Ça bouge à Lacanau ! 

Dans les années 80, la culture bénéficie d’un vent de liberté, en panne depuis Malraux.

Danser dans la nature, jouer dans la rue, exposer pour le festival de la glisse (photos H. Boulet)

 

François Mitterrand nomme Jacques Lang au ministère de la culture. Ces deux hommes changent la donne. Ils ont volonté de donner de l’oxygène à toutes activités artistiques et culturelles ; ouverture des radios libres, prix unique du livre, fête de la musique au succès public mondial, décentralisation des maisons de la culture, lancement de Canal+, première chaîne privée, d’autres suivront, fête du cinéma, création du théâtre privé, Sommet de la francophonie, inauguration du musée d’Orsay, de l’Institut du monde arabe, de la Pyramide du Louvre, de l’opéra Bastille, de la Grande arche, et de la Bibliothèque nationale, échanges Erasmus, très grosse augmentation du budget du ministère. Ce tour d’horizon est bien sûr incomplet.

 

Lacanau saute dans le train en marche

Un désert culturel plane sur ce village où de plus en plus de vacanciers apprécient le côté balnéaire et familial. Il est temps d’offrir une politique culturelle à la population locale et à celle qui vient profiter des bienfaits de l’océan. Le comité des fêtes s’occupe du feu d’artifice et des majorettes. Le créneau est à prendre, l’Association culturelle de Lacanau (l’ACL) nait, les statuts sont déposés :

l’ACL a pour but de promouvoir une animation de qualité, à l’initiative de la population canaulaise, restaurer et faire vivre le patrimoine et les traditions locales, favoriser l’éducation populaire afin de permettre à chacun, quels que soient ses talents et son insertion sociale, d’exprimer sa sensibilité et de participer pleinement à la vie collective.

La commune inaugure cette même année près de l’océan une salle polyvalente. L’ACL met alors en place un ciné-club, un centre de loisirs, des expositions avec des artistes locaux, le patrimoine va à la découverte des traditions régionales, des villas canaulaises et de l’histoire de la forêt. Des ateliers de danse, de gym, de bridge, de yoga, d’échecs attirent une clientèle en manque de sport et de convivialité.

L’équilibre est rétabli. Lacanau est fière d’avoir "la tête et les jambes". La mairie de l’époque laisse le champ libre l’ACL. Des subventions du Conseil général de la Gironde, du Conseil régional d’Aquitaine, de la DRAC* et de la ville permettent la création d’un festival de danse contemporaine qui devient l’élément phare de l’association, il grandit rapidement. 1989, annus horribilis, les gros incendies coupent l’accès à Lacanau en plein festival, le remboursement de trois cents places sur fond de caisse permet juste d’amortir les frais. Trop gros, trop en avance pour l’époque, pas assez soutenu par les élus, l’événement s’arrête définitivement et mute à Arcachon.

Les grands projets qui ont marqué  l’association sont liés à la personnalité des divers présidents (tes). Ces dernières années furent celles de la photographie, soutenues par le Conseil régional d’Aquitaine.

 

Rendez-vous 2015

Cette année sont programmés conférences, théâtre et arts de la rue. Quatre ateliers ados adultes d’arts plastiques, de modèle vivant, de photographies. Six expositions annuelles individuelles ou de groupe, en partenariat avec l’IDDAC*, le Lacanau Gliss’festival, le festival de Musical’Océan, CAP 33 et les associations du patrimoine. Sur le terrain pédagogique, des interventions auprès du collège et des écoles primaires de Lacanau.

Mais aujourd’hui la culture n’a plus le vent en poupe et les subventions s’étiolent. Les événements sont sélectionnés en fonction de leur coût.

Est-ce la conséquence du manque d’intérêt ou la multiplication  des activités offertes par divers associations locales ?

Récompensée par la présence régulière d’adhérents sympathisants et de visiteurs lors de ses manifestations (6500 en moyenne par an) l’équipe soudée en place tient le coup, grâce à la bonne volonté d’une dizaine de bénévoles qui se partagent les taches et d’une Présidente bouillonnante d’idées… Pas toujours en adéquation avec la réalité financière !

Paule Burlaud

 

*DRAC direction régionale des affaires culturelles

IDDAC Institut départemental du développement artistique culturel.