Not in my backyard

Sans faire d’angélisme, les gens du voyage ne sont pas les voleurs de poules et d’enfants que l’on imagine. Alors qui sont-ils ?

 

L’Observatoire a rencontré Madame Hélène Beaupère, directrice de l’ADAV** pour essayer de comprendre et d’appréhender la réalité de ces voyageurs qui nous échappe par méconnaissance ou préjugés.

 

Juste des Français

En préambule, elle rappelle que dans la société française, la notion de groupe ethnique n’existe pas. Elle ne peut leur être appliquée puisqu’ils sont français pour la quasi-totalité d’entre eux, quelle que soit leur origine, au même titre que des Bretons. Ils sont à peu près quatre cent mille en France (environ trois mille caravanes tournent en Gironde)

Ce chiffre a été obtenu en comptabilisant les livrets de circulation que chacun d’eux devait posséder suite aux lois de 1912 et 1969, livret qui leur donnait un statut administratif différent du fait de leur itinérance. Ce document devait être visé régulièrement. La loi Égalité et citoyenneté du 27 janvier 2017 a abrogé cette obligation et leur permet, comme pour n’importe quel citoyen, d’avoir une carte d’identité. Ils ne sont plus une catégorie administrative à part.

 

Un patchwork d’origines

L’amalgame est souvent fait entre Rom et gens du voyage. Il faut savoir que le vocable Rom désigne des migrants de l’Europe de l’est (Bulgarie etc.). Ils sont environ vingt mille en France, ils n’ont pas la nationalité française et donc pas les mêmes droits.

Dès le XIe siècle, leurs ancêtres communs sont partis de l’ouest de l’Inde. Au XVe siècle, sont arrivés en Europe de l’Est des groupes appelés généralement tziganes. Au gré de leur itinérance, des réseaux familiaux, de leur métier, ils ont migré vers l’Europe du nord (en Allemagne, les Manouches) ou vers le bassin méditerranéen (en Espagne, les Gitans). Nous trouvons des références littéraires à leur présence en France à cette époque

Au cours des siècles se sont joint des populations autochtones dont le mode de vie était similaire au leur et qui ont été assimilés aux gens du voyage. Ils forment donc une mosaïque de groupes dont la base est la cellule familiale au sens large (cela peut aller jusqu’à cent personnes). Ces clans sont caractérisés par une activité, un ancrage territorial ou encore des origines ethniques. Il n’y a pas forcément d’affinités entre ces différents groupes.

Internés et persécutés dans des camps pendant la deuxième guerre mondiale, ils y restèrent  jusqu’en 1946.

Terrain pour accueillir les gens du voyage (ADAV)
Terrain pour accueillir les gens du voyage (ADAV)

Une population stigmatisée en transformation

Même si des groupes familiaux sont marqués par la délinquance, il ne faut pas en faire une généralité.

Un siècle de stigmatisation a créé des rapports particuliers avec cette population, ce qui ne rend pas facile la transition vers une citoyenneté pleine et entière. Nous nous devons d’établir un dialogue pour apprendre à vivre ensemble dans un respect mutuel.

L’itinérance a encore de l’importance dans leur mode de vie. La caravane reste un élément essentiel de leur environnement mais ils se sédentarisent de plus en plus à cause d’une professionnalisation de leur activité, de l’éducation des enfants, de la santé, du vieillissement. Leur espérance de vie continue à être inférieure de quinze à vingt ans à la moyenne nationale.

Pour répondre à cette évolution, le futur schéma départemental de la Gironde des gens du voyage se focalise sur la mise en place d’une politique de logement.

 

Préparation à la déclaration d'impôt (ADAV)
Préparation à la déclaration d'impôt (ADAV)

L’ADAV est là pour accompagner les gens du voyage dans l’évolution de leur mode de vie. Elle les accompagne tant sur le plan des activités que du logement. Elle suit environ cinq cents micro entreprises (ferrailleur, forain, jardinier, façadier, un luthier etc.). En partenariat avec le département, la formation pour adulte et la direction du travail, elle a pu mettre  en place des VAE*** pour soixante-dix peintres façadiers et ainsi ouvrir la possibilité d’une inscription à la chambre des métiers.

Elle organise des sessions de formation sur les outils informatiques et également sur les déclarations d’impôts… et oui ils paient des impôts.

 

Bernard Diot

 

*Je n’ai rien contre l’accueil des voyageurs mais pas dans mon environnement immédiat

**Association des amis des voyageurs : www.adav33.fr

*** Validation des acquis de l’expérience