Acoustique ou électrique

Entre une guitare acoustique et une électrique, quelles sont les différences ?

Photos de Dafydd Sherwin-White

Béotien et curieux en la matière, l’Observatoire s’est renseigné auprès du luthier Hervé Bérardet ; magasin et atelier, Guitare & création, 49 rue St-James à l’abri de la Grosse Cloche. Le sourire accueillant, il donne sans restriction les explications suivantes.

 

De la guitare classique…

Sa fabrication demande environ 160 heures de travail et commence par le choix du bois, important pour la sonorité finale de l’instrument. Fréquemment en acajou la tête et le manche sont adaptés (largeur, épaisseur, courbure) à la corpulence et les mains du guitariste pour son confort de jeu. La tête comporte des clefs de tension des cordes en nylon ou en métal ; le manche est relié par un talon en bois collé à la caisse de résonance. Tout le long du manche, des petites barrettes sont posées à intervalles précis déterminant l’emplacement des notes.

 

Et sa sonorité…

La caisse de résonance se compose de trois parties : la table d’harmonie (dessus de guitare), les éclisses (côtés) et le fond. La table d’harmonie est en épicéa ou red cedar d’une épaisseur de 3 mm environ. Pour compenser cette fragilité par rapport aux vibrations des cordes, un « barrage » est collé à l’envers de la table. Ce sont des petites barres en bois collées soit en forme d’éventail, parallèle ou en X, affinées à la main modifiant ainsi la résonance de la table.

Une ouverture circulaire ornementée appelée rosace est ménagée dans la table d’harmonie laissant ainsi sortir le son du corps de la guitare. Une pièce de bois nommé chevalet en bas de la rosace sert à fixer les cordes tendues depuis la tête du manche. Par pincement, avec les ongles, le bout des doigts ou un médiator, les cordes vibrent. La caisse de résonance transforme ces vibrations en ondes sonores projetées dans l’espace par la rosace. Les éclisses et le fond sont en acajou ou palissandre. Une fine couche de vernis complète la fabrication.

 

…à la guitare électrique.

Inventée vers 1930, ce nouvel instrument peut ne demander qu’une quinzaine d’heures de fabrication selon les finitions. Le corps, en majorité plein bois ou parfois en demi-creux, n’est pas une caisse de résonance mais les essences de bois, leur qualité, la masse de la guitare ont une influence importante sur le son. Il n’y a pas de rosace, éventuellement des orifices rappelant ceux des violons. Le manche des électriques est vissé, donnant une plus grande facilité à la fabrication industrielle. Certains manches traversent le corps et peuvent n’avoir pas de tête. Ils ont l’inconvénient d’être irremplaçables lors de réparation.

Sous les cordes, sont fixés un ou des capteurs souvent appelés micros. Ils réagissent directement à la vibration des cordes métalliques (fer ou nickel) essentielles au fonctionnement de ces micros. Leur position, leur nature et l’amplification jouent un rôle essentiel. Les cordes peuvent être peu tendues. Le musicien détermine la sonorité de transmission des capteurs avec boutons de réglage se trouvant sur la guitare. Il contrôle ainsi le volume vers l’amplificateur et le haut-parleur afin d’éviter l’effet Larsen. Assez fréquent dans tout système de sonorisation, ce phénomène produit un sifflement en général très désagréable. Le vernis est plus épais que pour une guitare acoustique mais n’affecte pas la sonorité du corps de la guitare électrique.

 

Moitié/moitié

La guitare acoustique est beaucoup plus utilisée en musique classique européenne ou en folk dans le flamenco, danse et chant, dans la musique mariachi au Mexique qui l’intègrent dans leurs ensembles. La guitare électrique est l’emblème du rock, des blues, rythmes, jazz et pop.

La guitare est un des instruments les plus diffusés au monde. Aisément transportable, elle est la compagne idéale de tout chanteur nomade entre autres.

Bien que Bordeaux semble être une ville rock, il est estimé que ces deux guitares arrivent à égalité dans l’espace musical.

 

Claude Garetier