Un vin, un goût une histoire

La reconnaissance des vins nécessite une bonne mémorisation de leurs caractéristiques visuelles, olfactives et gustatives.

Marie-Laurence Porte en dégustation pour Hachette
Marie-Laurence Porte en dégustation pour Hachette

Avoir la capacité de reconnaître les vins fascine notre imaginaire. Comment identifier leurs terroirs et même différents châteaux de la même appellation ? Cela passe par la mémorisation de leurs caractéristiques organoleptiques et une bonne capacité mémorielle. Un travail d’acquisition de connaissances est requis ainsi qu’une pratique régulière de dégustations, encadrée par des spécialistes.

Marie-Laurence Porte, œnologue reconnue, rencontrée au cœur des Graves à Léognan, livre son expérience. 

 

Experte en dégustation 

Quelle satisfaction d’échanger avec Marie-Laurence. Dotée d’un dynamisme et d’une passion manifeste, ses propos étayés et pédagogues, résultant de 20 ans de pratique, sont appréciés par ses interlocuteurs. Elle précise : « Après une maîtrise de biologie, j’obtiens en 2001, le diplôme national d’œnologie à la faculté de Bordeaux. Je m’engage aussitôt comme ouvrier viticole en Alsace pour avoir une approche concrète du terrain. Mon expérience se poursuit ensuite dans cinq vignobles bordelais, sur des domaines complémentaires : travaux de la vigne, suivis de vinifications, analyses de vins, dégustations… En 2007, je suis engagée par Enosens1 comme conseillère œnologue et j’assure actuellement un suivi de 43 propriétés viticoles. »

Elle porte un intérêt particulier aux séances de dégustation qui demandent beaucoup de rigueur mais aussi de modestie. Il n’est pas rare dans une séance à l’aveugle de voir un producteur, croyant bien reconnaître son vin, le noter différemment lors de dégustations consécutives ! À 34 ans, elle pose sa candidature comme membre de jury international. Retenue aussitôt, elle poursuit cette activité, riche de connaissances. 

 

Senteurs et saveurs

Pour Marie-Laurence « chaque vin, par ses spécificités, porte en mémoire son histoire résultant des types de sol, des cépages, de la conduite de la vigne, de la vinification et de l’âge. La dégustation permet, pour les plus expérimentés, d’en retrouver l’origine. Pour les consommateurs qui veulent acquérir un savoir-faire, je conseille l’ouvrage Le Nez du vin avec un coffret de différents arômes et l’initiation à la dégustation avec le CIVB**, à la Cité du vin. »

Pour le déguster, l’apprécier d’abord visuellement. Par exemple, un rouge avec des nuances violacées est jeune. S’il présente des reflets tuilés, c’est un vin vieux. Apprécier ensuite les arômes, d’abord les parfums fruités, vanillés, boisés… avant de libérer d’autres senteurs. Pour finir, ressentir les saveurs gustatives, en faisant circuler le vin dans le palais. On relève des bouquets significatifs de son histoire.

Comparons maintenant deux vins appréciés de l’appellation Pessac rouge. Un Carbonnieux avec une gamme variée de sols, donne un vin très harmonieux, long en bouche avec un tanin élégant et un côté boisé, grillé toasté. Haut Bailly cultivé sur un sol argileux graveleux, donne un produit plus ample, plus structuré, moins boisé avec des senteurs fruits rouges.

Pour les vins blancs liquoreux, confrontons les caractéristiques du Sauternes de La Tour Blanche à celles de Sainte-Croix-du-Mont de La Rame. Ce dernier a une palette allant des fruits frais aux fruits confits. Il dégage une fraicheur et il est moins sirupeux, en lien avec son sol calcaire. Le Sauternes a plus de valeur en bouche, il est plus liquoreux et plus boisé.

Quel plaisir de se créer un album mémoriel des vins dégustés, pour mieux les savourer.

François Bergougnoux

 

* Enosens : Centre de conseil œnologique de Cadillac qui assure le suivi technique d’une vingtaine d’appellations. www.enosens.fr.

** CIVB Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux 

 

Séance de dégustation pour sélectionner des vins à présenter à un concours
Séance de dégustation pour sélectionner des vins à présenter à un concours