Un clic pour des claques

Présentation de Présentation de Far Ouest au Club de la presse de Bordeaux (photo Far Ouest)
Présentation de Présentation de Far Ouest au Club de la presse de Bordeaux (photo Far Ouest)

 

À l'heure de la prolifération des moyens d'informations ou d’accès à la culture, les médias essaient de trouver un public sur le web. 

 

L'Observatoire a rencontré un jeune entrepreneur, Frédérick, qui a participé à la création de Far Ouest. Ce média coup de poing est né de sa rencontre avec Florian, devenu un ami. Ils partagent le même constat sur l'état des médias pollués par une multitude d'interactions politiques, publicitaires, etc. Cette situation leur rappelant l’atmosphère d’un western, ils ont naturellement endossé le rôle d'indiens défendant leur territoire. 

 

L'observatoire Comment définiriez-vous Far Ouest ? 

— Frédérick : C’est un média en ligne sur abonnement, indépendant et sans publicité, reconnu par l'état. C'est sous forme de feuilletons, documentaires, vidéos, textes, sons et podcasts1 qu'il raconte des histoires ancrées dans le Sud-ouest et reprenant des questionnements universels. 

Nous visons un public attiré par les librairies, nos articles ont le même format que ceux que vous pouvez trouver dans des revues comme UN ou XXI. 

Ce n'est pas un site d'opinion. Nous produisons la plus grande partie des feuilletons et des enquêtes sous forme de longs formats avec l'aide de pigistes. Nous pouvons mettre en ligne des articles que nous pensons intellectuellement honnêtes même si nos points de vue différent de ceux des auteurs. Tous les sujets sont débattus en comité de rédaction, ce qui rend régulièrement ces réunions houleuses. Ils sont mis en ligne une fois ou deux par semaine. Seuls la journaliste et les pigistes sont rémunérés.

 

— Comment est-il né ? 

Nous avions proposé à Sud Ouest un feuilleton vidéo sur la coupe du monde de rugby en 2013. Ce projet a échoué après six mois de tractations, et de cet échec, nous avons conclu qu'il n'y avait pas de lieu pour héberger les longs formats que nous souhaitions publier. D'où l'idée de monter un site et trouver, derrière, un modèle économique. 

Rapidement un directeur financier et une journaliste nous ont rejoints. Deux ans de recherche de lieux pour présenter le projet, comme des librairies indépendantes dans la grande région, ont été nécessaires pour nous permettre de le lancer. Des financements sont trouvés auprès des instances européennes.

 

Est-ce que vous travaillez avec des partenaires ? 

Oui, nous collaborons avec des journaux comme Le Monde, Mediapart, RUE 89, Le Festin … Récemment nous avons été classés parmi les deux cents médias indépendants en France. 

Nous créons des événements. C'est ce que nous avons fait récemment à la fabrique Pola2 : nous avons invité un écrivain et un journaliste de Mediapart à débattre avec le public de la corruption au sein de la FIFA et de l'attitude des clubs de football envers leurs supporters. Ce forum a été retransmis en live sur internet. Ces échanges ont été repris par des journaux comme L’Équipe ou Le Monde.

 

Où en êtes-vous aujourd’hui ? 

Actuellement, nous avons environ 400 abonnés et comptabilisons entre 100 000 et 200 000 vues par mois. Nous sommes amenés à intervenir dans les universités, les médiathèques, les librairies comme la Machine à Lire. C'est un succès d'estime mais non rentable pour le moment. 

Nous réfléchissons à un projet papier qui serait disponible dans les librairies de la région, une autre façon d'augmenter notre visibilité et d'attirer plus de lecteurs vers notre site. 

Nous avons une multitude de partenaires et pour gérer ces évolutions, nous réfléchissons à un nouveau modèle économique qui respecterait nos idéaux.  

Bernard Diot  

1le podcast : contenu audio numérique qu'il est possible d'écouter n'importe où, n'importe quand en le téléchargeant sur ordinateur tablette ou smartphone. 

2 Pola : voir article page 24 

encadré 

Le long format (10 000 signes au minimum ou 10 minutes de lecture) c’est ainsi que l’on désigne une forme de journalisme à la fois ancienne et nouvelle. 

Ancienne car elle applique le style des auteurs, journalistes et écrivains, qui ont marqué l’histoire du récit documentaire : Hemingway, Steinbeck, Londres...
Nouvelle car elle mélange textes et vidéo sur un support numérique au plus près des territoires, des lecteurs et de leurs préoccupations.