Du neuf au musée

L’histoire récente des mutations de la métropole bordelaise et plus généralement de la région est présentée par le musée d’Aquitaine

De nouvelles salles consacrées aux XXe et XXIe siècles, ouvertes par le Musée d’Aquitaine, proposent une exposition conçue comme une promenade géographique et non plus chronologique, comme pour les salles précédentes. Outre les nombreuses maquettes qui jalonnent le parcours, l’exposition fait appel à un dispositif multimédia important et spectaculaire mêlant textes, images fixes et animées. Il est significatif d’une véritable rupture muséographique.

La promenade est jalonnée par quatre toiles monumentales de 3 m sur 8 m, décoratives et allégoriques, créées par quatre artistes bordelais, pour l’exposition Arts décoratifs de 1925 à Paris : Marius de Buzon, Jean Dupas, François Roganeau et Jean Despujols. Elles illustrent les ressources économiques emblématiques de l’Aquitaine de l’entre-deux guerres : les colonies, la vigne et le vin, la forêt landaise, l’agriculture.

 

Bordeaux entre dans le XXIe siècle

Le visiteur découvre tout d’abord Bordeaux pendant les deux guerres mondiales, puis les transformations de la ville sous l’autorité de ses maires successifs. Adrien Marquet, à qui l’on doit quelques remarquables réalisations comme la Bourse du travail et le stade Lescure. Jacques Chaban-Delmas et plus tard Alain Juppé qui décident d’importants travaux urbanistiques et de constructions immobilières qui modifient profondément la physionomie de Bordeaux et de la métropole. Parmi les plus significatifs, citons : Mériadec, le grand Parc, la caserne des pompiers de la Benauge, l’aménagement des quais, le tram, la Cité du vin, etc.

 

(Omniprésence du fleuve) Le long des deux rives

En suivant le fleuve et l’activité du port, dont la nature et la densité évoluent au fil des années avec la migration des installations vers l’aval, le visiteur explore, sur les deux rives, les vignobles de crus prestigieux et un peu plus loin, sur la rive droite, le cognac. Poursuivant son chemin, il appréhende l’ambiance si particulière de l’estuaire formé par la confluence de la Garonne et de la Dordogne. Les paysages y sont variés avec la présence d’îles, de marais, de dunes ou encore de falaises sur la rive droite, parfois creusées de grottes, dont certaines ont ont été habitées. De nombreux poissons migrateurs, aloses, anguilles, lamproies rythment les saisons et la vie des pêcheurs. La promenade se poursuit par la découverte du littoral de Royan à la Bidassoa, avec la pêche maritime, côtière et hauturière et l’ostréiculture.

 

Dans les terres

Franchissant le cordon dunaire, le visiteur s’immerge dans la forêt des Landes de Gascogne et dans l’arrière-pays aquitain. Plantée par l’homme pour contenir la progression du sable et assainir les marais, elle produit aujourd’hui du pin, largement utilisé en construction, ameublement, emballage et décoration. Plus loin, les territoires régionaux associent des paysages très variés bénéficiant d’un important réseau hydrographique. Ils sont aussi chargés d’histoire dont témoigne une diversité architecturale et patrimoniale.

Une très grande vitrine abrite de nombreux objets encore utilisés dans la première moitié du XXe siècle. Un peu pompeusement, sans doute, appelés Trésors d’Aquitaine, ils témoignent d’une époque révolue, certains néanmoins renvoient à un art de vivre : chasse à la palombe, pêche, cueillette des champignons, etc., d’autres évoquent un héritage culturel toujours actuel : musiques, danses, chants.

 

Raté !

Alors que jusque là la promenade se fait dans des espaces aérés et lumineux, la présentation du secteur aéronautique et spatial, dont l’importance économique n’est plus à démontrer, occupe une surface réduite et mal éclairée. Dommage, pour cet ensemble industriel de premier rang qui produit et entretient de nombreux avions militaires et d’affaire, ainsi que des missiles stratégiques et qui participe largement au programme Ariane.

 

Roger Peuron