidaire à Bordeaux : une recyclerie où on rénove des meubles (Alter D'éco)

Préserver l’emploi sans gaspiller

 

Réparer, reconditionner, créer des boutiques de ventes d’occasion, louer. La production de l’électroménager, de la Hifi ont été délocalisées, aucun smartphone n’est produit sur notre sol. Nos vêtements sont importés des pays asiatiques comme les jouets. Ce n’est qu’un aperçu de milliers d’articles fabriqués hors de nos frontières. Le constat est sévère. Le collectif indique que nous ne réalisons pas que « les objets utilisés sont de véritables iceberg de matières premières » et qu’en plus, nous ne favorisons plus les emplois dont nous avons besoin. Une lueur quand même, une nouvelle économie s’annonce, un site comme Backmarket indique qu’il travaille avec des ateliers de reconditionnement pour les smartphones, D’autres ateliers de réparation ont ouvert dans plusieurs régions comme Remade dans la Manche, Love2cycle à Brive ou Again à Cholet. Dans un autre domaine, à Bordeaux, une société a été créée, Milan AV-JC, pour « réduire les déchets de tissus, produits par les groupes industriels ». Mylène l’Orguilloux indique que son procédé en conception assisté par ordinateur, CAO, conçoit 41 modèles de vêtements en réduisant la quantité de tissus jetés. Des associations sont spécialistes du recyclage, Emmaüs, Récup’r pour la réparation de vélos. Le Relais textile Gironde est un exemple de création d’emplois en recyclant les vêtements pour la revente. Connaissez-vous R’2 jeux à Bordeaux, situé aux Chartrons ? La boutique-atelier collecte, répare, recycle et revend à petits prix tous les jouets, une belle initiative alors que des millions de jouets sont jetés chaque année.

 

La vie autrement ou une remise en cause partielle de notre mode de vie ? Rendez-vous en fin d’année pour voir si Zero waste a gagné son pari.

 

 

Martine Lapeyrolerie

 

 

 

 *zerowastefrance.org