En chemin vers l'intégration

Des femmes, souvent en famille, arrivent du monde entier pour construire une nouvelle vie à Bordeaux : Promofemmes les accompagne dans leur parcours d’insertion.

 

 

 

Créée en 1994 à Saint-Michel, Promofemmes agit pour faciliter l’intégration des étrangers par l’intermédiaire des femmes. Aujourd’hui, elle accueille près de 70 nationalités, avec plus de 80 bénévoles, 6 salariés et de nombreux partenaires institutionnels bordelais. L’association est persuadée que l’insertion passe par une approche globale des difficultés et des potentialités de chaque femme. Tous les aspects de l’existence sont pris en charge : apprentissage de la langue française bien sûr, logement, santé, travail, connaissance du labyrinthe administratif, parentalité, culture, maitrise des transports et découverte de l’environnement en général. Une responsable, Marie-Ange, a reçu L’Observatoire.

 

                     

 

Confiance et chaleur humaine

 

Le salon de thé du mercredi reflète l’esprit qui règne à Promofemmes : on se retrouve par affinité ou communauté, on vient avec les enfants et quand l’ambiance est détendue, certaines prennent les tambourins et le djembé, entonnent des chants et Sylviane mène la danse. Et là, plus de différences, seule le plaisir d’être joyeusement ensemble les réunit.

 

Ce mercredi, elles accueillent une Albanaise qui vient d’arriver avec sa fille ; elles ne parlent pas français mais une compatriote est là et c’est parti pour un dialogue entre elles, des explications, une mise en confiance. Plus tard cette famille sera reçue de manière plus approfondie par la présidente pour répondre à ses demandes. Ces moments créent des relations de confiance et de solidarité. « Faire quelque chose ensemble renforce la compréhension mutuelle » explique la responsable, « le plaisir de cuisiner, de partager un repas, participer à l’atelier création de couture en partenariat avec l’Opéra de Bordeaux, raconter son parcours et son pays. » L’artiste Albert a trouvé dans ces récits l’inspiration pour dessiner un carnet de voyage. Toutes ces activités plutôt ludiques permettent d’aller plus loin dans l’insertion.

 

Elles deviennent vite actrices de leur insertion (photos de M. Depecker)

Des outils pour être autonome

 

Il en faut pour vivre dans un pays qu’on ne connait pas ! Dans un premier temps, des cours de français de tous niveaux sont proposés. Catherine, avec Isabelle et Marion assurent un cours pour débutants, deux fois deux heures par semaine. Si l’assiduité n’est pas toujours respectée (les participantes ont à affronter parfois tellement de difficultés) la motivation est forte pour suivre la scolarité des enfants, pour échanger avec les autres, se débrouiller dans la vie quotidienne. L’observatoire a suivi un cours : les jeunes femmes présentes viennent d’Albanie, Turquie, Zimbabwé, Nigéria, Bulgarie… Dans une ambiance détendue, courageusement, elles apprennent du vocabulaire : jours, saisons, fruits…

 

Prononcer, répéter, écrire, mémoriser, elles ne se découragent pas, elles se moquent d’elles-mêmes parfois et les animatrices sont attentives, patientes. Certaines femmes venant d’Afrique parlent le français mais sont illettrées ; pratiquement impossible de vivre ici sans savoir lire et écrire, apprentissage indispensable donc. Les ateliers de calcul aussi sont utiles notamment pour se familiariser avec les prix. L’autonomie passe évidemment par la connaissance de son environnement : Les ateliers de déambulation aident au repérage des lieux, des moyens de transport.

 

 

 

Accompagnement personnalisé

 

À côté des ateliers et des cours, des rendez-vous individuels sont organisés avec une psychologue, un médecin ou des bénévoles compétents, pour des informations administratives précises, résoudre des problèmes de logement ou de santé. Et cela avec une traductrice médiatrice arabophone ou turcophone.

 

Faire un bilan de compétences et s’inscrire dans une formation professionnelle est l’étape ultime. Certaines ont pu apprendre des métiers de la petite enfance, ceux exercés auprès des personnes âgées ou dans la restauration-hôtellerie.

 

 

 

Ces étrangères viennent chercher ici de l’aide mais elles deviennent vite actrices de leur insertion. Le chemin de l’intégration est long, Promofemmes essaie de le rendre possible avec professionnalisme, bienveillance, empathie et bonne humeur.

 

 

Marie Depecker