Un défi, l'accueil des nouveaux réfugiés

Dans le cadre des accords européens de 2015, La France s’est engagée à  accueillir 30000 réfugiés sur deux ans, à ce jour seulement 9 000 personnes ont bénéficié de ce statut.     

Ils sont Irakiens, Syriens, Erythréens et parmi eux les chrétiens d’Orient particulièrement persécutés. De nombreuses associations se sont impliquées dans leur accueil et parmi elles, celles de  l’Eglise Catholique  « Accueil des chrétiens d’Orient »,  « Bienvenue aux réfugiés ». créées spécialement en 2015 pour les recevoir. Pour faire le point, L’Observatoire a interrogé Patrice Vincey responsable de ces deux structures et Mme Boyer responsable logement d’ Emmaüs.

De Mossoul à Bordeaux
C’est l’histoire d’un homme dont la vie bascule un jour de 2014 quand Daech envahit sa ville  Mossoul,  Yasser, un  irakien chrétien d’une trentaine d’années, décide de  fuir avec sa femme et sa petite fille pour Erbil, en abandonnant tout ce qui faisait sa vie, sa maison, son métier, ses amis. Il  reste dans cette ville pendant deux ans  dans des conditions épouvantables d’insécurité et de précarité. en attendant d’obtenir un visa pour la France, puis un statut de réfugié comme 99 % des réfugiés de Mossoul. Trouver un refuge est une victoire en soi, mais s’intégrer est tout aussi difficile. surtout quand on ne parle pas un mot de français. Dès son arrivée en 2016, il prend des cours de langue et dans la foulée s’inscrit à Pôle emploi comme son statut de réfugié le lui permet. La chance et la ténacité sourient aux audacieux et  comme Yasser… est électricien, il obtient d’abord un stage dans son métier, puis un CDI. Ainsi que le souligne Patrice Vincey «Il a fait un parcours peu fréquent et particulièrement réussi d’insertion en peu de temps. » ce qui démontre que « La principale condition est l’apprentissage du français pour établir des rapports de confiance avec la société et ensuite  rechercher un emploi ». Le fait d’avoir des enfants est aussi un plus, car ils apprennent rapidement la langue à l’école et sont souvent le lien entre leurs parents et ceux des autres élèves.

Des migrants et réfugiés au Bouscat
Emmaüs a pris en charge dans l’immeuble Galliéni, un CAO*, au Bouscat une cinquantaine de personnes, familles avec de nombreux enfants venant de différents pays d’Afrique, d’Europe de l’Est ou d’Orient. La responsable du logement, Mme Boyer indique que certains enfants ont été accueillis dans les écoles de la commune, pas tous car certains migrants ne restent pas plus de deux mois et ne parlent pas du tout le français L’association a mis en place des cours de langue aidés par des bénévoles du Bouscat. L’avenir de ces migrants est incertain, des procédures de demandes d’asile sont en cours accordées ou pas selon le dossier. Ce centre sera fermé fin décembre, l’immeuble devant être détruit prochainement.

Les associations sur le pont
Patrice Vincey confie « Travailler en inter connexion est permanent et indispensable »  avec  la société civile , le collectif ASTI, Solidarite réfugiés, la Cimade, Médecins du Monde, liste non exhaustive. « C’est nécessaire pour trouver des solutions ponctuelles  et débloquer des situations complexes ». C’est le rôle de « Bienvenus aux réfugiés »  association destinée à tous les réfugiés. En ce qui concerne les chrétiens d’Orient, l’association a pour but de les aider à sortir de Syrie ou d’Irak, par des couloirs humanitaires. Pour cela elle fournit des éléments crédibles à l’OFPRA**, pour pouvoir les recevoir et soutient la demande de visas. Une sur six  familles obtiendra ce précieux sésame.Actuellement, seules 15 familles sont prises en charge.  En attendant que le statut de réfugié soit accordé, l’accompagnement est primordial, tant sur le plan du logement, que dans les démarches administratives, l’apprentissage de la langue, la scolarité des enfants. Ce sont des équipes d’une vingtaine de bénévoles chaleureux qui vont s’occuper en alternance d’une famille sur une période de deux à trois ans généralement, jusqu’à leur autonomie, et toujours en relation avec la mairie. L’accompagnement est essentiel pour aider des réfugiés nostalgiques de leurs pays à reconstruire leur vie dans une civilisation inconnue, un véritable challenge.

 

Martine Lapeyrolie


* CAO : Centre d’accueil et d’orientation
** OFPRA : Office français de protection des réfugiés et apatrides
Accueil des chrétiens d’Orient : 06 01 72 79 74
Emmaüs Gironde : 05 56 92 00 33