Oggy, chien héros

Avoir un excellent flair est une qualité indispensable pour devenir chien d'assistance auprès de malades épileptiques.

 

Propos recueillis par Agnès Le Gall

 

Stéphanie Martins, jeune Talençaise atteinte d’épilepsie à l'âge de vingt et un ans, vit depuis quatre ans et demi avec son chien d'assistance. Oggy, labrador âgé de sept ans, lui a même sauvé la vie, grâce à son flair exceptionnel : il anticipe ses crises entre vingt minutes et neuf heures à l'avance.

Stéphanie l’a désigné comme narrateur du livre qu'elle vient d'écrire. C'est également lui qui va s'exprimer aujourd'hui.

 

— L’Observatoire : Oggy, comment votre rencontre a-t-elle été possible ?

Oggy: Ma maîtresse a eu sa première crise dans un bus, il y a dix ans. Sa vie fut bouleversée et ses études interrompues. Trouver un travail était une gageure et sa famille incrédule aux abonnés absents. Le bon diagnostic, sujet de confusion et d’incessantes remises en cause, n’a été établi qu’au bout de cinq difficiles années d'isolement.

Ajouté à cela l’inefficacité des traitements, comme pour un tiers des 600 000 malades épileptiques en France. La demande d’un chien d’assistance fut possible auprès de l’association Handi’chiens2.

 

De quelle manière vous a-t-on sélectionné ?

J’ai été choisi dans un élevage par cette association et j'ai passé dix-huit mois dans une famille d’accueil. Puis jusqu'à vingt-quatre mois, mon éducation s'est déroulée dans un de leurs centres où l'on a détecté mes capacités olfactives. Une éducatrice est chargée, selon le mode de vie et les caractères, de mettre les bons futurs maîtres avec les bons futurs chiens d'assistance. Très observateur et proche des humains, j'ai aussi reconnu la signature organique épileptique volatile de ma maîtresse, parmi les différents échantillons de sa sueur.

 

Comment cela se passe aujourd'hui ?

Très bien, nous nous sommes trouvés tous les deux ! À l'étonnement de l’éducatrice car on donne entre six mois et un an d’apprentissage avant la détection d'une crise ; or il ne m’a fallu qu'une semaine. Si je sens une crise arriver, je préviens ma maîtresse en aboyant ou je lui donne un coup de museau. Elle se met en sécurité et je me blottis contre elle pour l’apaiser durant le malaise. Nous prenons grand soin l'un de l'autre, et souvent je l’entends me dire : « heureusement que tu es là ».

 

Pour autant, la vie a-t-elle été plus simple ?

Ma maîtresse a repris confiance en elle à mon arrivée mais des employeurs étaient inquiets à l’idée d’accepter un chien. Son courage et ses luttes ont fait qu'elle est depuis janvier 2025 salariée en CDI comme AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap) dans une école talençaise équipée.

Un petit coup de pouce de la part d’une personne influente et l’accompagnement du service emploi et accessibilité handicap de la mairie ont fait le reste.

 

Votre présence Oggy, aide-t-elle à renouer des liens avec l’extérieur ?

Même plus ! Le Trophée des chiens héros que j’ai obtenu en 2023 dans la catégorie chiens détecteurs de maladie, décerné par la société Centrale Canine3, a mis en lumière notre histoire et ce handicap invisible.

Cela a permis d'expliquer mon rôle exact. Nous avons rencontré des familles et les avons accompagnées dans leur démarche pour obtenir un chien d'assistance. C'est un accomplissement qui rend ma maitresse très heureuse. 

1 Oggy, un chien en or (en voie d'édition). 

2 Handi'chiens a été créée en 1989, reconnue d’utilité publique en 2012. La formation pour la détection de l'épilepsie existe depuis 2018. 

3 La société Centrale Canine a été fondée en 1881, reconnue d'utilité publique en 1914, elle a notamment pour but l'amélioration des races de chiens d'utilité.