Intelligence artificielle

 

Des outils intelligents de plus en plus présents nous séduisent, faut-il en avoir peur ?

 

Au début des années 1950, John McCarthy, mathématicien américain, lance les premiers travaux visant à « doter des machines de systèmes informatiques ayant des capacités intellectuelles comparables à celles des humains. » Sont ainsi posés les prémices de ce que nous connaissons aujourd’hui sous le vocable d’intelligence artificielle (IA) qui vise donc à reproduire au mieux, à l'aide de machines, des activités mentales, qu'elles soient de l'ordre de la compréhension, de la perception ou de la décision.

C’est une science en plein développement dont le cœur est le traitement de plus en plus rapide d’une masse croissante de données variées.

 

Battre l’homme

Parmi les premières applications, des informaticiens et des experts mettent au point des machines capables de jouer aux échecs et surtout de gagner. Le programme développé à partir de 1957 pour devenir, selon ses concepteurs, le futur champion électronique, est battu par un adolescent en 1959.

En 1975, nouvel échec pour une machine qui calcule 100.000 coups par seconde, elle est chaque fois battue par les maîtres.

En 1989, un supercalculateur calculant 2.000.000 coups par seconde, est humilié par Garry Kasparov.

Il apparaît alors qu’il faut passer de systèmes mettant en œuvre essentiellement des algorithmes mathématiques à des machines stratèges capables d’apprentissage. Les concepteurs vont utiliser 256 processeurs fonctionnant en parallèle et réalisant ensemble le nombre fabuleux de 200.000.000 de coups par seconde. Cette fois Kasparov est battu. À noter que la machine réalise des attaques jusque là réservées aux humains. Une forme d’IA est née. Elle ne cessera plus de se développer.

 

Aujourd’hui

Ses applications sont déjà nombreuses dans l’industrie ou dans le domaine médical. Par exemple, depuis quelques années, l’EHPAD Les Balcons de Tivoli au Bouscat a placé auprès de ses résidents l’androïde Zora. Petit robot d’une soixantaine de centimètres, doté d’une bouille sympathique et de grands yeux ronds. Il est très bien accueilli, attire la sympathie et rompt l’isolement. Des résidentes atteintes de troubles cognitifs, en retrait et tristes, retrouvent la parole et le sourire. Zora calme certains patients atteints de troubles psychiatriques ou de la maladie d’Alzheimer et de démences apparentées.

Le CHU de Bordeaux utilise l’intelligence artificielle pour lutter contre les mésusages des traitements responsables de près de 20 000 décès en France et de 150 000 hospitalisations évitables. Fruit de la collaboration entre le CHU de Bordeaux et l’Université de Stanford (USA), elle informe immédiatement des risques. L’ordonnance est photographiée et analysée par des algorithmes spécialisés et puissants qui mettent en évidence les interactions médicamenteuses possibles. Cet outil fonctionne pour plus de 37 000 médicaments. Il est dès à présent disponible pour les médecins via une application mobile et un site internet. Il pourrait l’être bientôt pour le grand public.

 

Dans le futur

L’intelligence artificielle, déjà très présente dans notre vie, va donner naissance à des outils déjà expérimentés dans les laboratoires ou qui sont encore à imaginer, bouleversant de nombreux secteurs d’activité.

Quand le nombre de candidats pour un poste à pouvoir sera important, la reconnaissance faciale des émotions sera utilisée pour un premier « entretien » avec une machine qui aura pour mission d’effectuer une première sélection. Mais la décision finale appartiendra toujours aux décideurs de l’entreprise.

Les services chargés de la sécurité publique et la police travaillent au développement d’outils capables de détecter des risques de fraude, de crime ou de terrorisme, afin de pouvoir prendre les mesures préventives adaptées.

Les véhicules autonomes sont en passe de quitter le domaine de la science fiction pour bientôt sillonner nos rues.

Bien d’autres secteurs d’activité vont être bouleversés. Une véritable révolution dans nos modes de vie est en marche. Mais, l’IA inquiète autant qu’elle fascine. Pour Stephen Hawking : « Le développement d’une intelligence artificielle complète peut signifier la fin de l’espèce humaine » Mais nous n’en sommes pas là. Il appartiendra à l’homme de se donner les moyens de toujours la maîtriser en collaborant avec elle plutôt qu’en la combattant.

 

Roger Peuron

Sources : Sud-Ouest du 22 avril 2018  et Le Mag Cap Sciences du 30 avril 2018