Chapeau !

L’idée qui porte ce numéro est venue d’une de nos observatrices, qui, aidée d’une de ses consœurs, l’a bouturée jusqu’à ce que toute l’équipe, séduite, se décide à la jardiner. Cette idée tient dans un mot tout simple qui a l’avantage d’être avalisé par de multiples expressions, ouvrant ainsi, un spacieux champ d’investigation.

En dévoilant, comme un diable sorti de sa boîte, les sept lettres du mot « chapeau », notre imaginative consœur a éveillé une foule de tentations journalistiques tant il est vrai que le terme prend de multiples acceptions : d’abord, bien sûr, celle du couvre-chef, même si, à l’examen des passants dans les rues, on voit qu’il a perdu de sa superbe. Les canotiers, bibis, panamas, melons, hauts de forme sont pour l’instant rangés dans les greniers des souvenirs perdus. Pourtant, comme on va le découvrir certains, parmi ceux qui revendiquent encore le port d’un quelconque d’entre eux, ont des raisons fort recevables de le faire perdurer.

Nous vous offrons aussi, dans ce numéro bien coiffé, quelques éléments de l’histoire du chapeau, quelques approches des mythes cinématographiques qu’il porte, des rires qu’il accompagne sur la piste du cirque, jusqu’à sa présence qui signale le chef dans la cuisine, ou encore, par métaphore, dans l’architecture, voire, via l’histoire, dans la géographie urbaine. Nous n’oublions pas, bien sûr, que des mains talentueuses façonnent cet ornement qui élève la personne qui le porte aux sommets de l’élégance, fut-elle parfois risible comme le confirment certaines trouvailles des chapelières de Sa Majesté d’Angleterre.

Ce numéro est, bien sûr, l’occasion de donner un coup de… chapeau à quelques personnages notables ou aux initiatives qu’ils accompagnent. Remarquons, quand même, que, faute d’en trouver dans nos entourages, il nous manque quelque témoignage de rentier richissime sur les avantages de la retraite chapeau.

Autant avouer enfin qu’en abordant ce thème nous avons eu affaire à un trop plein de bonnes idées avec le regret d’en laisser tant et tant de côté. Mais c’est avec un réel plaisir que les observatrices et observateurs ont autant travaillé du chapeau, chapeau auquel, comme on sait, la plume va si bien.

 

Jean-Paul Taillardas