Semeur de graines

Une association bordelaise offre à des artistes demandeurs d’asile un accompagnement qui leur permet d’exercer leur art de manière professionnelle et autonome.

 

Propos recueillis par Charles Mimoun

Pauline Roudet est cofondatrice de l’association Musiciens en exil, lancée en juillet 2018 à Bordeaux. Cette structure vient en aide à des demandeurs d’asile, en l’occurrence, des exilés qui sollicitent la protection de l’État français contre les persécutions et la guerre dans leur pays d’origine Ils sont en situation régulière tant qu’ils attendent la réponse de l’État.

—L’Observatoire. Quelle est votre rôle au sein de la structure ?

— Pauline Roudet. Je suis médiatrice culturelle. C’est un terme nouveau pour qualifier un concept qui a toujours existé ; il s’agit de créer des liens entre la musique et un public qui ne la connaît pas toujours : prisonniers, patients d’hôpitaux psychiatriques, handicapés. Nous ne travaillons pas dans l’urgence. Nous semons des graines pour favoriser le vivre ensemble.

 

D’où viennent les demandeurs d’asile dont s’occupe votre association ?

Nous accompagnons actuellement 9 musiciens en exil d’origine albanaise, syrienne, géorgienne et iranienne. Il y a 3 musiciens classiques et 6 de musique traditionnelle qui ont décidé de créer le groupe Jamira, qui signifie « vivre ensemble » en arabe. Ils se sont produits le 4 décembre 2018 aux AOC (lire par ailleurs) de l’Égalité, à la Rock School Barbey.

— Dans quels domaines intervenez-vous ?

— D’abord, en les accompagnant individuellement dans leur métier de musicien ; il y a des démarches administratives à accomplir, ils doivent être déclarés, ils veulent des explications sur le statut d’intermittent du spectacle etc. Nous les accompagnons collectivement dans des projets comme la création d’un groupe. Nous leur offrons enfin la possibilité de devenir acteurs de médiation musicale. Ainsi, très prochainement, un groupe se produira à Charles Perrens.

— Quels sont vos partenaires dans la région ?

— Nous comptons le Département de la Gironde, le Pôle Emploi, Culture-spectacle de la Nouvelle-Aquitaine, le développeur d’artistes Kiéki et le Rocher de Palmer.

Plus spécifiquement, le développeur d’artistes Kiéki Musique nous accompagne dans la mise en œuvre de ce projet. Le Pôle emploi, Culture-spectacle de la Nouvelle-Aquitaine et le Département de la Gironde travaillent avec nous sur l'accompagnement à l'insertion professionnelle des musiciens. Quant au Rocher de Palmer, il a mis à notre disposition son studio d'enregistrement et un technicien pour l'enregistrement d'une maquette. Il nous prête aussi, régulièrement, une scène (le Salon de musique) pour répéter. 

 

Contact : Pauline Roudet Musiciens en exil 06 17 85 35 56

pauline@jamira.fr    www.jamira.fr