La halle aux mémoires

La surface du bâtiment principal est 8000m2.Il comprend un espace de lecture, salle de conférence et d'exposition
La surface du bâtiment principal est 8000m2.Il comprend un espace de lecture, salle de conférence et d'exposition

Petite histoire de la halle

Lorsque la Compagnie de Paris à Orléans établit sa gare à La Bastide, en 1852. Les Magasins Généraux font immédiatement édifier, en 1859, une halle à marchandises. Habituellement une halle ferroviaire n’est constituée que d’un rez-de-chaussée, pour un stockage très bref. Ici il fallait pouvoir entreposer des marchandises déposées en garantie. D’où des dimensions exceptionnelles et des locaux en étage.

Pendant la Guerre de 1870, l’armée réquisitionne les autres hangars des Magasins Généraux, aussi ses activités sont concentrées sur la halle, on modernise l’embranchement pour y faire entrer des trains tractés par des machines.

En 1920, la Compagnie PO rachète la halle et le réseau ferré attenant. Au fil des années le quartier s’industrialise, les voies ferrées, desservant les entreprises, forment une toile d’araignée conséquente. Puis, l’activité décroit régulièrement. En 2001, la halle reçoit son dernier train.

En 2007, alors que la halle avait été choisie comme futur siège des archives de Bordeaux qu’on savait à l’étroit depuis longtemps, rue du Loup, un incendie ravage le bâtiment. Tout a disparu, il ne reste que les quatre murs. Ce qui ne n’empêche pas la poursuite du projet.

Les travaux de transformation sont menés entre 2013 et 2014.

 

 

Un ancien dépôt ferroviaire, connu sous le nom de « halle aux farines », a été transformé pour recevoir des archives.

 

La rue de la Rotonde bordée, d’un côté par un mur qui abrite une véritable toile d’araignée de voies ferrées désaffectées qui desservaient autrefois de nombreuses usines, en face un mur tagué cache les travaux de réhabilitation du quartier Bastide-Niel. Cette rue vous conduit à un bâtiment construit sur un ancien entrepôt la halle aux farines. Il abrite les Archives de Bordeaux Métropole, depuis le 1er mars 2016.

C’est l’agence Robbrech et Daem de Gand, spécialisée dans la reconversion de bâtiments industriels en équipements culturels et patrimoniaux, qui a mené l’opération.

 

Désacraliser les archives

Cette agence a imaginé une architecture innovante, respectant l’esprit des lieux. La partie nord de la halle a été surélevée et reçoit des magasins de stockage, de grandes boîtes de béton, dont le décalage dessine une voûte au-dessus de la salle de lecture et dégage des galeries de circulation pour les personnels. Une aile perpendiculaire, plus basse, accueille bureaux, salles d’exposition et de conférence.

Frédéric de Vylder, architecte  explique : « Un élément important du projet est de conserver l’empreinte historique de la halle aux farines. La compagnie Paris-Orléans qui arrivait ici utilisait ce bâtiment pour le stockage des denrées et leur transit par voie navigable. L’espace était couvert de pavés parcourus de rails, nous les avons conservés et réutilisés dans l’aménagement du parvis jardin. »

De larges baies vitrées assurent aux agents une vue sur le parvis planté et au public une visibilité sur le fonctionnement des archives. « Nous voulons ainsi désacraliser le service des archives. », poursuit l’architecte. Une pergola qui commence à être recouverte de plantes, dont l’ancienne glycine bouturée de l’hôtel Raguenaud, offrira une zone ombragée.

