Une jeune femme libre et engagée

Léa Thomas, jeune infirmière bordelaise éprise de liberté, manifeste en permanence une soif d’expériences nouvelles mais elle n’hésite pas quand la crise s’accentue à renforcer le secteur Covid, d’une clinique de l’agglomération.

 

Après plusieurs années de petits boulots, Léa Thomas exerce depuis 5 ans le beau et difficile métier d’infirmière.  Derrière son regard tranquille, elle porte une attention particulière à ses interlocuteurs.  Son rêve est de découvrir le monde, sac à dos, dès que l’opportunité se présente. Elle tient avant tout à sa liberté, allant jusqu’à ne pas vouloir être  titularisé, pour ne pas se sentir contrainte et pouvoir à l’envie décider de partir ailleurs ou de se donner une parenthèse, comme le journalisme !

 

 Sans hésitation, elle s’est portée volontaire au printemps 2020, pour aider quelques mois ses collègues  débordées par  les patients du nouveau virus.

Infirmière, un accomplissement

Rien ne destinait la jeune Léa à devenir infirmière. Par contre elle est confrontée très tôt au changement. Après sa naissance en Vendée en 1987, elle vit successivement dans plusieurs régions dont la Haute Savoie. Son père travaille dans une entreprise qui a son siège à Beyrouth.  Le récit de ses déplacements au Liban la sensibilise à ce pays et aux difficultés de ceux qui y vivent. Il l’ouvre ainsi insensiblement sur le monde. Elle porte à ce moment là en elle, l’envie de s’engager un jour dans des projets humanitaires.

Autonome dès après  le lycée, elle exerce plusieurs métiers de 2005 à 2011 dans l’alimentation, la logistique ... et se confronte aux aléas de la vie. Elle aspire à autre chose, avec plus de contacts humains et décide alors de devenir infirmière !

Après avoir réussi au concours, elle suit  de 2012 à 2015 à Rueil-Malmaison, l’enseignement qui la prépare à son nouveau métier. Elle travaille le  week-end et les vacances. Dès la fin de la première année, considérée comme une aide soignante, elle est engagée dans une unité de soins palliatifs où elle est confrontée à la rudesse du métier. Elle s’accorde plusieurs respirations dont une escapade à Sarajevo avec un projet photographique.

« Diplômée, je rejoins dans le Morvan, un poste aux Urgences qui m’attire. Je suis accro aux poussées d’adrénaline qu’entraîne la nécessité de faire face dans l’instant à des situations critiques ! Après 9 mois d’un rythme parfois à la limite du soutenable, j’en reviens !  Pour m’en évader, je pars  seule 4 mois, sac à dos et parcours la Chine, le Laos, la Birmanie…»

Au retour après plusieurs postes, elle est prise en octobre 2016, à Lyon dans le centre de cancérologie Léon Bérard. Une pratique différente enrichissante mais  une exposition à des situations bouleversantes avec des jeunes confrontés à la mort !

Un avenir en Gironde ?

 Léa rejoint Bordeaux en juin 2019. En intérim elle fait le tour du département, avant de se fixer à la clinique Saint Augustin dont elle apprécie la dimension humaine. Elle fait le choix de rester dans le statut de vacation à la journée, marquée par son besoin absolu de liberté. Formée à tous les postes, elle y effectue maintenant un plein temps en travail de nuit. Dans ce cadre particulier, à la fois plus calme et plus risqué, elle a tissé plusieurs amitiés avec des collègues et rencontré son compagnon.

Quelle motivation l’a conduit en mars 2020, à prendre des risques sanitaires accrus, pour faire face au Covid 19 ? « Il m’a paru naturel, de m’engager quelques jours par semaine pour renforcer  les équipes surchargées. Même si c’est dur, je suis prête à m’engager à nouveau, face à la 2e vague inquiétante. Cela repousse la présentation de mon diplôme universitaire sur le sida et l’hépatite, mais j’en  relativise l’’importance devant  tant de malades gravement atteints !

Pour l’avenir, j’envisage de me lancer en libéral, dans les soins à domicile, en rejoignant un cabinet dans une commune rurale girondine. Cela me permettra de relancer mes voyages découvertes et de consacrer plus de temps à la photo*, avec la perspective d’une exposition. J’espère aussi un petit miracle, la possibilité de contribuer à la rédaction d’un  quotidien local, en valorisant mes acquis, auprès de l’atelier de journalisme de l’UTL » !

 

François Bergougnoux