Liban, des femmes en révolte

 

En dépassant leurs différences, les femmes du Liban unissent leurs voix contre la corruption et le manque de droits civiques dans leur pays. 

Elles sont chrétiennes maronites, musulmanes sunnites, chiites ou druzes. Elles sont issues des quartiers cossus des villes libanaises, mais aussi des lieux plus populaires où cohabitent familles défavorisées et réfugiés. De Beyrouth à Tripoli, de Saida à Tyr, malgré leurs différences culturelles et religieuses, ces femmes ont fait des révoltes qui secouent le Liban depuis le 17 octobre dernier, leur révolution. 

Le quotidien libanais francophone L'Orient-le-Jour source journalistique de notoriété spécialisée sur le Moyen- Orient, nous apportent des précisions. 

C'est une nouvelle taxe du gouvernement, cette fois sur l'application de télécommunication whatsapp qui a mis le feu aux poudres et qui mobilise depuis plusieurs mois déjà le peuple libanais, pour protester contre un gouvernement jugé depuis trop longtemps corrompu et incompétent. 

Mais ce sont les Libanaises qui ont étonné le monde entier en occupant une large place dans le contingent des manifestants. 

 

Protéger l'unité du Liban 

Les protestations actuelles au Liban se veulent pacifiques mais elles ont réveillé pour beaucoup de douloureux souvenirs, ceux de la guerre civile qui ravagea le pays du cèdre entre 1975 et 1990, opposant alors partis chrétiens et musulmans. 

C'est dans le contexte volatile actuel et parce que plusieurs incidents sécuritaires à caractère religieux ont éclaté depuis le mois d'octobre dernier, que de nombreuses femmes ont décidé de prendre les choses en main et de se mobiliser ensemble, parce que l'unité du peuple est la clé du changement. 

Comme l'explique l'Orient-le-Jour, des mobilisations féminines ont lieu dans plusieurs endroits du pays mais c'est au niveau de la rue Maroun à Beyrouth, endroit tristement célèbre où la guerre civile du Liban débuta le 13 avril 1975 et qui marque aujourd'hui la séparation entre les quartiers chrétien et musulman d'Aïn el Remmaneh et de Chiyah, que s'est organisé un rassemblement hautement symbolique le 27 novembre dernier. Des milliers de personnes étaient présentes, majoritairement des femmes, marchant ainsi pour la paix et contre le confessionnalisme et ses dérives. 

 

Vers un état de droits  

C'est à Tyr, ville principale du Liban-Sud et bastion du parti chiite Hezbollah, que les femmes ce sont également mobilisées. Toujours selon l'Orient-le-Jour, elles étaient plusieurs centaines les 23 novembre et 7 décembre dernier à marcher poing levé contre le système patriarcale qui structure la société libanaise. Dans leurs revendications, elles réclament d'avantage d'égalité entre femmes et hommes, ainsi que la suppression des tribunaux religieux dont les lois varient selon les confessions. Les Libanaises protestent également afin de faire changer la loi d'état qui interdit la transmission de la nationalité par la mère, et demandent à ce que les violences conjugales faites aux femmes soient mieux reconnues par la justice. 

Enfin, le coup de pied donné par Malak Alaywe Herz dans l'entrejambe d'un garde du corps du ministre de l'éducation à Beyrouth au premier jour de la révolution était également un coup de pied contre la discrimination machiste dans la société libanaise. Le geste de cette jeune femme a fait d'elle l'un des symboles de la révolte féminine.

Léa Thomas