Science et méditation

La méditation en pleine conscience associe des bases de la méditation bouddhiste venue d’Orient à des éléments de la gestion du stress venue d’Occident.

Méditation et yoga diminuent le stress des malades (F.Bergougnoux)
Méditation et yoga diminuent le stress des malades (F.Bergougnoux)

Depuis des milliers d’années les pratiquants connaissent les bienfaits de la méditation mais au cours des deux dernières décennies, la science a mis en évidence ses effets positifs sur l’homme.

 

Capacités cognitives

Une première étude a été conduite par Sara Lazar, en 2005, neuroscientifique de l’Université de Harvard et de l’hôpital général du Massachusetts ; elle démontra, à l’aide de scanners cérébraux, chez de simples habitants de Boston méditant 40 minutes par jour, un épaississement du cortex préfrontal gauche, région impliquée dans les processus cognitifs, émotionnels et le sentiment de bien-être. Vu que l’amincissement du cortex est signe de vieillissement, la méditation aurait donc un effet protecteur contre la dégradation de la mémoire et des déficits cognitifs. En 2009, la neuroscientifique Eileen Luders de l’Université de Californie à Los Angeles a trouvé, chez des pratiquants expérimentés par rapport à un groupe-témoin non-méditant, plus de matière grise, tissu cérébral chargé du traitement de l’information, concluant que les pratiquants ont la capacité de cultiver des émotions positives, de conserver leur stabilité émotionnelle et d’adopter des comportements conscients. Un an plus tard, Sara Lazar a scanné les cerveaux de volontaires, avant et après huit semaines d’entrainement à la réduction du stress basée sur la pleine conscience (MBSR*). Ce programme associe méditation et yoga pour diminuer le stress de patients ayant des problèmes de santé. Les résultats ont montré un grossissement de l’hippocampe d’où une amélioration de la mémorisation et de l’apprentissage et un rétrécissement de l’amygdale, preuve de la diminution du stress, confirmant le ressenti des patients. Cette même année, est créé le CIHM (Centre de recherche sur le cerveau sain) ; son directeur, Richard Davidson, prouve que la méditation renforce les qualités considérées comme indispensables au bonheur : la résilience, la sérénité, le calme et le sentiment d’une connexion empathique aux autres.La méditation de pleine conscience a été introduite dans des outils thérapeutiques pour soigner les anxieux, dépressifs, obsessionnels compulsifs par exemple les soldats américains de retour d’Iraq ou d’Afghanistan, présentant un syndrome de stress post-traumatique ou atteints de lésions cérébrales traumatiques.

 

Plus de concentration

Les scientifiques se sont également intéressés au rôle de la méditation sur le développement de l’attention. Des tests ont démontré que les personnes méditant restaient plus concentrés malgré des stimuli extérieurs, d’où une aide pour des patients atteints de dépression, d’anxiété, de stress post-traumatique ou tout autre maladie caractérisée par une rumination mentale excessive. Heleen Slagter, de l’Université du Wisconsin, a recruté des volontaires pour participer à une retraite de méditation de trois mois de façon à étudier l’évolution de leur clignement attentionnel c’est-à-dire leur possibilité de traiter une deuxième information visuelle alors que l’esprit est occupé à gérer la première. Elle a mis en évidence de manière incontestable le pouvoir de développer nos capacités d’attention. C’est l’une des raisons pour laquelle Phil Jackson, célèbre entraineur de basket, trouve que la méditation aide les joueurs à rester attentifs à ce qui se passe sur le terrain instant après instant.

 

Meilleur système immunitaire

Richard Davidson, en collaboration avec le docteur Jon Kabat-Zinn, fondateur de la clinique de réduction du stress de l’Université du Massachusetts, ont réalisé une étude qui atteste les effets bénéfiques de la méditation sur notre système immunitaire. Après huit semaines d’entrainement, ils ont inoculé à un groupe de patients méditant comme à un groupe de non-pratiquants, le virus de la grippe. Les premiers ont produit plus d’anticorps que les seconds, ce qui conduit certains médecins à conseiller la méditation à des patients atteints de douleurs chroniques, d’insomnie et de déficiences immunitaires.

Pour tirer profit de tous ces avantages, il ne suffit pas de lire et d’admirer les bénéfices de la pratique, il faut pratiquer soi-même.

Daniel Vallée

*MBSR