La leçon de piano

Le piano suscite encore, malgré son image classique, de nombreuses vocations auprès des enfants.

 

Pour quelles raisons Éléna, 10 ans et demi et Charlotte, 9 ans se lancent dès 6 ans dans l’apprentissage du piano ? Répondre au désir de jouer de cet instrument, pour imiter un artiste aperçu en concert ou faire plaisir à maman qui, pour mieux les accompagner, démarre aussi cette discipline.

La présence, près de leur domicile, de l’école de musique du Val de l’Eyre et d’un bon professeur Yann le Gac, ont été les plus déterminants. La participation annuelle demandée de 440 euros par personne ne permet pas à toutes les familles d’y participer. Cela comprend un cours individuel de 30 minutes par semaine et un enseignement collectif de solfège de trois quart d’heure.

 

Un travail assidu

Le jeune débutant doit d’abord  apprivoiser le clavier de 88 touches assemblées par série de douze, 7 blanches et 5 noires.

Jouer de petits morceaux de musique est vite accessible. Les premiers cours sont déterminants. Appréhender rapidement les notions de base du solfège, prendre les bonnes positions, buste droit, tête haute, bras bien dégagés, doigt écartés appuyant fermement sur les touches en veillant à se situer parfaitement sur le clavier. Être attentif aux remarques du professeur, rectifier les erreurs commises et répéter inlassablement la leçon apprise.

Un piano à la maison est indispensable pour reprendre, si possible quotidiennement, même si ce n’est que 10 minutes, le morceau musical étudié. Le piano acoustique a le meilleur rendu mais son prix est élevé, de 8 000 à 100 000 euros. Le piano à queue est destiné aux concerts. Le piano droit, plus accessible est, lui, réservé à la formation. Beaucoup font le choix du piano numérique avec différentes possibilités, régler le volume, jouer au casque et enregistrer, pour un coût de 1 500 à 2 000 euros pour un bon équipement. Louer est une autre formule privilégiée par ceux qui doutent de l’engagement durable de leur enfant.

 

Premiers résultats

Après une première leçon éprouvante, Éléna, sort enthousiaste de son 2e cours. Rentrée à la maison, elle tient à jouer sur le piano de la maison la mélodie À la Claire Fontaine. Malgré une ou deux fausses notes, le résultat est correct et la famille, naturellement toute acquise, enthousiaste. Une pianiste en herbe est née mais tout reste à faire !

Les cours s’enchaînent, basés sur le même principe. Déchiffrage avec le professeur d’un nouveau morceau musical, musique moderne ou refrain d’une chanson connue puis travail répétitif au domicile. Certains jours sont plus difficiles. Éléna peine parfois à déchiffrer sa partition. « Maman, je n’y arrive plus, c’est impossible à jouer ! » « Arrête tout, lui répond-elle, demain cela ira mieux ; on reprendra ensemble. » Comme par magie, le jour d’après, tout redevient facile.

Impatiente de se lancer à son tour, sa sœur Charlotte qui a une bonne oreille, s’essaye à l’imiter ou se lance dans des improvisations. Dès sa première année de cours, elle se veut aussi bonne qu’Éléna, ce qui la stimule dans son travail.

Toutes les deux ne rêvent que de participer aux concerts organisés trois fois par an à la salle du Bateau-Lyre du Barp, par l’École de musique. Quel événement ! Jouer dans une belle ambiance devant 200 personnes, copains, copines, parents, grands-parents... Dès la 2e année, les meilleurs élèves interprètent le morceau proposé par leur professeur. Quel honneur d’être choisi ! Mais attention au risque d’être pris par l’émotion qui peut engendrer un stress paralysant !

Cette année, Éléna et Charlotte se produisent à 4 mains en jouant Terezina de Jésus une chanson brésilienne arrangée par Mendels. L’excitation est grande pour la famille. Papi enregistre la prestation. Les filles souriantes se livrent sans retenue et vont au bout avec facilité. Elles saluent la salle dans un tonnerre d’applaudissements.

Malgré ce petit succès devant un public bienveillant, ce n’est que le début d’un apprentissage long et difficile, pour avoir le seul plaisir de jouer quelques morceaux agréables. Pour devenir professionnel, c’est une autre affaire : 4 à 6 heures de piano par jour, conservatoire, master-class, sans avoir forcément un avenir assuré.

 

François Bergougnoux