Le café des chats

Une enseigne assez banale, mais en s’attardant devant la vitrine du lieu, votre œil est attiré par tous ces félins qui se déplacent dans la salle du restaurant.

 

On y pénètre par curiosité : ici c’est le royaume des chats ; Jany et Claire, deux amies, intriguées, décident de venir y déjeuner avant d’aller au théâtre Bastille. L’endroit est sobre mais spacieux. Elles sont accueillies par une jeune fille affable qui, avant de les placer explique les règles précises du lieu : «  Si les chats font la sieste, ne pas les réveiller, ne pas les nourrir, même pas leur donner un petit morceau ; ils mangent uniquement des croquettes de qualité. » Déjà un matou au poil noir brillant, aux yeux verts, vient les surprendre, attend-il une caresse ? Mais l’animal s’installe dans un couffin à proximité. Elle poursuit son discours : « Surtout ne pas faire de photos avec flash. » Elle leur donne un produit pour se laver les mains, les amène à une table avec vue sur l’extérieur.

 

Le refuge

La carte les attend, classique avec le burger végétarien. Ce n’est pas un restaurant gastronomique mais les produits sont frais, maison, les salades excellentes. Le burger aux aubergines, un délice. Pendant le repas un chat moucheté de gris est attiré par les mets dans l’assiette mais il semble comprendre qu’il n’est pas autorisé à y mettre son nez. Les chats sont en liberté ; rois, ils s’installent sur les meubles, l’un dort sur une armoire, un autre se prélasse sur un piano, comme des peluches. L‘endroit est relaxant, il se dégage une ambiance paisible grâce au calme olympien de ces locataires. Une femme arrive avec ses deux enfants, fascinés : pas un mot plus haut que l’autre.

Les chats viennent de refuges, l’hygiène est parfaite : pas un poil ne traine, juste une légère odeur sous l’escalier. Préférable de se restaurer plus près des vitres. Une fontaine d’eau fraiche trône au fond de la salle. On compte une douzaine de ces petits, ils sont espiègles, ont leur jouet. Leur histoire est expliquée sur une fiche avec pedigree et provenance.

 

Relaxation

Jean-Yves Gauchet, vétérinaire à Toulouse écrit : « La ronron-thérapie apaise et agit comme un médicament, sans effets secondaires. Elle permet d’évacuer stress, insomnie et anxiété. Le chat émet des vibrations sonores apaisantes qui procurent des pensées positives transmises à notre cerveau. Donc, une capacité à absorber les ondes négatives, d’apporter une production de sérotonine dans le corps, hormone dite du bonheur. Les chats errants ou délaissés sont accueillis ; ce café permet de leur donner un nouveau foyer. Ils sont recueillis, stérilisés, vaccinés avec une mutuelle vétérinaire. La direction travaille en collaboration avec des associations de protection animale. Le service de la DDP* pour la sécurité alimentaire et l’hygiène, la direction de la protection animale ont validé le projet.

 

Race et originalité

Un employé des lieux présente les petits animaux avec leur particularité :

« Ils ont chacun leur caractère. Ici un British shortï très doux avec sa tête ronde et ses grands yeux ronds nous observe. Là un siamois, originaire de Thaïlande, d’humeur instable et capricieux, adore se balader avec son jouet dans la gueule ; le persan, installé sur le piano, a un aspect royal avec son magnifique long poil, ses yeux ronds espacés lui donnent un regard expressif ; il est très prisé par l’aristocratie européenne. Et ici le bengal, caractérisé par sa fourrure de petit félin. Puis le ragdoll, originaire des États-Unis ne peut se passer de compagnie. Le sacré de Birmanie est très affectueux, calme, n’aime pas le bruit. » Ces animaux semblent tous plus ou moins léthargiques, comme un peu blasés. Sans doute, très sollicités par les clients.

Le café des chats : un concept qui vient droit du Japon. À côté de la table de Jane et Claire, Hiro, jeune photographe est envoyé par le ministère de la culture pour ramener des instantanés : il cherche la scène inédite du chat en mouvement. Une partie du bénéfice du café est reversée à la protection féline. Malgré certaines associations moralisatrices invoquant la récupération de ces animaux à des fins de profit, c’est une idée chouette d’offrir un endroit sympa à des chats qui, autrement, vivraient en refuge.

 

Elisabeth Cadilhon