Petites pieuvres

De petits animaux de coton aident les bébés prématurés.

 

 

 

En janvier 2013, une sage-femme danoise a placé une petite pieuvre très colorée dans la couveuse de son bébé prématuré. Très vite, il a saisi l’un des tentacules. Il semble que ceux-ci rappellent le cordon ombilical à ces enfants nés avant terme. Les infirmières ont constaté qu’ils étaient plus calmes et qu’ils avaient moins tendance à arracher les sondes et autres fils qui les aident à vivre. En quelques mois, toutes les maternités du Danemark en avaient. Puis, elles ont gagné l’Europe. En France, les premières sont apparues à Fontainebleau en avril 2015 et à Bordeaux en mars 2016.

 

Photo Roger Peuron
Photo Roger Peuron

Une aide efficace

 

Claudie, qui a rejoint le réseau Petites pieuvres sensation cocon1 qui couvre l’ensemble du pays, a bien voulu faire part de son expérience.

 

 

 

— L’observatoire : Depuis quand participez-vous à ce réseau et comment fonctionne-t-il ?

 

Claudie : J’ai appris son existence en février dernier. J’ai été immédiatement séduite car il s’agit d’aider les bébés à vivre et de faciliter si possible le travail du personnel médical. Ces petites pieuvres sont réalisées bénévolement, chaque personne achetant sur ses deniers les matériaux nécessaires. Depuis février, j’en ai produit une vingtaine.

 

Pour chaque hôpital participant au projet, une personne est désignée comme ambassadrice. Elle collecte les petits animaux de coton, les contrôle pour voir s’ils correspondent aux exigences de sécurité et les lave à 60 C. Chacun est mis dans un sachet fermé par un zip et remis à un service de néo-natalité. Actuellement, l’ambassadrice2 pour Bordeaux en fournit 150 par mois, pour les trois services de néonatologie de l’hôpital Pellegrin. Aucun ne rentre au CHU sans son autorisation et elle est la seule habilitée à les livrer. Elle témoigne : « Les pieuvres étaient attendues avec impatience. J’ai rencontré des personnels enthousiastes et très agréables. J’ai eu la chance de visiter un des services, j’y ai vu des bébés plumes faisant des câlins à nos petits animaux. Moment intense et émouvant. »

 

 

 

— Comment sont-elles fabriquées et quelles sont les exigences de sécurité auxquelles vous venez de faire référence ?

 

— Le corps est crocheté avec du coton (uniquement celui de la liste du site officiel) puis le corps rempli d’une ouate de remplissage synthétique préalablement enfermée dans un collant solidement fermé. Sa taille, sans être trop grande, ne doit pas être inférieure à 4,5 cm de diamètre et de 6 à 8 cm de haut. Les huit tentacules étirés ne doivent pas dépasser 20 cm. Afin que le bébé ne puisse pas mettre la petite bête dans sa bouche et qu’elle ne soit pas trop imposante par rapport à lui.

 

Une fois achevé, le petit animal très coloré ne doit pas présenter de petits trous dans lesquels pourraient entrer les doigts minuscules et si fragiles des bébés.

 

Quand les pieuvres ne respectent pas ces exigences, elles ne sont pas jetées mais données pour des enfants plus grands dans d’autres services hospitaliers.

 

Pour se lancer, il faut savoir bien sûr crocheter ou tricoter. Vous trouvez alors de l’aide et des conseils auprès de Murielle Nedellec2 et sur le site officiel à travers de nombreux tutoriels. À noter que plusieurs clubs féminins ont décidé de s’y mettre, ainsi celui de Lormont vient de franchir le pas. J’ai rencontré récemment un groupe de dames dans le cadre des activités de l’espace de vie l’Oasi’s à Saint-Médard-en-Jalles pour les sensibiliser et leur donner quelques conseils.

 

 

 

Photo Roger Peuron
Photo Roger Peuron

De petits miracles

 

Les bienfaits de ces petits animaux sont nombreux. Voici un témoignage parmi tant d’autres « […] notre bébé a été transféré en néo-natalité. […]. Il a reçu quelques jours plus tard une petite pieuvre. Il ne la quittait plus. Et ne s'attachait plus à sa sonde. Il a vite remonté la pente. […]. Toujours en compagnie de sa petite pieuvre. Merci […] aux initiatrices et actrices de ce mouvement. Ces petites pieuvres font des petits miracles. »

 

Actuellement, elles sont une cinquantaine de dames à en produire dans et hors de la métropole pour le CHU de Bordeaux, le besoin allant croissant. Les personnes désireuses de participer à cette œuvre du cœur sont invitées à prendre contact par courriel2.

 

Roger Peuron

 

1 Site : http://petitepieuvresensationcocon.weebly.com/

 

2 Courriel : nedellec.murielle@gmail.com