Des clowns au service de la santé

Ils ont des nez rouges, des perruques, de drôles de maquillages, des bonnets ou des chapeaux, des costumes colorés : ce sont les clowns stéthoscopes.

 

Par Jeanine Duguet

Ensemble, ils ont décidé de « faire un pied de nez à la maladie ». Pas besoin de salle de spectacle, ni de scène pour exercer leur talent. À Bordeaux, les services pédiatriques du CHU Pellegrin, de l’hôpital Haut-Lévêque et les EPHAD sont leurs terrains de jeux.

 

Un moment de plaisir

Avec l’accord des soignants, ils passent furtivement dans les couloirs des hôpitaux, allant de chambre en chambre. Une œillade, un sourire complice font oublier un instant aux petits malades et à leur famille ce pourquoi ils sont là. Ils interviennent toujours en duo. Rien n’est écrit d’avance. Tout est prétexte à l’improvisation. Toujours à l’écoute des personnes visitées, à l’affut du moindre sourire, d’un regard, d’une attitude, d’un objet familier, d’un mot, des échanges interactifs s’installent. Ce ne sont pas des thérapeutes, ni des soignants, mais des artistes professionnels du spectacle, intervenant en complémentarité et dans le respect des équipes soignantes. Dans les EHPAD, en accord avec les animateurs, leur présence bienveillante, leur joie communicative, favorise le dialogue entre et avec les résidents le temps d’un après midi.

 

L’engagement

 Les comédiens engagés dans l’association sont investis au-delà de leur travail car ils doivent trouver des fonds pour pouvoir continuer et élargir leurs interventions dans d’autres établissements. L’association Les Clowns Stéthoscopes, reconnue d’intérêt général, a été créée le 2 juillet 1999 à La Teste de Buch. Ils  sont membres de la Fédération française des associations de clowns hospitaliers. Pour être recruté, il faut avoir une expérience de comédien mais l’engagement, la disponibilité, l’assiduité dans les interventions, la participation aux formations internes sont tout aussi importants

Ils fêtent  leur 20e anniversaire le 18 mai 2019, Maison des savoirs à Floirac. Chapeau les artistes !

 

 

Séverine clown et coordinatrice
Séverine clown et coordinatrice

Le métier (encadré)

Membre de l’équipe et coordinatrice, Séverine a bien voulu répondre aux questions de L’Observatoire :

— Comment devient-on clown ?

— Par passion pour le personnage du clown de théâtre. Durant ces dix dernières années, j’ai suivi de nombreux stages et c’est lors d’une reconversion professionnelle que j’ai décidé d’embrasser cette carrière. J’ai présenté ma candidature aux Clowns Stéthoscopes et elle a été retenue. S’en sont suivi des journées obligatoires de découverte et d’adaptation au milieu hospitalier, prolongées d’une période de deux mois d’insertion en compagnie de deux clowns expérimentés.»

Quel personnage incarner ?

— Il s’agit d’être présent, d’avoir la capacité de vivre ici et maintenant. Chaque clown a une particularité, mais il ne faut  pas s’enfermer dans un rôle.

Qu’entendez-vous par « habiter un clown déjà bien établi » ?

— Habiter le personnage du clown, c’est le présenter en toute simplicité, en toute véracité. Il n’est pas, il est tout le temps en devenir. On le travaille toute sa vie.

Quelles sont vos formations ?

— Avant toute chose, il faut être comédien et suivre la formation continue proposée par l’association. Avec une psychologue clinicienne, nous faisons une fois par mois l’analyse de la pratique en groupe et nous avons également des « labos » avec notre directrice artistique, Caroline Lemignard. Il s’agit de travailler des exercices spécifiques à la profession mais aussi de simuler des situations déjà vécues en présence d’un pédiatre ou d’un gériatre.

Comment choisissez-vous votre partenaire ?

— Nous n’avons jamais le même partenaire pour ne pas créer d’habitude, pour être toujours dans l’improvisation.

— Pourquoi avoir choisi les enfants hospitalisés et les personnes âgées ?

— Je trouve que le personnage du clown, sa fantaisie, sa naïveté, sa spontanéité sont particulièrement adaptés pour aller à la rencontre des enfants, comme des personnes atteintes d’Alzheimer. C’est «  prendre soin ». J’aime passionnément travailler auprès de ces deux publics de cette façon-là.