Des bateaux à l'ancienne

Reconstruction du coureau Henriette, sorte de gabarre à but pédagogique
Reconstruction du coureau Henriette, sorte de gabarre à but pédagogique

 

Une association est chargée de conserver, de faire connaître et faire vivre un chantier de construction navale en bois, en bord de la Garonne.

 

Par une matinée de novembre très pluvieuse, rendez-vous est pris à 20 km en amont de Bordeaux, au bord de la Garonne, sur la commune de Le Tourne, pour découvrir Les Chantiers Tramasset. Rachel, chargée de la communication et des activités socio-culturelles de l’association qui gère ce patrimoine, n’est pas avare de détails qu’elle a manifestement plaisir à transmettre.

 

Patrimoine à protéger

Une éclaircie se présente, aussi Rachel propose de commencer la visite par l’extérieur. Mais avant de découvrir plusieurs bateaux, elle précise : « Un chantier de construction navale est installé ici depuis 1837. Il faisait alors partie des huit chantiers cohabitant dans le secteur de Langoiran. Créé par deux frères Tramasset, il a employé jusqu’à 40 ouvriers dans les années 1930. Il construisait des bateaux traditionnels en bois, pour le transport sur la Garonne de fret et de personnes. Le développement du chemin de fer depuis le milieu du XIXe siècle, les deux Guerres Mondiales, l’arrivée de la construction métallique puis plastique ont amené le chantier a fermé ses portes en 1985. Il est alors totalement abandonné, la mairie rachète les bâtiments et elle suscite la création, en 1997, de l’association Les Chantiers de Tramasset qui a pour mission de faire revivre ce patrimoine consacré à la construction navale. Il a été inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 2008. »

 

Restaurer le bâti

Tout au long de la déambulation, notre guide nous présente des bateaux en bois, terminés, en cours de construction ou encore en réparation. C’est lors des travaux au profit de ces bateaux que les charpentiers transmettent les techniques ancestrales de la construction navale en bois, dans le cadre d’ateliers associatifs ou de prestations.

Rachel précise également : « En tant que membre de l’association nationale Union Rempart, dont le but est la restauration de monuments, Les Chantiers Tramasset organisent des stages de restauration du bâti : charpente navale, construction bois plus générale, maçonnerie traditionnelle, auxquels participent des jeunes Français et des étrangers. »

L’association possède un atelier bois utilisé dans le cadre d’activités sociales. C’est ainsi qu’ont été réalisées, pour l’école primaire, de grandes armoires en bois par des bénévoles et avec le concours d’élèves. Cet atelier est régulièrement mis à la disposition des membres actifs de l’association pour fabriquer des meubles personnels.

« La culture est aussi présente, souligne notre pilote, plusieurs gros événements jalonnent l’année, comme :

– aux beaux jours, le festival des bateaux en bois avec navigation de trois ou quatre jours sur la Garonne, animation et spectacles sur le site.

– en juin, Les belle goulées, salon de vins bios, biodynamiques et naturels de l’Entre-deux-Mers, un événement oenotouristique.

en septembre, les Journées européennes du patrimoine, avec des visites commentées.

en décembre, la Rencontre artisanale à défendre (RAD) qui valorise les artistes locaux.

Les Chantiers de Tramasset, héritier de la construction navale implantée depuis plus de 180 ans sur ce site exceptionnel, s’attachent à transmettre des savoir-faire artisanaux aux jeunes passionnés par la construction de bateaux en bois. Outil de médiation, il reçoit un large public (scolaires, familles, personnes handicapées, touristes) pour la découverte de ce patrimoine fluvial de qualité. Rachel n’a pas fini d’être sollicitée pour répondre à la curiosité de ces nombreux visiteurs.

Encadré

L’association en quelques données

Association loi 1901, elle compte :

– 130 adhérents actifs et environ 800 sympathisants.

– deux employées permanentes, Marie la responsable et Rachel chargée de la communication et des activités socio-culturelles. Une troisième personne à mi-temps s’occupe de la comptabilité.

Quatre commissions se chargent des différentes activités : navigation, qui organise des activités et des sorties toute l’année ; berges et espace, responsable de l’entretien du site et des berges ; culture, qui met en place des activités ; fanfare, en cours de création.

 

Elle est subventionnée par la ville de Le Tourne, la communauté de communes des Portes de l’Entre-deux-mers, le département de la Gironde, la région Nouvelle-Aquitaine, la Direction régionale des affaires culturelles et la Caisse d’allocations familiales.

 

Par Roger Peuron et photos de D. Sherwin-White