Manger mieux, manger local

 

Se nourrir de bons produits en direct des producteurs de sa région, c’est possible grâce à la Ruche qui dit oui !

Photos de Marie Depecker

 

Née à Toulouse en 2011 à l’initiative de Guilhem Chéron pour créer de nouveaux liens entre consommateurs et producteurs, l’entreprise compte aujourd’hui plus de 300 Ruches. La région bordelaise en propose déjà une dizaine.

 

Le hangar bourdonne

Vendredi, 18 h, rue Marsan, c’est le jour du marché : une dizaine de producteurs s’affaire pour installer sur des tréteaux cagettes, paniers et cabas garnis. Ils ont préparé chez eux la commande des clients. Pains, salades, pommes, fraises, fromage, pieds de tomates, viande de porc, pâtés, saumon fumé, confitures et miel, vins et jus de fruits, fraichement récoltés, coupés ou fabriqués attendent sagement les clients. C’est un rendez-vous bimensuel, deux vendredis par mois. Les acheteurs sont du quartier, ne se pressent pas, bavardent, échangent des conseils de cuisine, des nouvelles des enfants, attendent patiemment le boucher qui est retardé par le trafic bordelais. Avec leur commande à la main, déjà réglée par internet, ils remplissent leur caddy avant de repartir tranquillement. Finies les bousculades, les queues, la circulation dense et la ruée vers les supermarchés. Ici tout est à portée de pied et c’est bon. Cher ? Non pas plus cher qu’ailleurs mais ce sont des produits frais, bio ou de l’agriculture raisonnée, des produits de saison, cultivés ou élevés dans la région.

 

Une abeille aux Chartrons

C’est Maud ! Diététicienne, cuisinière passionnée, écolo, elle souhaitait en arrivant à Bordeaux nourrir ses trois enfants avec des produits de qualité et moins consommateurs d’énergie. Elle refusait de plus en plus la solution supermarché qui offre peu de choix et de transparence, souvent des marchandises de régions très lointaines. Comment faire ? Ses recherches l’ont conduite vers la Ruche qui dit oui ! Un concept de commerce locavore en pleine expansion en France, de la distribution en circuit court et direct que Maud trouve moderne et flexible. Elle se lance en juin 2012 dans la création d’une Ruche aux Chartrons, son quartier.

Les Ruches peuvent être créées par des associations, des particuliers, des entreprises. Maud a choisi le statut associatif et le bénévolat. Deuxième étape : trouver un local pour recevoir les producteurs et organiser la distribution. Délicat dans un quartier recherché comme les Chartrons. Elle s’accorde avec une personne qui détient en face de chez elle un grand hangar aux allures de brocante qui fera l’affaire après nettoyage et rangement. Troisième étape, recruter des producteurs qui acceptent le concept, capables d’offrir des produits de qualité de façon régulière. Faire jouer son réseau, chercher sur Internet, visiter les marchés, Maud mène sa campagne pour sélectionner des maraîchers, bouchers, fromagers, boulangers… Ce n’est pas toujours facile car les meilleurs ont déjà leur clientèle. Aujourd’hui 15 fournisseurs fidèles adhèrent à sa Ruche.

 

Comment ça marche ?

L’essentiel se passe par Internet! Les producteurs décrivent sur le site de la Ruche leur offre, prix et quantité minimum à commander. Les consommateurs font leurs achats quelques jours avant la distribution, paient par carte bancaire directement sur le site. Chacun achète quand il veut, ce qu’il veut. Totale liberté donc ! Seule contrainte : venir soi-même récupérer ses denrées. C’est l’occasion d’échanger avec les producteurs et d’établir une relation de confiance. Maud souhaite enrichir et renforcer ce contact par des animations-dégustations, des visites d’exploitations. Et fidéliser les consommateurs pour que la Ruche tourne bien.

 

Qui gagne quoi ?

La Ruche qui dit oui prélève 15,8 % du prix payé par les consommateurs pour la rémunération de son service : une partie pour le service internet et l’autre pour le responsable de la Ruche. Aux Chartrons, Maud est bénévole, c’est donc pour l’association et le paiement des charges de fonctionnement (loyer, déplacements, communications…)

Pour les producteurs, la Ruche est un débouché mais aussi le moyen de se faire connaitre plus largement, d’être rémunérés plus équitablement en diminuant les intermédiaires.

Aujourd’hui seules des femmes animent des Ruches. Les bourdons sont les bienvenus !!

 

Marie Depecker

www.laruchequiditoui.fr