Plus près plus frais
Les nouvelles fermes proposent aux portes de Bordeaux des produits frais, bons, sans pesticide et cultivés en aquaponie.
Par Pierrette Guillot.
À Lormont et Mérignac, à proximité immédiate de Bordeaux, des exploitations d’un nouveau genre permettent de produire sous serre, en « aquaponie » qui combine aquaculture (élevage des poissons) et hydroponie (culture des végétaux hors sol).
Ferme école
Initiateur du projet, Thomas Boisserie raconte : « Cette serre a été imaginée dès 2019. Cet espace de 1000 m2 est loué à Bordeaux Métropole. Le terrain était formé de remblais avec des métaux lourds, on ne pouvait l’utiliser en agriculture classique. On décide donc de pratiquer l’aquaponie : une technique venue de l’Amérique précolombienne qui faisait l’élevage des poissons et utilisait leurs déjections pour la meilleure pousse des légumes. En Asie aussi ils font vivre les canards dans les rizières, pour un meilleur rendement.
La serre est conçue avec double parois de plastique où circule de l’air, la température y est inférieure de 5 degrés par rapport à l’extérieur. Si on avait utilisé du verre, plus écologique, les prix auraient été trop élevés ! Des jeunes plantes, des salades prêtes à être vendues, des fleurs, des aromates, c’est la production de cet hiver. Les racines plongent dans l’eau. On peut cultiver tous végétaux par cette méthode mais on n’a choisi ce qui est rentable. Une seule personne salariée travaille ici. Cette ferme est une école prototype qui a permis la création de celle de Mérignac, cinq fois plus grande, mais aussi d’entreprendre des recherches avec les scientifiques de l’INRAE1 et d’organiser des formations de stagiaires en reconversion. »
Économie d’eau
Dans la partie réservée à élevage des truites, il est nécessaire de tremper ses chaussures pour les désinfecter. De grands bacs cylindriques, remplis d’eau de la ville sont noirs, les truites arc-en-ciel n’aiment pas la lumière. Elles restent au bas de la cuve et se précipitent à la surface dès qu’on jette quelques croquettes (d’origine végétale et animale). Une circulation d’air permet l’oxygénation. De nombreux tuyaux mènent cette eau aux cuves de filtration. Le bac de récupération des boues est une grande cuve de quatre mètres de haut, en partie enterrée. Les bactéries vont digérer l’ammoniac toxique, présent dans les déjections des poissons et seuls les nutriments dissous seront utiles pour les plantes. Cette eau est sans cesse réutilisée filtrée par les racines et renvoyée purifiée aux poissons. Ainsi on arrive à économiser beaucoup d’eau !
100% naturel
Ils sont cinq amis et associés qui ont créé Les nouvelles fermes. Thomas est l’initiateur, Laura Gaury dirige la ferme de Lormont, Édouard Wautier celle de Mérignac. Actuellement ils sont 27 collaborateurs qui contribuent à la réussite du projet. Ils rassemblent compétences, énergie et bonne humeur pour rendre accessible au plus grand nombre une alimentation saine et durable. Sont produit dans les deux fermes, salades, herbes aromatiques, fleurs comestibles demandées par les restaurateurs, comme capucines et bourraches. Pour compléter le panier vendu chaque semaine, les fournisseurs partenaires, tous proches de Bordeaux produisent en bio, pommes grenailles, carottes, potirons etc…C’est super pratique, livraison directement chez vous en quelques clics sur lesnouvellesfermes.com. On peut aussi retirer les commandes le mercredi, dans les points de vente. Les salades ayant toujours leurs racines, sont à plonger dans l’eau dès réception et continuent à vivre. Parce qu’elles sont cueillies au dernier moment, les herbes aromatiques sont vendues aussi odorantes que si elles avaient été ramassées dans votre jardin. Laura précise : « C'est 100% naturel ! Ce mode de culture permet de faire d'énormes économies en eau, ainsi qu'en énergie. Sans pesticides de synthèse ni antibiotiques, nous nous attachons à respecter le fragile équilibre ainsi créé. Des produits de qualité et de proximité c’est important pour chacun de nous comme pour la planète.
1 INRAE institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Bonjour@lesnouvellesfermes.com
Toutes les photos sont de D. Sherwin-White