Blanchir : retour en innocence

Vous souvenez-vous du loup du conte de notre enfance, qui avait plongé sa patte dans la farine pour la blanchir et tromper les chevreaux de Maman Biquette?

Il avait tout faux, le loup, pour blanchir, il ne faut pas ajouter, mais tremper, laver, oxygéner, rincer, essorer, sécher et repasser

L'univers de mamie Vette (Deleu)
L'univers de mamie Vette (Deleu)

On peut blanchir avec des méthodes industrielles ou artisanales mais on a toujours le même impératif : respecter le contrat signé avec le client.

 

Tout se passe au plafond

Dans l’usine de St Médard d’Eyrans, c’est l’efficacité qui est prioritaire. Tout circule pendu et progresse sur de véritables autoroutes. Les sacs de linge sale, dont le code barre-entreprise est lu par le scanner d’entrée, sont soulevés et tirés par le mécanisme qui leur fera, tout d’abord, lâcher leur contenu dans la gueule béante du tunnel de lavage aux 16 modules.

C’est un berceau fermé, surmonté de dispositifs qui distribuent les produits lessiviels tout au long de la progression du sale vers le propre. Le berceau monte vers la gauche, le linge est entrainé vers le haut jusqu’à ce que la paroi se dérobe et le laisse retomber lourdement vers le fond puis le berceau monte vers la droite et le laisse retomber à nouveau. Le linge ainsi battu ne reste pas sur place car un effet de vis le pousse de chute en chute vers le module suivant.

Pour blanchir, cette action mécanique se conjugue à l’action de produits lessiviels professionnels sans phosphates, fongicides et bactéricides. Un service, chargé en interne de vérifier la qualité du traitement, réalise des prélèvements confiés à un laboratoire.

« Il fallait 17 litres d’eau par kilo de linge lavé, il y a dix ans, il n’en faut plus que 7 aujourd’hui. L’usine pompe son eau directement et la retraite en bout de course dans notre station d’épuration. Nous sommes dans une recherche constante d’amélioration de la relation eau-énergie-produits. À cet effet, nous réutilisons la dernière eau de rinçage comme eau de trempage », explique Mr. Valentin, le directeur.

Les 85 employés gèrent 100 tonnes de textile, linge plat : draps, nappes et toutes sortes de serviettes et linge professionnel : salopettes, blouses et autres doudounes pour une multitude d’entreprises : cliniques, conserveries, chais, garages,… des départements du Sud Ouest.

« Au sortir du tunnel, le linge est pressé, ensuite il est étiré, étalé, plaqué-séché, puis plié par des machines. Les vêtements, eux, placés sur cintres, continuent au plafond leur ronde du tunnel de défroissage au tunnel de séchage à la vapeur pour finalement être placés dans un des camions de la flotte de livraison, nettoyé par fumigation afin d’assurer la continuité aseptique.”

 

Un petit supplément d’âme

Mais comment ne pas être séduit par La Générale de Blanchisserie, cette petite entreprise de 17 employés ?

Deux véhicules, l’un collecte les ballots de linge sale, l’autre livre du linge frais repassé, plié et protégé. Deux salles, séparées par un sas, deux faces pour les machines à laver : le linge sale et le linge propre ne se rencontrent jamais.

Mr Aymerick Blanc, le directeur : « Notre force, c’est notre savoir-faire, notre connaissance du milieu pour lequel nous travaillons : le secteur des maisons de retraite. »

« Y entrer, c’est perdre tout ce qui vous est familier : vos meubles, vos voisins, vos habitudes, votre quartier, il ne vous reste que votre linge personnel et vous y tenez. Notre ambition est de traiter ce linge avec autant de soin qu’il l’a été “à la maison”, ajoute Mr Robert Karam, co-directeur.

« Tout notre effort porte sur la qualité : la traçabilité, le suivi du trousseau en intranet, les petites réparations de couture et le respect des recommandations pour l’entretien de chaque article qui s’affichent sur une pastille codée dans l’encolure de tous les vêtements. »

Les deux directeurs ont mis au point un logiciel qui leur permet d’accorder un traitement spécifique à chaque article : lavage à la main, 40° ou 60°, séchage sur cintre ou en machine etc.

« Nous n’avons qu’un seul mot d’ordre : la qualité. »

Oublié, l’éclair au chocolat récalcitrant, il est tout doux le lainage de Mamie Vette.

« Dis, Mamie ! Tu nous racontes l’histoire du loup et des sept biquets… »

 

Deleu.