Quand Freddy Thomelin raconte...

L’Observatoire a reçu Freddy Thomelin, journaliste globe-trotter, ancien directeur de France Bleu Gironde et cofondateur de France Info.

 

Dans la Bretagne des années 50, un garçon d’origine modeste devient prêtre ou marin : Freddy rentre au petit Séminaire à dix ans puis s’engage sur un chalutier à quatorze, croyant y trouver l’espace et l’air qui lui manquent tant ! La vie en fond de cale reste désespérante mais deux rencontres, un zeste d’inconscience et beaucoup de culot le mèneront par de nombreux chemins au sommet de sa carrière.

À 14 ans, Freddy Thomelin traîne sans but ni domicile sur les quais de Saint-Malo. Il y croise un instituteur qui lui fait suivre des cours du soir et Serge le cycliste qui le met en selle pour gagner son premier salaire. Un journaliste, venu couvrir un critérium local lui remet un carnet et un crayon avec la mission de noter les exploits du jour. Ne voyant pas revenir le journaliste, Freddy s’empare de l’opportunité et rapporte le carnet d’un coup de pédale à Ouest France signant ainsi le compte rendu de l'épreuve à l’insu de son plein gré.

 

La réponse sera oui

Jacques Izambard, patron de Ouest France dans les années 60, intrigué par ce quiproquo cyclo-journalistique le convoque. Après une sérieuse explication de texte, il le prend sous son aile, lui donne gîte, couvert et confiance en lui. À partir de là, à la question : « Est-ce que vous savez ou pouvez faire ça ? » la réponse sera oui.

En 1967, avec le camarade de chambrée Michel Denisot, Freddy assure la couverture du mois de mai 68 pour Ouest France, des deux côtés des barricades. Début 1970, après l’armée, Freddy s’improvise commentateur sportif pour l’ORTF. Toujours curieux, il est attiré par l’annonce d’un poste en Guyane sur le tableau syndical : c’est pour lui ! Peu importe que le cargo bananier le débarque aux Antilles, le prochain plein de crevettes l’amènera en Guyane. Après tout, Freddy Thomelin est aussi marin.

 

« Le manque de chance est une faute professionnelle »

Freddy parcourt le monde et ses conflits pour l’ORTF. Il ira tour à tour aux Comores, en Rhodésie, Afrique du Sud, à Madagascar, Djibouti, la Réunion puis Saint Pierre et Miquelon ou en décembre 1976, FR3 lui propose d’installer la TV en couleur via les satellites canadiens. Les actualités sont plus fraîches que celles arrivées de la Métropole par bateau avec des semaines de retard. Plus tard, au sein de Radio France, Freddy crée avec Daniel Hamelin le programme local France Bleu. Puis il devient rédacteur en chef à France Inter. Avec Jérôme Bellay, il part aux EU à la découverte d’une radio d’actualités instantanées qui les enthousiasme. Le 1er juin 1987, l’arrivée de France Info sur les ondes françaises bouleverse le paysage médiatique et déchaîne l’hostilité des traditionnels journaux d’opinion aux méthodes codifiées et rigides qui font intervenir, techniciens, monteurs et dactylos de presse.

 

Priorité au terrain

À ce jour, France Info, alimentée, notamment par le réseau des 52 radios locales de France Bleu

ainsi que par les correspondants mondiaux de Radio France Internationale (RFI), couvre de 5 h à 23 h, toutes les news en temps réel dans le monde entier. Le métier évolue, le journaliste devient seul maître à bord avec une palette de compétences élargies. La priorité est au terrain. Les reporters, avec beaucoup moins de techniciens, assurent l’intégralité du direct. Les sources d’information sont soigneusement vérifiées, selon avec obligation de partager et croiser les faits. Toute source non professionnelle est enregistrée en prévention des risques de manipulation. Être journaliste reste un vrai métier. La multiplicité des médias français est une véritable richesse. Tous les jours, l’auditeur a la chance de pouvoir choisir sa grille de programmes en fonction de sa sensibilité et de son humeur du moment. Nos journaux écrits et parlés sont le seul bouclier face aux débordements des réseaux sociaux.

 

Édith Lavault et Nicole Cherimbaud