Fleurs d'ici

Toutes les photos sont de D. Sherwin-White

Une ferme florale bio est installée aux portes de Bordeaux et sa production de fleurs fraîches et odorantes est distribuée en circuit court

par Jeanine Duguet 

 

À quelques encablures de Bordeaux, la ville de Blanquefort a donné à Gabrielle Brault et Pauline Érard l’opportunité de créer la ferme florale Terriennes. C’est le résultat de la réunion de deux entreprises, Fleurs d’Aquitaine et Sème et d’une passion commune pour la culture de la fleur coupée en bio.

C’est tout au bout d’une route étroite, dite avenue de Tanaïs, que l’on peut découvrir les deux associées ainsi que deux stagiaires, bottes aux pieds, en plein travail dans les champs. La ville de Blanquefort leur a octroyé en fermage un terrain meuble de 1000 m2 clôturé et sur lequel se trouvent quelques serres. Peu de fleurs encore en cette saison sinon des narcisses et des anémones aux délicats pétales colorés. Le mois de mars est surtout celui où l’on prépare la terre pour recevoir ensuite les nouvelles plantations.

 

Certification bio

Ici, aucun intrant chimique n’est utilisé. Le sol est enrichi uniquement au compost et il demande, cette année, au bout de trois ans de culture, d’être enrichi en azote. Les plates-bandes qui attendent les futures plantations sont pour l’instant bâchées afin d’éviter l’enherbement. Sous serre, on découvre des casiers en hauteur. Certains reçoivent des plaques à semis alvéolées comportant du terreau dans lequel sont placées des graines soigneusement sélectionnées pour leur qualité. Un câble chauffant, situé en dessous, en active la pousse. Au bout de 4 à 6 semaines, les jeunes plants suffisamment grands peuvent être repiqués selon les variétés, en tunnel ou en pleine terre. L’irrigation, maitrisée grâce au goutte à goutte, contribue à la préservation de l’eau. Ce véritable havre de biodiversité où les fleurs s’épanouissent en plein champ, en compagnie des abeilles et autres pollinisateurs, lui a valu la certification Agriculture biologique par Ecocert1.

 

Circuit court

Il faut savoir que 9 fleurs sur 10 proposées chez les fleuristes proviennent de l’étranger : Kenya, Équateur, Hollande. Ces derniers ont un art tout particulier pour regrouper les achats de différentes provenances et les distribuer ensuite un peu partout dans le monde. Ces fleurs gardées dans des frigos, peu odorantes, standardisées tiennent dans nos vases très peu de temps. Chez Terriennes, la distribution en circuit court fait partie de la démarche environnementale. Les fleurs coupées le soir sont distribuées le lendemain par la Ruche qui dit oui, le Drive fermier, les Serres de Montesquieu. Fraîcheur, arôme, qualité assurée. Quelques événements dans l’année sont organisés, comme, les ateliers « cueillette » où l’on apprend lors d’un après-midi ou une soirée à choisir ses fleurs pour composer un bouquet unique. L’offre du seau pour les mariages : les futurs mariés choisissent la couleur dominante, cueillent les fleurs appropriées et repartent avec un ou deux seaux pleins de fleurs odorantes.

 

1 Ecocert est un label d'agriculture biologique délivré par un organisme indépendant. 

 

Une même passion.

Ni l’une ni l’autre ne viennent d’un milieu agricole. Gabrielle abandonne le milieu du tourisme pour travailler dans différentes fermes agricoles. Sa rencontre avec des floricultrices lui donne tous les atouts pour créer la ferme florale Fleurs d’Aquitaine à Libourne. Son but :  valoriser des variétés délaissées et privilégier la distribution en circuit-court. Après plusieurs expériences dans l’urbanisme, Pauline, elle, rentre à l’école des fleuristes de Paris où elle découvre le milieu de la fleur coupée et son impact sur l’environnement. De retour en Gironde, elle créé un atelier floral, l’Atelier Érard, ce qui l’amène très vite à vouloir cultiver elle-même ses propres fleurs, les odorantes, les délaissées, et, sur sa lancée, elle crée l’exploitation florale Sème. Mises en contact par la chambre d’agriculture, elles travaillent ensemble sur différents événements pendant un an. En 2020 la ville de Blanquefort proposant à Pauline un terrain grand comme leurs deux exploitations, elles s’associent et fondent Terriennes.