Hé ! Là-haut !

De l'oiseau à Icare, de la sorcière à Ader, une seule envie : avoir la tête en l'air.

 

Deux lignes blanches dans l'azur, des avions. Un soudain vrombissement, l'herbe s'agite, un hélicoptère. D'autres machines plus silencieuses vous feront aussi découvrir l'ivresse de l'altitude. Le planeur, albatros des airs, déploie ses ailes fuselées pour se laisser doucement porter par la brise. Le deltaplane dont le pilote s'élance et descend en tourbillonnant au gré du vent. Le parapente, vague cousin du parachute doté d'une voile élégante qui se gonfle pour s'élever, complice des courants ascendants. Si les dirigeables de Zeppelin ou de Gambetta restent un triste souvenir, les montgolfières colorées font encore le bonheur des touristes et des curieux fièrement installés dans leurs minuscules nacelles. Et l'ULM ? Pas un silencieux, mais comme son nom l'indique un mini avion, Ultra Léger Motorisé. Nombreux là-haut !

 

Autres temps

Les ornithologues, nez en l'air, affirment pouvoir identifier en vol une cigogne ou un canard. Pas seuls à suivre avec envie les évolutions des oiseaux. De ce désir de voler, le pauvre Icare garda un cuisant souvenir. Pourtant bien d'autres après lui ont fait le même rêve. Rendez-vous au musée du Caire, sous vos yeux, la maquette du Don d'Amon mise à jour en1898 et datée de 200 ans avant JC. L'objet, en sycomore léger, aux formes aérodynamiques à souhait est pourvu d'ailes, d'une queue horizontale et ses répliques en balsa en témoignent... Il vole. En 1708, de retour de Bolivie, un jésuite brésilien Bertolomeu de Gusmao, obtint du roi du Portugal le droit de fabriquer une « gondole volante » capable d'emporter 12 hommes sur 200 milles nautiques en 24 heures. Fuselage de fer et de paille orné de perles d'ambre. Au premier essai, la machine prit feu en l'air. 5 mois plus tard, la « gondole volante » glissa dans les cieux. Mais l'Inquisition veillait et le savant dut cesser tous travaux. Son invention ne pouvait être que satanique aux yeux de ces esprits éclairés. Mystères, mystères, il n'y a qu'un pas de la Bolivie au Pérou. Et si les lignes de Nazca avaient été des pistes d'atterrissage ! Tout aussi étonnant, en Roumanie, un ancien manuscrit relate les multiples expériences de Conrad Haas qui lança en 1555 une fusée à étages et une « lance volante ». L'ancêtre du missile ?

 

Mêmes envies

Plus élaborées, les aéronefs d'aujourd'hui mais tout aussi multiples. Des Mirages aux gros porteurs de luxe en passant par l'élégant CESSNA* qui ramène JPM ?et sa famille à l'aérodrome de Marmande. Rouge et blanc, ailes retroussées, il semble flambant neuf. Rien d'étonnant, contrôle approfondi toutes les 50 h de vol. Pour les 3 passagers, confortablement installés dans la cabine, que du plaisir. Pour le pilote, prudence, compétence et attention. Comme tous les mordus de l'école de pilotage – de 7 à 77 ans – il a dû obtenir sa licence. Une partie théorique imposante, le ciel a ses règles de circulation, ses sens interdits, ses couloirs, on n'y mélange pas les petits et les gros ! Ce premier sésame en poche, après 45 h de vol, il a présenté la pratique. Tracer sa trajectoire, garder un cap, accomplir avec art et maîtrise décrochages et autres loopings ont fait de lui un vrai pilote. « Pas un oiseau. En toutes circonstances, il doit garder calme et sang-froid. Le mot clé : anticipation » précise l'instructeur acquis à l'aviation après un simple baptême de l'air. Aujourd'hui, après le roulage JP a décollé doucement de l'aérodrome d'Arcachon. Devant lui, cadrans et aiguilles.

Sur sa jambe, une tablette : son plan de vol et la ligne qu'il a tracée sur la carte du ciel. Son cap est calculé en degrés, il doit s'y tenir avec précision, le manche à balai bien en main, gare au vent ! Ses yeux courent sans cesse des appareils au ciel. Pas question de griller une priorité « un avion de chasse ne nous verrait même pas ». Bientôt le pilote repère la piste d'atterrissage. « Golf Tango Roméo Écho demande à atterrir. » Là commencent les grandes manœuvres. La descente s'opère par paliers, la vitesse se réduit progressivement et les virages se négocient en douceur, les passagers ont parfois l'estomac fragile. « On doit toujours aborder ce moment face au vent et prendre la piste selon un protocole parfaitement réglé. » Tout en douceur, la prise de contact avec le sol, pas étonnant, on est à Carpète ! Merci au pilote. Le ciel ! Vous en rêviez, et bien volez maintenant.

Dany Guillon

 

 

Large sourire (photos de D. Guillon)