Méfaits d'hiver

L’hiver peut apporter des désagréments parfois tragiques mais aussi plus souriants.

Un couple est victime en plusieurs occasions des rigueurs de l’hiver. L’Observatoire conte ce qui leur est arrivé.

 

Intoxication

Parents d’une petite fille de quelques mois, ce jeune couple, aux revenus modestes, est hébergé par les parents de la jeune femme. Pour dormir, une pièce, construite au fond du jardin familial, est mise à leur disposition. Elle est chauffée par un poêle à charbon.

Ce soir-là, il fait vraiment froid, aussi ont-ils décidé de laisser leur fille dormir dans la chambre de ses grands-parents, riche idée ! En effet, en pleine nuit la jeune épouse se réveille mal en point, mais elle réalise qu’elle doit réagir sans tarder. Elle secoue son compagnon, mais rien à faire, il est profondément endormi. Elle le tire hors du lit et le traîne dehors. Les voilà en pyjama, assis par terre, à l’extérieur. De violents maux de tête les assaillent. Le grand air leur fait du bien. Lui reprend progressivement conscience. Ils réalisent alors qu’ils viennent d’échapper à la mort. Ils se félicitent de savoir leur bébé bien au chaud, ils n’osent penser à ce qui se serait produit si, comme les autres nuits, il avait été près d’eux dans son petit lit d’osier.

Après avoir largement aéré la pièce, ils constatent que la clé qui régule l’arrivée d’air dans le tuyau du poêle a tourné entraînant une combustion anormale du charbon et un fort dégagement de monoxyde de carbone, gaz inodore et fortement toxique.

Après cette expérience qui se terminait heureusement bien, ils ont aménagé dans un logement au 9e étage d’un immeuble tout jute achevé.

Leur « cabane au fond du jardin » a alors été transformée en cave et en débarras.

 

On aperçoit à droite des pilotis, sorte d'échasses qui ont donné leur nom à l'immeuble (D.R.)
On aperçoit à droite des pilotis, sorte d'échasses qui ont donné leur nom à l'immeuble (D.R.)

Mal isolées

Surnommé « Les échasses », cet immeuble, construit au tout début 1963, est implanté face au pont d'Oradour-sur-Glane à Lorient, constituant ainsi une vitrine d'arrivée à l'entrée nord de la ville. Cette construction fait référence aux unités d'habitation de Le Corbusier à une échelle moindre (99 logements au lieu de 300) : immeuble sur pilotis, appartements en duplex traversant et desservis par une coursive extérieure, toit terrasse accessible...

Les canalisations d’eaux usées provenant des logements sont fixées à plusieurs pilotis. Les premiers mois de l’année 1963 sont particulièrement rigoureux en Bretagne, on note des températures inférieures à -10°C. pendant plusieurs semaines. Mal isolées, soumises au vent glacial qui circule sous l’immeuble, certaines canalisations gèlent ! Au grand dam des locataires qui voient leur sanitaire déborder, les étages les plus bas étant les premiers touchés. Avant que l’alerte ne soit donnée à tous les étages, certains logements subissent des dégâts significatifs et malodorants, ce qui ne sera pas le cas pour notre jeune couple au 9e.

Très vite le propriétaire y porte remède : les canalisations sont dégelées, isolées, leur cheminement modifié, les appartements touchés nettoyés et remis en état.

 

Bref cours de ski

Début 1976, notre couple a deux filles, une de 16 ans l’autre de 6. C’est décidé, ils iront tous à la neige pour la première fois en février à Saint-Lary. Dès le premier jour, ils montent au Plat d’Adet : découverte des installations, location des équipements, inscription des filles à l’école de ski, achat des forfaits… La maman a décidé que ce sport n’était pas pour elle, en revanche elle incite fortement son mari à se lancer. Guère enthousiaste, mais ne voulant pas perdre la face devant ses filles, il s’inscrit pour un cours de découverte d’une heure ou deux. Une jeune fille, monitrice affirmée, dit-on, prend en charge un groupe d’une petite dizaine d’adultes. Et le cours débute : chausser convenablement les skis, adopter une position ad hoc, se placer perpendiculairement à la pente pour ne pas partir à son corps défendant vers le bas, adopter la position en chasse-neige. Et c’est parti ! Plus vite qu’il ne le souhaitait, le papa, sans crier gare dévale la pente, incapable de modifier sa trajectoire. Et bientôt il embarque dans sa chute la monitrice, sans lui faire mal. Très mécontente, elle ne veut pas accepter ses excuses. Lui rétorque qu’il s’agissait des risques de son métier et qu’il mettait là un terme à son expérience. De mémoire de moniteurs ce fut une des plus courtes carrières de skieur connues !

 

Roger Peuron