Le FRAC en fleurs

Les fleurs carnivores de l'artiste Alain Séchas symbolisant la cruauté des rapports sociaux et la tentative de domination de la nature.(D. Sherwin White)
Les fleurs carnivores de l'artiste Alain Séchas symbolisant la cruauté des rapports sociaux et la tentative de domination de la nature.(D. Sherwin White)

 

Le fonds régional d’art contemporain s’est déplacé depuis les bassins à flots vers la MÉCA, un nouveau lieu dédié à la culture, pour une meilleure visibilité. L’exposition Narcisse ou la floraison des mondes a investi le vaste espace. 

 

Depuis juin 2019, la MÉCA, maison de l’économie créative et artistique à Bordeaux, est construite en bord de Garonne, à cinq minutes de la gare Saint Jean. C’est un édifice imposant, futuriste qui domine les quais. Le FRAC aquitain, comme tous les FRAC des régions de France depuis leur création en 1982, a pour mission de réunir peintures, sculptures, vidéos, photos, dessins ou installations. Le but est de rassembler leurs œuvres, de les exposer dans les villes et villages de la région, dans les hôpitaux, les écoles, les médiathèques, pour faire connaitre l’art contemporain qui parle du monde dans lequel on vit. Ainsi, le FRAC de la région Nouvelle-Aquitaine a investi les trois derniers étages de la MÉCA. Plusieurs personnes, dont la commissaire Sixtine Dubly et Claire Jacquet la directrice, ont choisi une centaine d’artistes du monde entier. On les aide à vivre de leur travail en exposant leurs œuvres et en les achetant. 

Le lieu est fonctionnel : tout le 4e étage sert à entreposer les 1 253 œuvres de la collection. Chaque année 20 à 40 œuvres sont acquises grâce au financement de la région Nouvelle-Aquitaine et de l’État ainsi que le soutien de la ville de Bordeaux. Des œuvres inédites de quatre artistes ont bénéficié d’une aide à la production. Au 6e étage, une verrière côté Garonne permet des expos restreintes, mais aussi des ateliers de dessins et peintures, des salles de conférences. 

Et au 5e étage, les 1 200 m2 sont lumineux, avec une terrasse panoramique orientée vers la ville. C'est là qu'est installée la grande exposition temporaire Narcisse ou la floraison des mondes*.  

Les fleurs 

Narcisse suggère la beauté, les fleurs du printemps et du renouveau, leur force ou leur fragilité. Longtemps la fleur, considérée comme un genre mineur, la nature morte, prend sa revanche dans l’art contemporain. Une foison d’artistes d’hier et d’aujourd’hui sont répartis en douze sections. Un exemple : dès l’entrée de l’exposition, la cosmogonie ou la formation de l’univers. La terre est l’élément essentiel nécessaire à l’existence des fleurs, l’artiste Herman de Vries a collecté des dizaines d’échantillons pour montrer la variété des sols et de leurs couleurs. Ou bien on montre la relation entre la fleur et la figure féminine. Le portrait de la physicienne Émilie Chatelet, tenant une fleur, indique l’effervescence intellectuelle et l’affirmation des femmes dans la culture et les sciences au XVIIIe siècle. Tout à côté, l’artiste Yto Barrada a coiffé d’une couronne d’Oxalis, un jeune homme assis dans un paysage dénudé, peut-être un migrant avec les fleurs qui vont bientôt disparaitre de son pays, le Maroc. Le sujet de la fleur semble anodin mais souligne les nouvelles sources d’inspiration, comme le mouvement écoféministe. Nous réalisons que nous dépendons des plantes à fleurs qui constituent les trois quarts de la biodiversité de notre planète. Leurs feuilles fournissent l’oxygène, la fleur donne le fruit, le légume, la céréale. La médecine utilise les propriétés des plantes pour soigner. Chaque année, 2 000 nouvelles espèces de plantes à fleurs sont découvertes. 

Alors que de nombreuses espèces disparaissent, il est réconfortant de savoir que les fleurs pourront sauver le monde.  

Pierrette Guillot

 

Actions éducatives 

Pour aider les spectateurs à interpréter les œuvres présentées, des visites commentées, des visites flash d’un quart d’heure, sur une œuvre en particulier, tous les samedis et le premier dimanche du mois quand les visiteurs sont en grand nombre. Visite famille, mercredi à 15h, visites partagées le samedi, tout public. Un agenda culturel est prévu pour le trimestre à venir avec des cycles de projections pour les enfants dès quatre ans, des rencontres avec des artistes, un cycle de conférences Une drôle d’histoire de l’art, des visites gestuelles, des ateliers « point de vue » ou découverte de la flore sauvage, pour tout public.

 

FRAC-Nouvelle Aquitaine-MÉCA, 5 parvis Corto Maltese 33 800 Bordeaux 05 56 24 71 36 

Ouverture au public du mardi au samedi et 1er dimanche du mois de 13 h à 18 h 30, le 3e jeudi de chaque mois jusqu’à 21h. Participation libre, 1 euro minimum. 

fracnouvelleaquitaine-meca.fr 

*Exposition jusqu’au 21 mars 2020

 

Toutes les photos sont réalisées par D. Sherwin White