J'ai mal à la fête

Quand le roi des forêts arrive en ville.(Photo P. Guillot)
Quand le roi des forêts arrive en ville.(Photo P. Guillot)

Ouf ! Melchior, Gaspard et Balthazar ont terminé leur tournée.

 

On pourrait croire que la fête est finie. Hélas non ! Galettes et brioches « étouffe-chrétien », formule de circonstance dureront jusqu’à la Saint-Valentin ! C’est la revanche des boulangers sur les pâtissiers et confiseurs. On fait semblant de s’étouffer en risquant de se briser une dent sur une horrible fève en porcelaine ou en plastique, représentant la plupart du temps un personnage de Disney Picsar, cette année Stars Wars était à l’honneur. Les louis d’or ou les fèves érotiques dissimulées par de grands artisans parisiens font rêver…On se demande pourquoi cette tradition perdure ? Est-ce le désir caché de porter, durant quelques instants, la couronne ?

 

Attelle les rennes au traineau !

À partir du 15 novembre, talonnant les citrouilles, des montagnes de jouets envahissent les magasins, ainsi que des tonnes de chocolat. Les critères de fraicheur et de qualité sont de deux semaines chez les maîtres-chocolatiers. On est en droit de se demander ce qui les conserve ? Un conseil : achetez dès aujourd’hui les soldes d’invendus pour Noël prochain !

La course à l’achat des cadeaux est un marathon pour les inconditionnels du voir pour acheter. Attention aux retardataires qui ne trouveront pas l’objet à la mode cette année, en rupture de stock, et devront ratisser les boutiques périphériques. Heureux les frappeurs de claviers, assis à leur bureau, qui ne devront se souvenir que des numéros de leur carte de crédit.

Noël est là : pour les croyants la priorité est la messe de Minuit, avancée de quelques heures, pour cause de pénurie ecclésiastique. Qu’importe si Jésus est un peu prématuré…Le repas aura lieu le lendemain midi avec la traditionnelle et sèche dinde aux marrons, suivie de l’indigeste crème au beurre de la bûche.

Pour les autres, sapin rutilant, maison décorée, Père Noël à l’assaut des façades et parfois une crèche…on ne sait jamais, un vieux réflexe d’éducation judéo-chrétienne. La table a mis les couleurs de circonstance, en attendant des mets somptueux à la mode suggérés par les journaux spécialisés et les émissions culinaires. N’oublions pas les chocolats et autres friandises, le champagne et les bons vins.

Avant, pendant pour permettre de digérer ou après, on assiste à la distribution des cadeaux, le bonheur des enfants n’est pas vain. La réaction des adultes est beaucoup plus intéressante ! Joie feinte, déception perceptible. L’énergie, le temps et l’argent dépensés sont rarement en phase avec le goût ou le besoin de celui qui reçoit. Dès demain eBay fonctionnera à plein régime…Quelle belle soirée, le réveil sera difficile mais le citrate de bétaïne remettra tout le monde en forme pour attaquer le déjeuner traditionnel.

 

Aux douze coups de minuit !

Il faudra recommencer dans une semaine. Entre les deux, l’envoi de jolies cartes de vœux aux reliefs brillants d’angelots dans la neige n’a pas résisté. Il est supplanté par d’impersonnels SMS envoyés groupés.

Le réveillon devient une fête d’amis, soit on est invité, soit on reçoit en redoublant d’imagination. Le menu sera original et somptueux.

Huîtres farcies au pissenlit

Foie gras au chocolat

Chapon aux écorces d’agrumes

Légumes oubliés

Sorbets exotiques

On se devra de faire suivre sa bonne humeur et ses cotillons, l’humeur sera joyeuse, aidée par l’alcool qui déridera l’assemblée et déterminera l’ambiance. Bien échauffé, au passage de la nouvelle année, on sera en capacité de se souhaiter tout et n’importe quoi. Festivités qui ne laisseront le lendemain qu’une magnifique gueule de bois, un foie engorgé, une haleine chargée et la tête imitant le pivert. Attention à ceux qui ont oublié de faire le plein, les pharmacies sont en rupture de produit facilitant les digestions difficiles. Et la balance nous narguera en affichant deux kilos…que l’on mettra six mois à perdre.

 

Il n’est pas de bon ton de dire que l’on n’aime pas ces fêtes de fin d’année. Les plus aisés s’échapperont au soleil, les autres iront aux sports d’hiver ; mais le commun des mortels subira la tradition avec plus ou moins de bonheur.

La seule chose dont on est sûr c’est que l’année prochaine on recommencera... ou on subira

Paule Burlaud