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Londres (Albert)

En 1984, fût célébré le centenaire d’Albert Londres. On redécouvrit, à cette occasion, les reportages qui l’avaient rendu célèbre pour s’apercevoir qu’aucun de ces textes n’avait vieilli.

Né à Vichy en 1884. Après ses études, il part à Lyon pour travailler comme comptable, puis se rend à Paris. Écrit occasionnellement quelques articles pour des journaux de région puis fût correspondant parisien d’un journal lyonnais Le salut public. Journaliste parlementaire au Matin, il va chercher des informations au Palais Bourbon mais ne signe pas d’article. Il collabore également comme correspondant militaire au journal du ministère de la Guerre, puis exerce comme correspondant de guerre. Il publie quatre recueils de poésie et écrit une pièce de théâtre, jamais jouée.


Naissance d’un journaliste

Dans la nuit du 18 au 19 septembre 1914, au Matin, on manque d’envoyés spéciaux. Charles Laurent est un des hommes forts de la rédaction. Albert Londres, il l’a déjà remarqué, pour sa volonté de servir et sa capacité d’action. Un retour des Allemands est annoncé en Champagne, il l’envoie à Reims accompagné d’un photographe, Moreau. Le train qui les achemine est arrêté par les bombardements, ils poursuivent leur route à bicyclette, aidés en cela, vue la panique, par des contrôles de sécurité de plus en plus flottants. Arrivés sur le parvis de la cathédrale, ils la regardent tomber sous les bombes jusqu’aux premières heures de l’aube. Londres prends des notes, Moreau des clichés. Il est urgent de rentrer. Le train, le télégraphe, le téléphone sont hors d’usage. Leur permis de circulation du ministère de la Guerre leur permet d’utiliser la locomotive de secours, la seule à circuler sous les bombes. Dans le train, Londres écrit son article. Arrivés à Paris, ils se précipitent au journal, Albert Londres remet son premier article à Charles Laurent. Un journaliste est né.


Le baroudeur

Quand l’homme du Matin, qui lui avait offert sa première chance, refuse de l’envoyer aux confins des Dardanelles, Albert Londres prend son chapeau et va proposer ses services à un autre quotidien Le Petit Journal, il y reste quatre ans. Clémenceau n’apprécie pas ses dépêches sur les conditions de paix avec l’Italie, alors il donne de la voix. Qu’à cela ne tienne, il reprend son chapeau. L’Excelsior, un autre quotidien, vient le chercher, il est ravi. Quatre années passèrent pendant lesquelles il fait des reportages lointains notamment en Russie soviétique, au Japon et en Chine. Le Quotidien, un nouveau journal, lui fait les yeux doux, il se laisse séduire mais n’y reste que trois mois. Ses écrits sur l’occupation de la Ruhr déplurent à ces messieurs du conseil d’administration « vos articles ne sont pas dans la ligne du journal…. » Alors, il se lève, prend ses feuillets et leur adresse un magistral et réputé « Messieurs, vous apprendrez à vos dépens qu’un reporter ne connaît qu’une seule ligne : celle du chemin de fer. » Il ne supporte pas la censure et pour lui, elle commence à la suppression d’une virgule. Il porte sa copie à L’Éclair avant de rentrer pour huit belles années au Petit Parisien. Il démissionne à nouveau, mais cette fois pour un refus d’augmentation, c’est qu’il est devenu Monsieur Albert Londres. À partir de 1923, il est redresseur de torts, dès lors ces reportages deviennent des livres, il observe comme un journaliste puis rédige en écrivain. Au bagne raconte les conditions de vie des bagnards de Cayenne. Chez les fous décrit une autre sorte d’enfermement, celle des malades mentaux. Le Chemin de Buenos-Aires, incognito, enquête sur la traite des blanches. Terre d’ébène lui permet d’enquêter sur l’Afrique et de montrer sa capacité d’indignation. Après son enquête sur les communautés juives, il se tourne vers l’islam. Le 16 Mai 1932, il périt dans l’incendie du paquebot Georges Philippar dans l’océan indien.    

Lauréats du prix Albert Londres avec la journaliste Annick Cojean, présidente du jury

Le prix est décerné à…

Si quelques fidèles, encouragés par sa fille Florise Martinet-Londres, n’avaient pas créé et soutenu le prix Albert Londres, décerné dès 1933 pour récompenser le meilleur grand reporter de la presse écrite, on ne parlerait peut-être plus de lui aujourd’hui. Ce prix fût attribué à trois reprises à des journalistes du journal Sud Ouest : Jean-Claude Guillebaud en 1972, Pierre Veilletet en 1976 et Yves Harté en 1990. Et en 1985 fût créé un prix Albert Londres audiovisuel.


Daniel Vallée