Des transports gratuits, une bonne idée?

Quelques villes comme Libourne, Châteauroux, Aubagne, Vitré…ont adopté avec succès la gratuité totale des bus. Un modèle à suivre ?

 

À l’heure des campagnes pour protéger l’environnement, c’est une idée séduisante. Moins de voitures en ville, de pollution, d’insécurité pour les cyclistes et les piétons, finis les énervements dans les embouteillages. Terminées aussi les colères contre ceux qui ne payent pas le bus ou le tram. Tous, les gens modestes, les personnes âgées, les salariés, les jeunes auraient désormais le choix de venir en ville, de circuler partout, d’aller travailler facilement et en laissant la voiture au garage. Est-ce bien raisonnable ?

 

Plus négatif que positif ?

Quelle est cette gratuité dont on nous parle ? Tout transport a un coût. Actuellement, les usagers financent avec leur ticket environ 20% des coûts d’investissement et d’exploitation du réseau ; 80% sont donc à la charge des collectivités locales, financés par l’impôt (notamment la taxe transport payée par les entreprises). C’est déjà un service public presque gratuit souvent pris en charge partiellement par l’employeur. La gratuité totale priverait les villes de recettes au détriment peut-être de l’amélioration du réseau. Faudra-t-il alors augmenter les impôts locaux ?

Le service serait certes le même pour tous mais le système payant a le mérite de pouvoir avantager les plus modestes par exemple. D’autre part, la gratuité éloigne les citoyens de la réalité des coûts et réduit la possibilité de contestation puisque c’est gratuit, vous n’avez rien à dire. Ce qui est gratuit a peu de valeur, alors pourquoi le respecter ? Dégradations, refuges pour les SDF peut-être.

 

Changer les habitudes

Les gens vont-ils se mettre à monter dans le bus massivement parce c’est gratuit ? Rien n’est moins sûr. Un ménage moyen dépense beaucoup plus pour sa voiture individuelle que pour les transports collectifs. Le défi est donc de l’inciter à déplacer son budget consacré à l’automobile vers le bus le tram ou le train. Pour cela il faut revaloriser l’image des transports en commun, améliorer la qualité du service, la densité du réseau. Les citoyens aiment leur voiture, c’est un espace privé confortable avec chauffage, musique ou silence, propreté…Il est difficile de changer ses habitudes. La question du prix est finalement assez secondaire au moins pour les transports urbains. Il faut avant tout que les transports soient nombreux, fréquents, pratiques et confortables. Bordeaux est parfois cité en exemple au moins pour son tram.

Convaincre l’usager que le bus ou le tram, c’est mieux et moins cher pour lui, pour sa ville, pour l’environnement que la voiture est sans doute la voie à suivre.

 

Marie Depecker

et l'atelier de journalisme

 

À Bordeaux, on peut combiner tram, bus, vélo pour renoncer à la voiture              (P. Guillot)