Journalisme vivant

Quand un village devient une rédaction à ciel ouvert

 

Rassembler des témoignages du monde entier durant trois jours, c’est le pari lancé par les revues XXI, 6 Mois, Harper’s Magazine, Internazional et Reportagen, à travers des ateliers à Couthures sur Garonne.

 

Quelle organisation !

Souvenez-vous de l’alléchante accroche d’un article dans le dernier numéro de L’Observatoire : « Et si vacances au bord de l’eau rimaient avec autre chose que soleil et chapeau ». Pari tenu, le 29 juillet, top départ de la première édition du Festival du journalisme vivant. Le soleil est présent et les chapeaux indispensables.

Malgré le contexte sécuritaire ambiant, l’événement aura lieu. Quelques jours avant, le préfet interdisait la manifestation dans les séchoirs à tabac disséminés. Qu’importe, le festival se replie au cœur du village. L’important dispositif de sécurité renforcée n’entrave pas la bonne humeur. Sans oublier le parrain de cette première édition, le troubadour-rappeur des rimes et des mots, MC Solaar.

L’hébergement est assuré dans un champ de tentes, cabanes et tipis multicolores. Sur le chemin de la restauration, on peut admirer les photos d’Olivier Jobard et de Philippe Guionie. Un traiteur et des producteurs locaux assurent du bon et du frais. Pas d’argent dans l’enceinte du festival, des jetons (boutons) sont vendus à l’entrée.

Ateliers proposés

Des journalistes de la presse écrite, des reporters, des photographes, des écrivains ou des anonymes, là au bon moment nous font partager leur vécu à travers conférences, interventions, lectures, théâtre, concerts, projections, expos. C’est un foisonnement de sujets, destinés à un public hétéroclite.

 

– Les révolutions alimentaires : du champ à l’assiette, l’industrie tient aujourd’hui l’essentiel de la chaîne alimentaire. Comment retrouver de vrais paysans ? Sauver nos semences ? Cultiver nos jardins ? Bien se nourrir ? Retrouver du sens entre la fourche et la fourchette ?

 

– Changer la prison : l’enfermement va de soi quand il s’agit de punir. Pourtant, des alternatives existent, avec des résultats et des taux de récidives étonnement bas. BD et ateliers d’écriture à Fleury, une île aux prisonniers en Norvège, comment survivre à Guantanamo, prisons ouvertes, atelier radio aux Baumettes…

 

Participer : de la coéducation aux paniers de l’AMAP, de l’habitat participatif aux plates-formes de partage, les initiatives se multiplient. Quelles sont les plus prometteuses ? Promesses et embûches de l’économie collaborative. Quand les patients font bouger la médecine…

 

– Décrypter la terreur : Au lendemain des attentats du 13 novembre, la France sidérée apprend qu’elle vient d’entrer en guerre. Passée la stupeur, reste l’état d’urgence. Quel est le bilan de ces mesures d’exception ? Qui sont les jeunes qui rejoignent les rangs de l’État islamique ? Comment travaillent les services de renseignements pour contrer la menace ?

 

– Les dérangeurs : Refuser la corruption dans la Russie de Poutine. Empêcher de banquer en rond. L’info qui dérange : le médiator, le génocide des Tutsies, pressions, menaces, violence, comment vivre avec ? Les scoops de Médiapart…

 

– Les frontières et les hommes : Poussés par la guerre, la crise, la faim, la soif, des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants quittent chaque année leur pays pour tenter une nouvelle vie ailleurs. Mais dans le monde globalisé, les portes se couvrent de verrous, les murs s’érigent sur terre et dans les esprits…

 

– L’Iran dévoilé : Ouvert au tourisme, pays où il est question de politique inquiétante, de pendaisons publiques, de prêches misogynes, mais aussi de jeunes filles à l’université, de pistes de ski prises d’assaut, de vin, de chair, de jeans, de boites de nuit et de rhinoplastie…

 

La petite rédac’ : Les enfants passionnés, derrière un appareil photo, une caméra, des feutres et des pinceaux, peuvent enfiler le costume de mini-reporters.

 

L’Observatoire a eu sa minute de gloire, grâce à notre découvreuse de l’événement, chez ARTE radio, en trouvant le titre d’une émission inédite – L’amour en cage– affaire à suivre.

Pas très organisés, nous avons sans doute raté quelques moments majeurs, dont les soirées. La tête des noctambules attestait qu’il est indispensable de joindre le festif à la culture.

Rendez-vous pris, pour la seconde édition mais… avec un siège pliant.

 

Paule Burlaud