Il court, court toute la journée

Ou comment concilier vie de famille et responsabilités d’élu local.

Frédéric et sa petite Fleur à la mairie (A. Manuel)
Frédéric et sa petite Fleur à la mairie (A. Manuel)

Dans une mairie emplie de lumière, les secrétaires vont et viennent sans se préoccuper du spectacle inhabituel de coussins jonchant le sol et d’une toute petite fille jouant en silence. Avec un égal détachement, le maire accomplit les tâches inhérentes à sa fonction, reçoit ses collaborateurs, règle les problèmes au téléphone, étudie les dossiers. La machine est bien réglée, l’harmonie évidente et tout paraît naturel.

 

L’observatoire : Monsieur le Maire, se pourrait-il que vous soyez en panne de nounou pour votre fille ?

Frédéric Lataste (amusé) : Mais pas du tout ! J’ai trouvé le moyen de concilier deux métiers difficiles : celui d’élu de ma commune et celui de père de famille. Je me consacre aux deux simultanément et j’y parviens, comme vous pouvez le constater. D’ailleurs, depuis toujours, les femmes travaillent tout en dirigeant leur maisonnée ; alors, pourquoi pas les maris ? Nous prêchons la parité en politique, donnons-en l’exemple.

 

— Pour parler plaisamment, vous voulez dire que vous êtes « père et maire » ?

Frédéric (que sa fillette est venue rejoindre) : Si l’on veut ! Mais ce n’est pas une nouveauté : je gardais déjà l’aînée, Marie (5 ans), à l’agence, tout en exerçant ma profession, alors que Mélanie, sa maman, se livrait à son activité d’institutrice. Puis vint Diane (3 ans), dont j’avais la responsabilité deux jours par semaine. Et lorsque Mélanie reprit son travail à temps plein, en septembre dernier, la question ne s’est pas posée : le matin, dès qu’elle a rejoint l’école avec les deux aînées, je lève Fleur (21 mois maintenant), et la prépare avant de regagner la mairie avec elle. À midi, nous filons récupérer Diane et partageons le déjeuner que je leur prépare. Ce n’est qu’à 16h 30, au retour de Mélanie qui prend la relève auprès d’elles, que je peux honorer mes rendez-vous, participer aux réunions, vivre ma vie d’homme politique.

 

— Précisément, qu’est-ce qui a motivé votre engagement à la tête de votre commune ?

— À l’origine, je me suis investi dans la vie associative, suivant l’exemple de mon père. Dès l’âge de 10 ans, j’étais membre-fondateur du photo-club de Capian, et possédais mon propre appareil. À 17 ans, je jouais un rôle dans le Comité des Fêtes, le Tennis-Club et bien d’autres associations. En 2001, j’entrais dans le conseil municipal tandis que mon père ne renouvelait pas son mandat de maire. Sept ans plus tard, c’est moi qui me trouve à la tête de la commune. Je considère que c’est un métier et j’ai la chance de pouvoir m’y consacrer à temps plein, ce qui me permet de mener à bien les projets de Capian. Là ne se limitent pas mes compétences : je suis également vice-président du SEMOCTOM (Syndicat des Ordures Ménagères), délégué de commission au sein de la Communauté de Communes, membre de l’OTEM (Office du Tourisme de l’Entre-Deux-Mers) et de l’Office du Tourisme de Cadillac.

 

— Ces multiples fonctions sont-elles compatibles avec une profession propre ?

— Non, pas du tout : elles sont ma profession actuelle. En réalité, je suis agent immobilier et possédais ma propre agence. Actuellement, le fonds est fermé, j’en ai fait le choix. Notre équipe veut faire avancer les choses pour le bien-être de la population, et cela demande de la disponibilité. Ainsi, je me trouve à la mairie tous les matins, du lundi au samedi. Et ce, en conciliant mon travail et mes obligations familiales. Je précise que, le plus souvent, mes filles assistent aux inaugurations, discours, manifestations officielles aux côtés de leur maman. Ce sont des ambassadrices fidèles et toujours très sages. Pour vous donner une idée, lors de ma candidature aux élections cantonales, Marie et Diane étaient présentes, droites dans leur jolie robe. Il semblerait que Fleur ait un caractère plus trempé et l’affirme déjà…Mais notre co-habitation à la mairie ne pose aucun problème. Elle illustre parfaitement ma règle de vie car je souhaite le bonheur de mes concitoyens et celui de ma famille. Ainsi comme je l’ai affirmé pour les vœux de 2012, « je souhaite ramener la joie de vivre dans mon village » et j’en donne l’exemple.

Any Manuel