Citoyenneté : des jeunes s'engagent

Un  service civique volontaire : l’idée fait son chemin malgré les résistances.

En 1994, trois jeunes femmes créent Unis-Cité pour organiser et promouvoir en France le service civil. En mobilisant les jeunes face aux besoins sociaux et environnementaux, Unis-Cité veut favoriser l’esprit de responsabilité, lutter contre les préjugés, les discriminations et renforcer la cohésion sociale. Mais il faut attendre la suppression du service militaire et surtout les graves émeutes de 2005 dans les banlieues pour qu’un statut du service civil volontaire soit enfin adopté, en 2006, sous la présidence de Jacques Chirac. À peine 3 000 jeunes en bénéficient chaque année alors qu’une classe d’âge en compte environ 800 000.

 

Un nouveau statut

Malgré les obstacles, un nouveau texte vient d’être adopté par le Sénat (discuté en février 2010 par l’Assemblée nationale), créant le service civique volontaire. Ce dispositif est accessible à tous les jeunes de 16 ans et plus, vivant régulièrement en France, quelque soit leur nationalité. Service de six à vingt-quatre mois, il doit s’effectuer dans des missions à caractère social, humanitaire, culturel ou sportif au sein d’associations, de fondations ou de collectivités locales. Une indemnité d’environ 600 euros par mois est prévue pour les moins de 25 ans. Comme l’ancien service civil, le service civique volontaire donne droit à une protection sociale (maladie et retraite) et à une validation des acquis avec une attestation de fin de service. Le dispositif est financé par l’État, les collectivités locales et des entreprises.

 

En Aquitaine

Unis-cité Aquitaine, qui vient de fêter ses trois ans d’existence, se réjouit de ces nouvelles perspectives. Elle encadre aujourd’hui plus de 100 jeunes de tous milieux sociaux dans trois antennes, Bordeaux, Pau et Sud-Gironde : certains ont fini leurs études, d’autres cherchent leur voie. Pendant six ou neuf mois, en équipes de quatre sous la houlette d’un responsable, ils assument des missions auprès de personnes âgées, de handicapés, d’enfants, de personnes démunies… Ils apprennent à travailler en équipe, apprivoisent leur environnement social, reçoivent une formation à la citoyenneté et préparent leur avenir. Pionnière, Unis-cité Aquitaine vient de signer une convention avec une école de management de Bordeaux pour que le service civique soit pris en compte dans la scolarité des étudiants et permettre un réel brassage social. L’idée de valoriser dans le cursus scolaire les compétences acquises pendant le service civique séduit mais les universités et les écoles sont encore réticentes car il faut garantir le sérieux des missions accomplies.

 

L'équipe des Orangeades (Photo M. Depecker)
L'équipe des Orangeades (Photo M. Depecker)

Sur le terrain

Nina, Noémie, Thomas et Amaury, l’équipe des Orangeades, ont deux missions : une fois par semaine, à Villenave-d’Ornon, ils accompagnent un éducateur de l’Association pour le développement de l’éducation physique et artistique auprès de jeunes de 17 à 21 ans, handicapés mentaux. Après quelques semaines de contacts réguliers, ils sont heureux des relations qu’ils ont créées avec ces jeunes, ils essaient de comprendre leur comportement et leurs attitudes afin qu’ils acceptent de participer aux activités. À Blanquefort, ils travaillent avec l’association Meduli nature pour proposer aux enfants des jeux qui les sensibilisent à la protection de l’environnement. Et cet hiver, ils sont allés chaque semaine au Resto du cœur, près de la gare Saint-Jean, pour la distribution de vivres.

Les missions confiées aux jeunes sont très variées : ils deviennent passeurs de mémoires en collectant les souvenirs des personnes âgées, aident des familles à adopter des pratiques écologiques, apprennent aux petits élèves comment économiser l’eau et le papier, les initient à la solidarité internationale avec des écoles sénégalaises, organisent  un nettoyage de plage, créent un jardin d’insertion…

Malgré tout, le service civique doit encore convaincre : l’État se donne comme objectif la mobilisation de 10 000 jeunes en 2010 et à terme 10% d’une classe d’âge soit 80 000 jeunes.

 

Marie Depecker

(février 2010) 

Unis-Cité Aquitaine, 31 Rue des Ayres 33000 Bordeaux
05 56 94 61 34

aquitaine@uniscite.fr