 

Documents variés

Le directeur des archives, Frédéric Laux, précise : « C’est dans le cadre de la mutualisation des services supports au sein de Bordeaux Métropole que, le 1er mars 2016,  la Métropole, Bordeaux, Bruges et Pessac décident de mutualiser leurs archives. Le 1er janvier 2019, Ambares, Blanquefort et Le Bouscat les rejoignent. Puis, le 1er janvier 2020, c’est au tour du Haillan. Les autres communes de la Métropole ont vocation à y déposer à terme les leurs. Les personnels concernés des différentes communes sont affectés à la Métrople. Actuellement l’effectif total est 37 agents. » Des capacités d’accueil de nouveaux documents existent, mais il est prévu, dès à présent, une extension : « Nous disposons d’une réserve foncière sur place. C’est d’ailleurs une obligation réglementaire qui impose pour tout bâtiment nouveau d’archives publiques d’inclure une réserve foncière qui permette de construire, dans un délai de 20 ans, un bâtiment de capacité au moins égale à celui qu’on vient de réaliser. »

Dans ce monumental bâtiment, s’alignent méthodiquement 13 kilomètres linéaires d’archives, conservées dans 19 magasins. Les fonds comprennent des documents de toutes natures : registres, liasses, plans, gravures, photographies, maquettes, films, cassettes audiovisuelles, etc. « Les documents les plus anciens sont ceux de la Jurade de Bordeaux, du XVe et du XVIe siècles, comme le Livre des Bouillons, registre manuscrit rassemblant les privilèges octroyés à Bordeaux par les rois d’Angleterre (et ducs de Guyenne). », confirme le directeur.

 

Archives et culture

Outre leurs fonctions habituelles, les Archives proposent de partir à la découverte de l’histoire de la métropole, de ses communes et de leurs habitants au travers de publications, d’expositions, de visites, de conférences, d’ateliers éducatifs.

C‘est ainsi qu’elles éditent de nombreux ouvrages historiques, comme Bordeaux et la folie du chemin de fer. 1838 -1938 ; Bordeaux, le vin en fête ; ou encore Mémoire de pierre de la Grande Guerre. Les monuments aux morts de Bordeaux et de la métropole. Les Archives proposent également plusieurs conférences par an, avec le concours de différentes associations comme La Mémoire de Bordeaux qui est hébergée dans le même lieu.

 

Frédéric Laux précise que : « Son service éducatif, avec deux enseignantes mises à disposition par l’Éducation nationale, développe des actions pédagogiques en direction les scolaires. »

Après 5 ans d’exploitation, l’outil satisfait aussi bien les personnels que les visiteurs. Après une période de découverte les agents apprécient leurs conditions de travail beaucoup plus fonctionnelles. Les utilisateurs rencontrés aiment la luminosité de la salle de lecture, son architecture et son calme. Un bémol toutefois, le manque de transports en commun depuis la station Jardin botanique du tram.

Roger Peuron 

 

Archives Bordeaux Métropole

Parvis des Archives

33100 Bordeaux 

Téléphone : 05 56 10 20 55

archives@bordeaux-metropole.f

 

 

En haut, de gauche à droite Geneviève Gaillabet, Tatiana  Midou, en bas, Sanie Fabre, Céline Morice et Jacques Fabre, président
En haut, de gauche à droite Geneviève Gaillabet, Tatiana Midou, en bas, Sanie Fabre, Céline Morice et Jacques Fabre, président

La Mémoire de Bordeaux Métropole

 

C’est à l’initiative de Jacques Chaban-Delmas, alors maire de Bordeaux et président de la Communauté urbaine de Bordeaux, que naît, en 1987, La Mémoire de Bordeaux de la Communauté urbaine et de ses communes, devenue La Mémoire de Bordeaux Métropole en 2015. Association loi 1901, reconnue d’intérêt général, elle est un centre de recherche et de documentation consacré à l’histoire contemporaine de l’agglomération bordelaise. 

L’association traite de nombreuses informations quelle : collecte, conserve, classe, communique, valorise des documents audiovisuels, iconographiques, sonores ou écrits et des témoignages oraux ou écrits. 

Leur exploitation donne naissance à des publications historiques, par le biais de ses collections Documents et Cahiers de la Mémoire et de la revue périodique Empreintes. Un comité de rédaction de 12 membres en est chargé : écriture d’articles et recherche d’auteurs, validations des textes avant publication, préparation de la mise en page. 

L’association organise des manifestations à caractère culturel, historique et patrimonial : conférences, tables rondes, expositions, projections… 

Le travail de collecte et de réflexion est mené au sein de commissions spécialisées : médecine, mémoire religieuse, automobile, sports et loisirs, maritime, culture, photo, balistique et spatiale…