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Tribunes de la presse

À Bordeaux, du 6 au 9 novembre 2014, la presse s’est invitée au théâtre.

 

Photos de M. Depecker

Effervescence au TNBA* et à l’IJBA* : étudiants ou lycéens se retrouvent, s’interpellent joyeusement et attendent leurs copains. Ils arrivent de toute la région, des lycées de Périgueux, d’Andernos, de Mont de Marsan ou de plus près, de Pessac et de Bordeaux. Les étudiants répondent présents aussi, ceux de Sciences Po ou de l’Institut de journalisme et des écoles de commerces. Se passionnent-ils donc pour l’Europe ? Thème choisi pour cette 4° édition des Tribunes de la presse : L’Europe, la défendre ou la pourfendre ? C’est sans doute une belle opportunité pour des jeunes aquitains de rencontrer des journalistes français et étrangers, de débattre et d’affiner leur point de vue sur l’actualité internationale. L’Observatoire était également présent.

 

L’Europe intéresse

Catherine Marnas, la nouvelle directrice du TNBA accueille les intervenants et c’est Alain Rousset qui prend d’abord la parole car cette manifestation est initiée et financée en partie par la région Aquitaine. Avec Les Vendanges de Malagar, le Festival du film d’histoire de Pessac ou ces Tribunes de la presse, la Région fait le pari de la culture et de la connaissance. « L’Aquitaine a des choses à dire, à penser, un esprit critique à développer » insiste le Président de la Région.

L’auditorium Antoine Vitez est plein à craquer. Ordinateur sur les genoux ou stylo à la main, les jeunes se préparent pour la prise de notes sans oublier de jeter un regard sur leur smartphone. Un tweet aux amis pour diffuser un bon mot ou une petite phrase, cela s’imposera certainement. Mais quel enthousiasme surprenant à l’heure du scepticisme politique ambiant !

Au programme pendant les 3 jours : l’Europe est-elle à bout de souffle ? Le populisme met-elle en danger l’Europe ? À propos du traité de libre-échange UE/Etats-Unis, l’oncle Sam, futur patron de l’Europe ? La chine va-t-elle finir par acheter l’Europe ? Pourquoi la presse est-elle inaudible quand elle parle d’Europe ? L’Europe est-elle le désespoir de l’Afrique ? Des questions dérangeantes mais combien stimulantes.

 

L’Europe divise

Pour le premier débat, le plateau est plutôt riche pour discuter du projet européen : Yvan Levaï et Bernard Guetta, qu’on ne présente plus, Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde diplomatique, Alexia Kefalas, correspondante en Grèce de France 24 et du Figaro, Jean Petaux, politologue et expert auprès du Conseil de l’Europe.

Chacun argumente pour dire où va l’Europe. « Elle va dans le mur, dit Guetta, si elle n’approfondit pas son union politique », « si elle abandonne certains peuples à leur difficultés » explique la correspondante du Figaro en Grèce mais « il est impossible d’avancer dans la construction européenne sans avoir une légitimité populaire », martèle la journaliste du Monde diplomatique. Les populations semblent avoir de moins en moins confiance dans l’avenir européen.

C’est la pause et on enchaîne avec un documentaire réalisé par le journaliste Antoine Vitkine, sur la montée des populismes. C’est une sorte de road movie à la rencontre des partis populistes d’Italie, de France, des Pays Bas et de Hongrie où ils sont au pouvoir. Le point de vue du réalisateur est clair ! Ces groupes exploitent les peurs et les frustrations, le besoin d’ordre et la quête d’identité en proposant aux peuples une union derrière eux contre les élites, les immigrés et l’Europe. Des solutions simplistes pour de vrais problèmes, c’est la clef de leur succès alarmant. Les esprits s’échauffent dans la salle. Certains contestent le film «  les électeurs de ces partis ne sont pas forcément des idiots », « les partis populistes ne sont pas tous les mêmes. »

Le maitre d’œuvre des Tribunes de la presse, Jean Pierre Tuquoi est satisfait de cette édition. L’Europe cherche encore ses partisans. Elle est trop souvent un bouc émissaire. Rien n’est plus facile que de pourfendre l’Europe. Et pourtant, les européens n’ont-ils pas l’ardente obligation politique d’unir leurs forces et leurs ressources pour affronter leurs problèmes au lieu de se déchirer ?

Marie Depecker