Lac Titicaca

Ile flottante de Uros ( 3 m de roseaux) photo Aventuriers du 450

 

Évadez-vous vers une destination exceptionnelle et venez partager la vie de tribus ancestrales sur les bords du lac Titicaca.

 

Un lieu légendaire : entre Pérou et Bolivie, le lac de la cordillère des Andes et ses îles attirent des voyageurs du monde entier. Après avoir grimpé au Machu Picchu, Sylvie, jeune baroudeuse, accompagnée d’un groupe, fait une halte auprès du lac. Elle raconte.

 

Chez les Uros

Embarquement à Puno, la ville folklorique du Pérou. Trois heures de navigation pour aborder l’île Uros. Premier choc devant le lac : une immensité bleue où le ciel se reflète sur l’eau. Le guide Mario, franco-espagnol est intarissable : « Titicaca signifie puma de pierre en relation avec les pumas qui auraient été noyés et transformés en pierre. Au temps des Incas, les indigènes auraient établi la capitale à Cusco (en quechua, nombril du monde) On dit que le soleil se lève au lac Titicaca et se couche à Cusco. La route qui sépare ces deux endroits s’appelle la Ruta del sol. Sur les rives, vivent les descendants de l’ethnie Uros, l’île la plus visitée en raison du roseau magique du lac, le totora. » Le sourire des habitants nous accueille et nous invite à nous assoir sur les bancs de totora. Le chef explique leur manière de construire ces îles flottantes : une quarantaine faite de roseaux sur lesquelles vivent 2 000 habitants. « Ici, tout est en totora, déclare-t-il, les bateaux, les maisons, l’école. On le cuisine, le déguste, c’est notre dentifrice ! Les îles sont construites de couches de ce roseau, elles se décomposent et les racines qui prolifèrent permettent à l’île de flotter. Des poteaux en bois d’eucalyptus sont plantés dans le fond du lac ; des cordes retiennent l’ensemble pour éviter que l’île dérive. Il faut refaire la couche de totora plusieurs fois par an. » Nous avons pris le taxi de l’île, une barque dont la proue ressemble à une tête de dragon pour 10 soles ; un festin suivait, à base de quinoa, puis quelques danses folkloriques. Avec trois des voyageurs, nous avons pu passer la nuit dans l’une des cabanes : pas un bruit si ce n’est le léger clapotis de l’eau, le gazouillis de quelques oiseaux et le croassement de la grenouille géante (elle peut atteindre 3 kilos) Quelle humidité, on la ressent partout malgré les couvertures et le bonnet de nuit ! Pas étonnant : la rive péruvienne a été classée par la convention internationale de Ramsa, zone humide protégée, surtout en matière d’habitat des oiseaux aquatiques.

 

Amantani

Le lendemain, départ vers l’île Amantani, le bout du monde. Au cours du trajet, les yeux s’imprègnent des teintes azurées du ciel sur l’eau. Ici, le dépaysement est total : pas de voiture ni de restaurant. Chaque touriste est placé dans une famille ; cette île de 3 700 habitants est répartie en huit communautés. « Anita et Julio son mari m’ont accueillie timidement. La pension était de 20 soles soit 3 euros. Un chullo, le châle en alpaga fait main, représente un mois de salaire », déclare Sylvie. Au menu : quinoa, pommes de terre, carottes, riz avec le thé de mina (menthe andine, reconnue pour ses bienfaits). Pour atteindre le centre du village, 500 marches à monter vers le temple de Pachamama, au sommet de l’île, à 4 000 m d’altitude ! Cardiaques ou atteints du soroche (mal des montagnes) s’abstenir. En ce lieu, sont effectuées des cérémonies et offrandes en l’honneur de la Terre mère. En redescendant, on embrasse les cultures en terrasse et croise des locaux revenus des champs, tous en costume traditionnel ultra coloré, les hommes coiffés d’un chapeau à quatre bords décoré de deux pompons .On cultive la pomme de terre, le maïs, le quinoa, les petits pois. Le soir, après le coucher du soleil, la lune reflète ses rayons orangés, spectacle époustouflant. Suivit un spectacle traditionnel organisé pour les touristes.

 

Taquile

Dernière étape, l’île de Taquile, juste en face d’Amantani. Quelques heures pour la visiter. Le soleil est au rendez-vous. Du port au village, une montée s’impose ; les yeux, comme un kaléidoscope, scrutent le lac avec les montagnes aux cimes enneigées. Là, vous découvrez la cantula, la fleur nationale du Pérou et de la Bolivie. Un lieu unique : la place centrale de l’île, les maisons en pierre, à l’intérieur très rustique. Au centre, une fabrique de textile, confectionnée par des hommes, très fiers, convaincus que leur produit est supérieur à ceux réalisés par les femmes : le machisme ambiant reconnu ! Cette communauté fonctionne sur le collectivisme ; il est interdit de se marier à l’extérieur et pas de divorce. L’île a su conserver son authenticité.

D’autres îles sont à découvrir avec leur singularité, côté bolivien. Les touristes affluent toujours plus nombreux mais le lac est victime d’une pollution et d’un asséchement en bordure : plusieurs espèces de poissons ont disparu, les riverains ne peuvent plus vivre de leur pêche. Le Pérou et la Bolivie ont dû prendre des mesures. Mais venir vivre le quotidien de ces peuples représente une expérience insolite, hors du temps !

 

Elisabeth Cadhillon