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Street Art

Le Musée d’Aquitaine et l’Institut culturel Bernard Magrez exposent les œuvres d’artistes qui se font  connaitre en s’appropriant l’espace urbain. 

Frise réalisée par John Valadez sur un mural placé devant le Musée d'Aquitaine (photos  P. Guillot)

Art engagé

La fresque, devant la façade du musée, a été réalisée par l’artiste américain John Valadez. Trois voitures décapotables, aux couleurs vives, arrêtées devant l’océan, sous un ciel d’orage. Les jeunes soulevant les filles, menacent avec un pistolet, une fusée est lancée, beaucoup de violence !

Pour fêter les 50 ans du jumelage de Bordeaux avec Los Angeles, des œuvres majeures sont exposées, témoins du mouvement social, politique et culturel  depuis les années 1960. Le Mexique est indépendant en 1821, mais les États-Unis annexent la moitié du territoire mexicain : les habitants sont appelés chicanos. Ils ont été les premiers à faire des peintures murales ou sur papier kraft, collé à la salive. En 1970, ils refusaient d’être exposés dans le musée car « les artistes sont au service du peuple ». Ces créateurs sont issus des grandes écoles d’art, peignent sur les murs, le long de l’autoroute, 200 peintres participent. Reconnus comme artistes, ils utilisent des panneaux amovibles qui voyagent dans le monde entier. Actuellement la rénovation de ces murs est subventionnée par l’État. Ce mouvement du passé se perpétue, les artistes femmes sont en plus grand nombre. Les fresques peuvent atteindre un kilomètre de long, et représentent des gloires nationales, Emilio Zapata ou Che Guevara. Des promenades guidées montrent ces murs aux touristes.

Dessins exécutés par Swoon sur les murs de clôture des jardins du Château Labottière ( Photos de P. Guillot)

Des rues au château

L’Institut Bernard Magrez, au château Labottière, a réuni quelques-unes des plus grandes signatures, sous le titre Expressions urbaines. Certains artistes sont intervenus in situ, sur les murs d’enceinte du jardin, sur les pavillons. Ils ont tous un pseudonyme. Alber apporte de la couleur à la rue, Jef Aérosol et Monkey Bird font des pochoirs. Rouge, jeune diplômée des Beaux-Arts de Bordeaux,  utilise des découpages de papiers collés sur les parois vitrées du pavillon. Swoon, venue de Floride, représente des femmes dans leur environnement. Rero utilise la police d’écriture la plus simple, contrairement aux autres graffeurs pour leur blaze (signature). Invader place de petits carreaux de céramique sur les murs. Au jardin, les bouteilles XXL, présentées à la fête du vin ont été décorées par Jeff Sotto et les street artistes locaux. Le commissaire de l’exposition, Nicolas Laugero Lasserre, jeune trentenaire passionné, collectionneur de 300 œuvres d’art urbain, directeur de l’Espace Cardin, précise que cet art est reconnu seulement depuis une dizaine d’années. Enseignant en école de communication et de médiation culturelle, il a la volonté de promouvoir la jeune création. « On ne parle pas des graffitis qui dégradent,  mais des œuvres de rue qui sont là pour interpeler, s’infiltrer dans le paysage urbain, pour saisir l’intérêt et la réflexion du passant. »

Photos prises par P. Guillot

Petits formats

La Galerie du jour Agnès b présente deux figures emblématiques : JonOne qui se décrit  comme un peintre graffiti expressionniste abstrait et Futura 2000, le premier à être passé des murs de la rue à ceux des galeries. Ils peignent à l’extérieur pour se faire connaitre, mais font en parallèle des pochettes de disques, des publicités, comme Shepard Fairey qui a créé l’affiche de campagne de Barack Obama. Beaucoup de ces artistes vivent masqués, comme Banksy, célèbre graffeur anonyme, ou bien JR, gardant toujours ses lunettes noires et un petit chapeau. Invité en 2013, il utilise un document de 1798 qu’il photographie, agrandit et fixe sur la façade du chateau. Dans les villes, il installe des photos gigantesques sur les toits ou les murs. Les œuvres de Jeff Soto, Andy Howel et Nicolas le Borgne proviennent de la collection Spacejunk Art Centers : ils font du lowbrow. C’est humoristique, espiègle, ils utilisent les bandes dessinées, la publicité, le dessin animé.

 

Vous êtes intéressés, allez visiter cette exposition et achetez des œuvres de petites dimensions, sur internet ou dans les galeries d’art contemporain, pour un prix d’une centaine d’euros.

Pierrette Guillot


L’exposition au Musée d’Aquitaine a duré du 27 juin au 26 octobre 2014.

Expressions urbaines dure jusqu’au 1er février 2015

www.institut-bernard-magrez.com  

Les  bouteilles XXL ont été décorées par des artistes issus des cultures urbaines à l'occasion de la fête du vin en juin 2014. En sa qualité de mécène, Bernard Magrez participe à Bordeaux à la fête du vin depuis sa création.