Bigata, artiste voyageuse

Danielle Bigata, devant son atelier à Saucats (Photographie de  F. Bergougnoux)
Danielle Bigata, devant son atelier à Saucats (Photographie de F. Bergougnoux)

 

Dans son dernier ouvrage Face à Faces* Danielle Bigata présente les portraits des personnages marquants des ethnies en voie de disparition, rencontrées lors de ses très nombreuses expéditions.

 

Ce livre est un témoignage poignant de la singularité originelle de ces civilisations en péril, mis en valeur par la capacité artistique et émotionnelle de l’artiste.

Dès l’enfance, Danielle Bigata a été attirée par la rencontre des peuples du monde. Depuis, elle n’a eu de cesse de parcourir les coins les plus reculés de notre terre, en particulier en Afrique et en Amérique centrale.

 

Peintre et sculpteur

Croquer un portrait en un tour de main la passionne depuis toujours, mais, très tôt, elle rêve de devenir peintre et sculpteur. Elle réalise son premier tableau à 12 ans et fait à 17 ans sa première exposition à Arcachon.

« À 22 ans, malgré quelques réussites, il me paraît difficile de vivre de mes toiles. Après quatre années à l'École de Rome de restauration, je choisis, avant de me lancer dans ce nouveau métier, d’aller à Paris faire le portrait des artistes célèbres que je veux présenter aux États-Unis. Mon exposition à New York est une réussite qui me vaut de nombreuses commandes.

Je rentre à Bordeaux en 1970 et crée mon atelier à Mérignac. Très rapidement, c’est le succès. Je travaille dans la journée sur la restauration et le soir sur mes tableaux. En 1987, à l’occasion d’une exposition rétrospective de mes peintures, je constate que mes œuvres sont marquées, par période, par le style de celles que je rénove. Je décide aussitôt d’arrêter pour retrouver ma liberté créatrice et me lancer enfin dans la sculpture. »

Le Pèlerin de Compostelle, à Cayac, Bacchus à Saint-Émilion et bien d’autres sculptures jalonnent le territoire girondin. Seize de ses œuvres sont exposées à l’espace Bigata à Gradignan. Langon héberge la première réalisation majeure du sculpteur, Icare les racines du ciel, réalisée en 1989 dans un bloc de marbre blanc de 2,50 m de haut, choisi à Carrare dans la carrière de Michel Ange.

 

Exploratrice et portraitiste

Danielle Bigata n’a de cesse de partir pour découvrir le monde. Quel bonheur, après des aventures passionnantes mais parfois périlleuses, de retrouver son atelier de sculpture à Saucats où elle s’est installée dans les années 80. Ses voyages répondent à un besoin impérieux de découvrir les peuplades en voie de disparition.

« Depuis mon premier voyage à 20 ans, que de pays visités ou revisités, près de soixante-dix sans doute. J’ai particulièrement aimé le Guatemala, le Honduras, le Zimbabwe où j’ai découvert des sculpteurs de pierre de serpentine, avec qui j’ai travaillé et échangé des savoir- faire. J’ai un souvenir encore plus exceptionnel de l’Amazonie où j’ai été acceptée dans le chabano (immense case commune) par les indiens Yanomamis qui m’ont conviée à goûter leur mets préféré, des mygales, mais aussi de la République Centrafricaine où j’ai rencontré les pygmées avec un guide bantou, le Laos où j’ai pu partager la vie courante des ethnies Yao et H’mong et le rêve de l’inexplicable, du surnaturel approché sur l’île de Pâques avec les Rapa Nui.

J’aurais aimé être ethnologue et je sais me mettre à la portée de ces peuples dits primitifs. J’utilise mon carnet de dessin où je fais leurs portraits pour mieux communiquer. Ces voyages sont rudes mais je m’adapte au dénuement le plus complet parce que je sais que cela ne va pas durer !

J’ai souhaité publier un livre un peu exceptionnel, composé uniquement de la sélection de mes meilleurs dessins de voyages. Il me faut six mois pour « digérer » une expédition, absorber les bruits, les odeurs, les paysages, les personnages…et je réalise parfois une sculpture, un portrait, synthétisant le ressenti de l’ethnie rencontrée, tentant de stigmatiser par le port de tête, l’expression du regard, toute la profondeur de ces personnalités avec leurs différences. »

 

Danielle Bigata peut être fière de sa dernière publication, Face à Faces, composée essentiellement de ces portraits saisissants, enrichis de textes qui contribuent à nous faire partager sa passion pour les peuples rencontrés.

 

François Bergougnoux

juin 2012 

*Face à Faces livre d’art édité par La part des anges éditions 46 rue des Bordes 33500 Libourne, disponible au prix de 33 euros

                       

Livre de Danielle Bigata
Livre de Danielle Bigata