Mettre en mouvement

Expédition au Tchaï Bar où Bela et Côme vivent et partagent leur passion de la danse. 

 

Côme et Bela(photo S. Laurens)
Côme et Bela(photo S. Laurens)

Dans le quartier de la Victoire où une devanture sur deux invite à boire ou manger exotique, le Tchaï* ne se distingue pas des autres bars et pourtant… Ici, on ne parle pas de consommateurs mais d'adhérents. Ils sont 2 000 à venir, parfois ou régulièrement, s'y restaurer de produits maison – quiches vegan, gâteaux et tchaï, thé indien épicé – mais surtout 200 y pratiquent une activité au sein de cours, de stages et d'ateliers dans le studio de danse.

 

Tisser des liens

Le Tchaï Bar est « un véritable lieu de vie pour ceux qui souhaitent s'investir avec nous, car nous sommes faits des liens que nous tissons ensemble » revendiquent Bela et Côme, les créateurs de cet espace. Ils y vivent leur passion de la danse mais aussi leur besoin d'échanges, d'ouverture culturelle et de transmission.

Bela a d'abord été gérante du Tchaï, assurant cuisine et service entre ses cours. Puis, après l'acquisition du fonds de commerce, le jeune couple en a fait un café associatif qui héberge le collectif La Clé du Quai dans lequel vit leur compagnie de danse Bela et Côme.

« La Clé du Quai rappelle mon ambition d'un moment, trouver un lieu, symbolisé par une clé pour monter la pièce de Koltès Quai ouest d'où le nom de l'association et le logo, assez ésotériques mais chargés de sens » explique Côme.

 

Se reconnecter à son corps

Danseurs professionnels, Bela et Côme parlent avec enthousiasme de ce qui les anime : « Nous avons pour envie de  partager notre passion avec nos adhérents, soit avec une réelle implication physique, à travers la danse et le théâtre, soit via toute autre pratique qui cherche également à générer un « mouvement » corporel ou intellectuel, chez l'individu et à le reconnecter à son corps. C'est pourquoi on trouve ici des ateliers et stages en théâtre, danse-théâtre, danse contemporaine, yoga mais aussi des praticiens en ayurvéda*, des ateliers d'écriture, une chorale, des expositions, débats, projections... »

 

Ne pas se perdre de vue

À corps perdu, les deux artistes donnent des cours, animent des séances d'improvisation, préparent une flash mob avec 120 enfants et dansent encore dans diverses compagnies ! Ils mettent aussi sur pied leur festival annuel qui se déroulera du 21 au 30 juin. Bela et Côme se disent un peu trop dévorés par les problèmes de gestion malgré la présence de trois salariés et six intervenants mais ils sont toujours passionnés de création. Sur le texte fort de Jean Pierre Siméon Stabat Mater Furiosa, Côme envisage pour Bela une performance danse-théâtre dans l'esprit de Pina Bausch et Anne Térésa de Keersmaeker... Quelle énergie !

Claudine Bonneteaud

Avec Côme et Bela, com'è bella la danza ! 

*Tchaï Bar 49 rue du Mirail Bordeaux.

 

Le bal Forro* (photo A.Ronteix)

 

Mardi, 19h, rue du Mirail, sous la pluie. On pousse la porte du Tchaï comme on franchit une frontière. Bordeaux-Sao Paulo direct. La joyeuse musique du forro remplit l'espace, tamisé du bar où une douzaine de couples dansent dans une proximité saine et sensuelle à la fois. Les visages rayonnent, même si, pour certains, on sent l'application du désir de bien faire ou d'épater la partenaire par une succession de pas difficiles, de sautillements toniques ou de figures compliquées. À la sono, Bela alterne les rythmes, puis donne un petit cours particulier ou prodigue quelques conseils «  ici, 1+1=1, vous dansez en couple, corps en arrière mais tête et bras tout près ».

Les visages se rapprochent, l'accord dans le mouvement y gagne. Au fil des morceaux,  on change de partenaire car les danseurs se connaissent, fréquentant souvent les cours de Marcelo à Bordeaux Forro.

C'est animé et « bon enfant » comme dit un Péruvien habitué des lieux. Américains du Sud et Bordelais pur sucre se côtoient, tous âges confondus dans ce petit espace hors du temps et des conventions sociales. C'est le miracle de la danse, le charme du bal forro.

 

*Forro : musique traditionnelle du Nord-est brésilien et aussi nom de la danse en couple qui l'accompagne.

Mardi de 18 à 21 h au Tchaï Bar