Voir et montrer

Un atelier de photojournalisme, dont l’un des objectifs est de fournir des photographies pour illustrer L’Observatoire, le bimestriel produit par l’atelier de journalisme, fonctionne au sein de l’UTL. Rencontre.

Goupe de photojournalistes, à gauche le professeur E. Thiallier (Photo C. Mouret)
Goupe de photojournalistes, à gauche le professeur E. Thiallier (Photo C. Mouret)

Un vendredi sur deux, ils sont six : Bernard, Carmen, Catherine, Dafydd, Jean-Jacques et Michel à se réunir, rue Lafayette. L’enseignement est dispensé par Élisabeth Thiallier, qui anime depuis cinq ans tous les ateliers « photo » proposés par l’UTL, que se soit la prise de vue, le tirage en noir et blanc ou encore le traitement des photographies numériques et, depuis quelques mois, le photojournalisme.

Les peintures rupestres des grottes de Lascaux remontent à plus de 20 000 ans, la naissance de l’écriture chez les Sumériens date de 5 000 ans et il faut attendre le VIIIe siècle après J.-C. pour qu’apparaissent les chiffres arabes. Ces quelques dates marquent bien l’antériorité de l’image sur l’écriture et son importance. Image, qui depuis le début du XIXe siècle, est souvent une photographie. « C’est un média très démocratique, même s’il est encore assez onéreux. Il était donc important que cette discipline existât au sein de l’UTL et il était bon de la développer, c’est ce à quoi je me suis employée », précise Élisabeth.

 

Aimer la photographie

Après de nombreuses années de pratique, ils avaient un peu l’impression d’avoir fait le tour de la question. « Je fais de la photo depuis plusieurs dizaines d’années, mais je ne m’étais jamais posé la question : “ pourquoi je fais des photos ? ”, jusqu’au jour où je me suis aperçu que je tournais en rond, que je n’évoluais plus. » déclare l’un d’eux, qui poursuit : « Je me suis alors inscrit en 2005 à l’atelier de prise de vue. Ce qui m’a amené à réfléchir à l’importance de la photo, à comparer ma production à celle des autres participants et ainsi à progresser ».

Un autre confirme : « Je fais de la photo depuis plus de 40 ans, mais toujours en solitaire, dans ma famille j’étais le seul à m’y intéresser. Je faisais des photos uniquement pour moi, ce qui est assez frustrant. »

Autre propos : « J’ai toujours beaucoup aimé faire des photos, mais je manquais de technique et j’avais besoin de comprendre pourquoi j’obtenais tel ou tel résultat, aussi je me inscrite au premier cours d’Élisabeth, il y a cinq ans. »

Les trois autres participants partagent ces approches et ont éprouvé les mêmes difficultés.

 

Rendre compte

Comme la plupart des photographes amateurs, ils se contentaient de photographier ce qu’ils avaient sous les yeux, sans véritablement choisir un sujet. Ils ont donc opté pour une autre façon de photographier.

Pour Élisabeth l’intérêt du photojournalisme et de « Comprendre et rendre compte par la photo d’un événement. C’est un très bon exercice pour apprendre à utiliser toutes les possibilité de la prise de vue, car vous êtes obligé de répondre à une commande, de travailler sur un sujet que vous n’avez pas choisi et qui ne vous plait pas obligatoirement. »

« Travailler sur des sujet imposés, auxquels je n’aurais probablement pas prêté attention ou que j’aurais jugé sans intérêt, me convient car je suis amené à réfléchir sur la façon d’aborder chaque reportage, de choisir la technique à mettre en œuvre, de rechercher des meilleurs angles de vue. », précise l’un des photojournalistes. Mais ce n’est pas toujours facile, « Je mets un certain temps à m’approprier un sujet, à m’en imprégner », précise un autre.

« Lors d’un reportage où journaliste et photographe sont tous deux présents, il est souhaitable de tenter la symbiose entre les deux et d’établir une relation de confiance avec les personnes rencontrées. Je croyais cela très difficile à réaliser. Mes premières expériences m’ont montré qu’il était possible d’y arriver. Par ailleurs, la diversité des sujets que nous avons déjà traités est très enrichissante. », souligne un troisième.

Lors d’un reportage, il est nécessaire généralement d’aller vite, ce qui n’exclut pas de veiller à la composition de la photo, à l’éclairage afin de mettre en valeur le sujet, à rechercher la bonne place pour faire la meilleure photo. Toutes ces réactions réflexes s’acquièrent à partir d’une bonne connaissance de la technique et de la multiplication des travaux sur le terrain. 

 

 

Roger Peuron

(Février 2007)