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Cherchez la coquille ( photo de D. Guillon)

 

À en croire le Kalavela* et de très nombreuses civilisations, des Celtes aux Chinois en passant par les Grecs ou les Tibétains, le monde serait né de l'œuf. Ainsi en Inde, l'œuf cosmique se sépare en deux pour donner le ciel, léger comme le blanc et la terre, plus dense et ronde à l'image du jaune.

 

L'œuf, réalité primordiale, porterait en germe la multiplicité des êtres, peut-être même l'origine du soleil et des différents éléments (le Yin et le Yang en Chine). Les Incas racontaient que le soleil aurait envoyé trois œufs pour peupler le monde. L'un en or d'où sortirent les nobles, le second en argent d'où naquirent leurs femmes et le dernier en cuivre d'où est issu le peuple. Les légendes abondent, mais depuis qu'en est-il de l'œuf ?

 

Œufs pour tous

Qui dit œuf dit germe, qui dit printemps dit germination. Quelle similitude ! Dans l'Antiquité, Perses et Égyptiens s'offraient des œufs décorés en guise de porte-bonheur printanier. On a même retrouvé des œufs d'autruches dans les tombes sumériennes. Plus tard, les druides gaulois les teignirent en rouge en l'honneur du soleil. Mais la coutume d'en offrir pour Pâques n'est arrivée en Europe qu'au XIVe siècle où, après le jeûne du carême ils régalaient les affamés. Cette tradition a gagné les cours royales et les œufs durs, trempés dans le brou de noix, la cire ou le jus de betterave ont fait place, dès la Renaissance, à des objets précieux tels qu'en offraient Édouard Ier et Louis XIV qui en fit une véritable institution. Le roi exigeait que les gens de son royaume lui apportent le plus gros œuf pondu pendant la Semaine Sainte. Le jour de Pâques, cerné de corbeilles, il distribuait à ses courtisans et à ses valets des œufs peints à la feuille d'or et parfois évidés et nantis d'une surprise. Ainsi, Louis XV offrit à Madame du Barry un œuf renfermant un magnifique Cupidon. (Allez savoir pourquoi). Toujours l'amour, en 1885, le Tsar Alexandre III commanda à son orfèvre, Peter Carl Fabergé, un œuf semblable à celui qui hantait les souvenirs de sa royale épouse Maria Féodorovna. Dès lors, tous les ans, l'artiste créa une nouvelle merveille pour sa souveraine. La fabuleuse collection des œufs de Fabergé était née. La plupart font aujourd'hui le bonheur de riches collectionneurs. Mais dans nos jardins, au matin de Pâques, ils ont pris d'autres couleurs : chocolat, sucre, papiers colorés, coquilles maquillées. Qui les apporte ? Cloches revenant de Rome ? Lapin ? Lièvre ? Coq ? Renard ? Coucou ? Qu'importe, le tout,

c’est de les trouver.

 

Tous pour l'œuf

Cudos, surprenant village du Bazadais. Autour de bâtiments anciens, église, mairie, école, des maisons flambant neuves. Grande mixité de population. « Pas question de devenir une cité dortoir ! Alors on bouge, on va à la rencontre des nouveaux arrivants » entonnent en chœur les sept membres du comité des fêtes rassemblés dans la chaleureuse arrière salle du cercle**. « Le mardi matin marche, le vendredi soir balade nocturne suivie d'un repas en commun. Des marcheurs toujours plus nombreux » exulte le président. « Mais la réunion d'aujourd'hui concerne les manifestations du printemps » précise le Vice-président : le 1er mai, marche gourmande, le Ciron et le Barthos ! Trois étapes, deux arrêts gourmands. À l'arrivée, grillades. Avis aux amateurs ! » À Lucille maintenant de développer son projet. « 150 élèves fréquentent l'école de la commune. Le dimanche 16 avril à 9 h 30, ce sera l'ouverture de la grande chasse. Le square arboré du centre du village deviendra le théâtre de leurs recherches. Affiches, internet, prospectus et bouche à oreille se chargeront d'annoncer la grande traque aux œufs. Dans les petits groupes, main dans la main, les grands guideront les plus jeunes vers les trésors. Des ateliers, familiers des origamis, fabriqueront des œufs colorés et une grande poule qui trônera au milieu de la pelouse. Maryse, la bibliothécaire, sait tout faire, elle confectionnera de petits paniers charmants.

À l'heure dite, toute la marmaille s'égaiera dans la prairie à la recherche des œufs tant convoités. Gare aux pièges, aux fausses pistes ou aux nids vides. Ni batailles d’œufs, ni concours de roulades ! Juste le plaisir de repartir avec un panier bien garni et peut- être une médaille... en chocolat bien sûr ! Super ! Mais attention, si les œufs tombent vraiment du ciel, prudence ! Levez la tête ! Où vole un œuf vole un bœuf.

 

Dany Guillon

 * Le Kalevala est une épopée finnoise composée au XIXe siècle par Elias Lönnrot

 **cercle : café associatif, une tradition en Gironde et dans les Landes