Anne Doat raconte Jean Vautrin, son mari

 

Anne Doat raconte Jean Vautrin

 

Une œuvre retentissante d’écrivain, cinéaste, scénariste et dialoguiste.

 

Mardi 26 novembre 2019, à la médiathèque de Gradignan, Anne Vautrin, fait une lecture très inspirée d’un texte de Jean Vautrin, son époux disparu en 2015, accompagnant un livre de photos sur l’Inde des années 1950. La force et l’émotion de sa voix, plonge un public conquis, dans la passion vécue alors par le jeune créateur/photographe.

 

L’œuvre d’un large spectre de Jean Vautrin, s’inscrit de la fin des années 1950 à 2015. Après leur rencontre, sa compagne, Anne Doat*, brillante actrice de théâtre et de cinéma, poursuit son activité jusqu’en 1980. Elle arrête ensuite sa carrière pour prendre en charge Julien, son troisième enfant, autiste. Elle porte aujourd’hui un regard enthousiaste sur le parcours exceptionnel de son mari, s’implique dans l’entretien de sa mémoire et une meilleure diffusion de sa vaste production.

 

 

 

Rencontre improbable

 

Sensibilisé par son père metteur en scène, Anne est conquise dès 15 ans par le théâtre qui l’adopte rapidement dans un rôle de jeune première. Elle s’impose aussi au cinéma et à la télévision. Ses qualités de tragédienne, sa beauté lui valent des rôles magnifiques.

 

Parmi la cinquantaine de pièces de théâtre et de films tournés de 1955 à 1980, Chiens perdus sans collier, le Dialogue des carmélites, le Dimanche de la vie au cinéma ; le Soulier de satin avec Jean Louis Barrault … illustrent la richesse de son parcours. Elle reçoit en 1962 le prix Gérard Philipe de la meilleure comédienne de théâtre.

 

 « En 1961, Claude Berri me propose de rencontrer Jean Herman**, jeune cinéaste prometteur qui recherche une actrice pour un court métrage. Retenue par une pièce au théâtre, je refuse d’autant plus que je porte peu d’intérêt à ce modeste projet. Je finis par accepter de le voir à contre cœur, mais subjuguée rapidement par Jean, je pars dès le lendemain matin pour le tournage, avant de partager très vite un amour fou ! »

 

Installés dans la région parisienne, les voilà partis enthousiastes pour 54 ans de vie commune. Le jeune Jean Herman, pas encore Vautrin, ne bénéficie pas de l’aura de son épouse et il apprécie modérément de se voir appeler M. Doat !

 

 

 

Ami de Roberto Rossellini

 

Vautrin se considérait volontiers comme un anar de gauche. Pour Anne, c’était un créateur humaniste, éminemment curieux, se nourrissant de tout pour alimenter ses œuvres. Il a profondément aimé la vie et les rencontres. Roberto Rossellini, qu’il a secondé en Inde en 1950, François Mitterrand …Il était aussi admiratif de Céline, Raymond Queneau, Marcel Aymé, Costa Gavras …

 

Parmi la quarantaine de ses œuvres d’écrivain, réalisateur et scénariste, il est difficile d’en distinguer. Pour les films, Anne cite le Diamant de la vie, Adieu l’Ami … Il a eu beaucoup de prix pour ses courts métrages dont le César du meilleur scénario, en 1982. Bien que favori, il échoue au Goncourt, en 1986, avec La vie Ripolin et il en est déçu. Couronné en 1989 avec Un grand pas vers le bon Dieu, il se sent enfin reconnu mais las des médias qui ont envahi sa vie, il se retire en Gironde d’abord à Uzeste, proche de son ami Bernard Lubat, avant de rejoindre Gradignan.

 

 

 

Le fonds de l’artiste

 

Anne s’active à promouvoir l'œuvre considérable de Vautrin. La famille remet le fonds Jean Vautrin à la médiathèque de Gradignan qui porte son nom. En s’appuyant sur son directeur Maxime Roudil et Katia Boucherie, chargée du projet, elle veille à l’avancée de l’inventaire et au classement des documents innombrables remis avant qu’ils soient numérisés, pour les rendre accessibles au public : plusieurs centaines de scénarios, des manuscrits, correspondances, billets d’humeur, BD, collections de photos...

 

Des expositions, des projections de films, des lectures ont lieu à Gradignan et dans plusieurs villes. En 2020, une journée de Lire en poche et une soirée au théâtre des Quatre saisons seront consacrées à Jean Vautrin. Pour se donner plus de moyens, Anne crée une association*** Docteur Herman /Mister Vautrin, pour faciliter notamment l’édition (ou réédition) de ses ouvrages en livre de poche.

 

Le bayou de Vautrin, lieu sacro-saint dans son jardin, cadre propice à son travail d’écrivain, rejoindra-t-il l’enceinte de la médiathèque pour mieux accueillir le fonds de l’artiste ?

 

François Bergougnoux

 

 

 

Pour en savoir plus, consulter : www.mediathequedegradignan.fr

 

* avant d’être Anne Vautrin

 

** adopte ensuite le nom littéraire de Jean Vautrin

 

*** hermanvautrin@zoho.com