Des souris et des hommes

Des collectionneurs d'ordinateurs souhaitent créer un mudée de l'informatique. Mais trouver des locaux disponibles s'apparente à la recherche du Graal.

S’il est un lieu où la mémoire tient une place particulière, c’est bien un musée. S’il est une technologie où la mémoire est une nécessité, c’est bien l’informatique. Deux Bordelais, Jean-Robert Bos et Olivier Boisseau, cherchent justement depuis des années, chacun de leur côté, avec plus ou moins de réussite, à mettre à la disposition du public un lieu interactif et ludique qui présenterait l’évolution de l'informatique au cours des quarante dernières années 

 

Réduit en cendres

Basé à Andernos, Jean-Robert Bos a longtemps travaillé comme ingénieur système au Conseil départemental. Tout au long de sa vie, il a récupéré les ordinateurs dont les membres de son club informatique se débarrassaient. Il a ainsi organisé des expositions autour du Bassin d’Arcachon où les visiteurs pouvaient s’amuser avec des jeux vidéo. Mais, en 2016, coup du sort, le local où il stockait son matériel est victime d'un incendie (Sud Ouest du 5 juillet 2017). Tout est alors réduit en cendres. Pour pallier cette perte, il crée une page Facebook avec les photos de ses appareils et de ses expositions. À la suite de quoi, il essaye de contacter les diverses collectivités du Bassin pour remonter un musée, mais sans aucun succès. Il avoue : « Je suis en sommeil, je baisse les bras, d'autres acteurs émergent. Je ne veux plus m'en mêler et je suis prêt à leur faire don des pièces qu'il me reste et de ma bibliothèque. »

 

De Charybde en Scylla

Voilà qui pourrait intéresser Olivier Boisseau qui se livre à un autre parcours d'obstacle. Ingénieur informatique au Comité départemental du tourisme de la Gironde et président de l'association Musée Replay, Olivier Boisseau est passionné d'histoire et d'archéologie avec un goût prononcé pour la médiation. Il souhaite créer, non pas un musée rappelant, dit-il, « que les objets inanimés n’ont pas d'âme », mais « un lieu d'interaction homme/machine » ; un endroit « de partage et d'échanges intergénérationnels, de transmission de l’histoire, de la révolution qu’a apporté l'ordinateur dans nos vies. »

Dans un premier temps, on lui propose de venir s'installer à la Cité numérique de Bègles qui voulait faire venir des acteurs culturels pour faire un Darwin numérique, allusion au lieu installé rive droite. Les contraintes financières imposées par les décideurs le conduisent à abandonner sa participation.

Darwin lui propose une solution de repli qui lui permet de mettre son matériel à l’abri. Malheureusement les problèmes de gestion des espaces entre Darwin et la Métropole l’obligent à chercher une autre solution.

C'est alors que la Communauté de communes de Montesquieu vient le démarcher pour qu’il s’installe à la Technopole de Martillac. Un hangar provisoire l’accueille en attendant la construction du bâtiment définitif. Hélas, la Covid ajoutée à des changements à la tête de la Communauté font que le projet est abandonné. Retour à la case départ. 

Une année de sursis et il trouve enfin un local que le bailleur social Aquitanis met à sa disposition pour un loyer modeste. Il dispose maintenant d'un délai de trois ans pour trouver une solution pérenne.

Il ne reste toutefois pas les bras croisés puisque tout en gérant ces crises successives, il organise des expositions itinérantes, dans les centres de loisirs, les médiathèques et participe à des animations à Cap Sciences.

 

La solution...

Et maintenant ? Si les collectivités semblent désormais convaincues de la pertinence d'un tel projet, sa concrétisation se heurte dans la métropole à l'absence de locaux disponibles. Pour Olivier, la solution serait le mécénat qui évite les changements de politique des villes et des communautés de communes. Il reconnaît lui-même qu'il n'est pas le meilleur des commerciaux quand il s’agit de présenter qualitativement son projet. Les articles de Sud Ouest (4 janvier 2022) et même un sujet réalisé par LCI pourront peut-être trouver un écho chez un financeur potentiel. Et donner à l’histoire de l’informatique une place digne de l’importance qu’elle a prise dans nos vies.

 

Bernard Diot