Un corps en bons thermes

Véritables alternatives thérapeutiques, anciennes et éprouvées, les cures traitent ou soulagent les atteintes chroniques grâce aux spécificités des eaux, boues et gaz d’origine thermale.

 

Station thermale de Barbotan dans le Gers (I. Denis)
Station thermale de Barbotan dans le Gers (I. Denis)

La France est le 3e pays thermal en Europe avec 115 établissements et 12 orientations thérapeutiques. Au cœur de l’Armagnac, Barbotan possède deux richesses naturelles, des eaux et des boues qui soignent conjointement les affections phlébologiques et rhumatologiques. Le village abrite des thermes dont l’architecture s’inspire des anciens séchoirs à tabac du Sud-Ouest. En suivant le parcours de soins d’une patiente, L’Observatoire découvre l’univers thermal.

 

Une curiste raconte

«  8 h 40, arrivée aux thermes, passage obligé par le vestiaire pour revêtir la tenue réglementaire : peignoir, maillot de bain, sandales antidérapantes. Premier soin en cabine individuelle : je m’allonge dans une baignoire ergonomique remplie d’une eau thermale dégageant une forte odeur de souffre. Pendant qu’un jet envoie de l’eau contenant un gaz au niveau des pieds pour exercer un massage, je passe une douchette sur mes jambes pour accentuer le drainage dans le sens du retour veineux.

9 h 30, douche générale au jet : court mais intense ! Me voici puissamment massée par l’action d’un jet d’eau thermale sous pression. L’effet tonique circulatoire est garanti.

Prochain soin dans 20 minutes : j’en profite pour changer mes serviettes mouillées et grignoter des fruits secs. Je m’assoie, observe les curistes qui passent. Une octogénaire arrive en bougonnant « mon peignoir est trop grand, la boue était trop chaude ». Je rejoins la piscine de mobilisation.

10 h 10, je descends dans une eau brunâtre. L’agent thermal, intraitable sur l’hygiène, interpelle mon voisin qui a oublié son bonnet et deux dames qui papotent. Dans la piscine, chacun effectue les mouvements préconisés en échangeant des regards amusés. Dix minutes s’écoulent et nous sortons du bassin dans un joli brouhaha : « Je termine demain », « En dix jours, ma jambe a déjà bien dégonflé ».

10 h 35, couloir de marche, je pénètre dans une vaste piscine d’eau claire et chaude et déambule dans un couloir d’eau à contre courant. Je marche ensuite sur une zone de galets qui massent et activent la voûte plantaire puis sur un parcours en montagnes russes. Je finis par le puits d’eau froide. La transition est brutale. Les fourmillements de mes jambes s’estompent comme anesthésiés. Quel bonheur !

Mes soins achevés, je me rends dans la lumineuse salle de repos. Un homme ronfle. Je ferme les yeux et m’abandonne à quelques minutes de relaxation. Cet après midi, je participerai à l’une des activités proposées : marche nordique. »

 

Efficacité prouvée

L’usage des eaux chaudes pour se soigner remonte à l’antiquité. Les Grecs pratiquent leurs bains dans des gymnases et inventent les thermes. Les Romains les perfectionnent et en bâtissent dans tout l’Empire. Des bains turcs aux bains nordiques, chaque peuple recherche la purification du corps à travers l’eau. Henri IV inaugure la 1ére Charte des eaux minérales en 1604 et au XVIIe siècle, apparaissent les bains publics. Au XIXe siècle, en Europe, le thermalisme connait un essor exceptionnel. En France, en 1950, les propriétés thérapeutiques des sources sont reconnues officiellement ; une nouvelle ère s’ouvre avec la prise en charge par la sécurité sociale des cures thermales. Leurs bienfaits apportent une nette diminution de la douleur, une baisse de la consommation médicamenteuse, l’amélioration de la mobilité, un confort sur le long terme. Afin de démontrer scientifiquement l’efficacité des soins thermaux, l’AFRETH* réalise des études rigoureuses. En 2010, la publication de Thermathrose évalue le service médical rendu par la crénothérapie dans la prise en charge de l’arthrose du genou et en 2011, l’étude Maâthermes montre son efficacité dans le traitement de l’obésité. Par sa durée de trois semaines, la cure constitue un moment privilégié pour dispenser une information thérapeutique car les curistes sont disponibles et réceptifs à la prévention. Actuellement, le CNETH** structure cette éducation à la santé et certaines stations mettent en place des programmes d’ETP (Éducation thérapeutique du patient) comprenant des ateliers personnalisés et des conférences ciblées.

Isabelle Denis

* AFRETH : Association française pour la recherche thermale

** CNETH : Conseil national des exploitants thermaux