Deux "étonnants voyageurs"

 

 

Deux étudiants nous donnent envie de nous inscrire au cours d’allemand de l'Université du temps libre pour profiter de leur immense curiosité dont ils nous donnent un avant-goût dans leurs ouvrages.

par Etienne Morin

 

Ils ont deux points communs : Louis Gravigny et Gérard Pouhayaux sont tous deux étudiants à l’Université du Temps libre où ils suivent le même cours d’allemand. Et ils viennent, chacun de leur côté de publier un livre.

Louis Gravigny a réuni les textes de plusieurs conférences qu’il a données à l’Université du Temps Libre, sous le titre Écrits de Louis Gravigny. Fonctionnaire affecté à la direction de l’industrie à la Commission européenne, il est en charge des transports. C’est à ce titre qu’il participe au lancement du programme Airbus à partir de 1968. Qui mieux que lui pouvait donc raconter comment avait démarré ce programme européen ? Il nous apprend au passage qu’Airbus vient de « omnibus », ce qui veut dire transport pour tous. Airbus signifie donc « avion pour tous ». S’il tait évidemment son rôle personnel dans les négociations pour parvenir à l'entente de plusieurs entreprises d’États différents pour mettre au point un programme aéronautique commun, il montre quelles ont été les clés du succès de ce programme phare de l’Union Européenne. Puis il est en charge des bois et papier toujours à la Commission européenne. Il fait de nombreux voyages au Canada, au Québec en particulier, pour participer à des négociations sur les droits de douane du bois et du papier canadien. Il ne lui en faut pas plus pour s’intéresser à l’histoire de l’Amérique francophone. Grâce à lui, on apprend que M. Cadillac, le fondateur de Détroit, était un délinquant contraint de fuir la France et que son nom était un pseudonyme qu’il avait emprunté à la ville de Cadillac en Gironde. Il trouvait que ce nom posait bien. Cependant, il est parvenu à imposer la souveraineté de la France du Québec jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Louis Gravigny en veut encore à Louis XV d'avoir bradé le Canada aux Anglais et à Napoléon d’avoir vendu la Louisiane aux Américains pour financer ses guerres.

 

Gérard Pouhayaux est un bourlingueur qui a navigué sur des cargos en fréquentant toutes les mers du monde. Il a travaillé dans de nombreux pays où il a été envoyé en mission pour suivre des chantiers. Il voue une admiration sans borne à Blaise Cendrars, le poète voyageur du XXe siècle. Un seul vers de celui-ci a changé sa vie : « Il n’y a plus que la Patagonie, la Patagonie qui laisse place à mon immense tristesse. » Alors Gérard se met à chercher des livres sur la Patagonie. Il s’aperçoit qu’il existe une foule d'écrits sur la Patagonie continentale, mais rien sur la manière dont les côtes d’Amérique du Sud ont été découvertes. Or depuis le XVIe siècle, on cherche à repérer le continent qui, à l’ouest de l’Amérique, permet d’équilibrer la terre, selon la cosmogonie en vigueur à l’époque. C’est ainsi que Magellan commença le tour de l’Amérique du Sud, découvrit l’Antarctique et arriva aux Philippines par l’est où il fut décapité. Ses expéditions n’étaient cependant pas sans arrière-pensée politique : en effet, le traité de Tordesillas, signé en 1494, entre le Portugal et l’Espagne, donnait à ce dernier pays tous les territoires situés à l’ouest des îles du Cap-Vert. Ce fut donc une course à la découverte des territoires de l’Ouest de façon à augmenter la souveraineté de la couronne espagnole. Le livre de Gérard Pouhayaux raconte avec truculence ces découvertes, les courses entre navigateurs, les combats, les exécutions sommaires… Mais aussi la beauté des paysages et en définitive, il nous fait rêver de « Navigations patagonnes ».

 

Écrits de Louis Gravigny, édité à compte d’auteur. Demander à l’UTL pour se fournir l’ouvrage.

 

Navigations patagonnes de Gérard Pouhayaux, éditions Zeraq, disponible dans toutes les bonnes librairies.