Kilt ou jupe ?

Le pub Saint-Aubin autrement

Lorsque vous poussez la porte du Pub Saint-Aubin pour prendre un verre, vous vous asseyez, commandez et repartez, perdus dans vos pensées, avec une interrogation sur l’étrangeté des serveurs avec leur jupe noire.

 

Au fil des saisons 

Le pub, situé au 5, place de la Victoire à Bordeaux, se remarque par ses grandes terrasses et son bâtiment en coin de l’avenue de la Marne. Lorsque vous entrez dans le pub, après avoir passé le comptoir, vous trouvez parfois près de la cheminée allumée, un étudiant plongé dans la lecture d’un vague document ou journal. Une deuxième se trouve dans la salle voisine, ce qui confère aux salles un côté vieillot mais ô combien chaleureux. Des trophées de chasse sont accrochés sur les murs dans toutes les salles, passion inassouvie et toujours vivante d’un propriétaire de ces lieux. À cela, il faut ajouter des décors de saisons : des luges et des skis en hiver, des surfs en été et autres thèmes. Les écrans de télévision collés sur les murs des salles rappellent l’esprit sportif et rassembleur du dieu Rugby, servi par une armée de serveurs en jupe noire, attribut de prime abord féminin.

 

Lieu de vie, de détente

Dès le matin, l’intérieur se peuple de quelques consommateurs qui se réveillent autour d’une boisson fumante, rêvassant au gré des flammes qui dansent dans les cheminées. À midi, une population, toutes classes sociales confondues, se retrouve pour un repas plutôt de cuisine française. L’après-midi, la terrasse bruisse des discussions estudiantines autour de feuilles de cours épars. Enfin, place de la Victoire oblige, il y a les happy hours avec pintes de bière (environ 0,5 l) à moitié prix. Dès la fin des cours, la place est envahie par une foule de jeunes qui viennent oublier leur journée d’études. Les soirs de match ajoutent au lieu un côté festif et les clients donnent alors libre cours à leur passion bruyante et débridée. Ne pas oublier les soirées intimes avec réservation de salle pour arroser une fin d’études ou toute autre fête aussi délirante.

 

 

Le kilt, quelle idée !

Le Pub Saint-Aubin a su créer une ambiance type pub écossais par sa bière et ses kilts. Il est la propriété de trois frères et un cousin, originaires de Saint-Aubin en Vendée. Il a été acheté l’année qui a suivi la coupe du monde de rugby de 1999. C’est là que débute l’histoire des jupes.

Vous ne pouvez pas ne pas remarquer la tenue des serveurs que vous vous attendez à trouver plutôt en Écosse. Cet attribut guerrier a été immortalisé dans le film BraveHeart par Mels Gibson, alias William Wallace qui, lors de la bataille de Stirling au XIIIe siècle, battit les troupes du roi d'Angleterre qui venaient d'envahir son pays. Dans le film*, les guerriers écossais portaient leur kilt sans dessous.

Lors de la coupe du monde de rugby à XV en 1999, une partie des matchs s’est déroulée en France. À cette occasion, des supporters écossais venaient fêter cet événement place de la Victoire. Un soir de match un pari a été fait entre ces supporters, propriétaires de pubs en Écosse et les patrons d’El Bodegon : « Si la France remporte la finale, les serveurs du pub écossais porteront l’uniforme français, tablier blanc, jaquette noire, si non ceux du futur café Place de la Victoire porteront un kilt. » La France perdit la bataille et les serveurs adoptèrent le kilt.

 

Mythique

À partir du début du XXe siècle la place de la Victoire devient un des foyers de la vie étudiante bordelaise, dernière place forte d’une tradition qui remonte au Moyen-Âge. Ses cafés ont su garder un côté étudiant hors du temps. C’est aussi un endroit où se rencontrent des populations de tout âge et toute nationalité, qui aiment retrouver cette ambiance festive autour d’un verre. Les kilts du Pub Saint-Aubin ajoutent une touche d’exotisme à tout cela et ils nourrissent aussi les fantasmes de dames bon chic bon genre. À consommer sans modération.

 

Patrick DAUGA

 

*  http://laqvs.com/2015/07/03/braveheart-peut-on-faire-de-lhistoire-sans-en-faire-braveheart-mel-gibson-1995/