L'hôtel où acheter

Hôtel des ventes, 280 Avenue Thiers, Bordeaux, rive droite (photo D. Sherwin-White)
Hôtel des ventes, 280 Avenue Thiers, Bordeaux, rive droite (photo D. Sherwin-White)

Les seuls commissaires-priseurs de la rive droite sont installés depuis quatre décennies sur l’avenue Thiers.

 

Avec son imposante façade décorée d’une enfilade de demi-colonnes en pierre, l’Hôtel des Ventes de l’avenue Thiers, le seul installé sur la rive droite de Bordeaux, est aisément repérable. Passée la porte d’entrée, une curieuse odeur de grenier vous surprend et vous découvrez en pénétrant plus avant, dans l’une des salles d’exposition, un étalage désordonné d’objets hétéroclites.

 

Soupirs rêveurs

« Objets inanimés avez-vous donc une âme ? ». Cette très belle phrase de Lamartine vous revient en mémoire et vous oblige à marquer un temps d’arrêt comme devant un sanctuaire. Vous avancez presque timidement devant cet étalage de vies passées avec bonheur ou malheur et qui désirent une seconde vie. Vous éprouvez le sentiment d’être un intrus ou un voyeur. Un grand calme règne, ponctué des chuchotements, acclamations discrètes et soupirs rêveurs des visiteurs, simples curieux ou candidats acheteurs.

De grandes armoires de différents styles tapissent les murs de cette grande salle. Devant elles, s’alignent des commodes de style Louis XV ou rustiques. Un chiffonnier côtoie un homme-debout. Des buffets s’alignent devant des tables chargées de vaisselle de porcelaine ou de céramique modernes ou anciennes.

 

« Et associés »

Des fauteuils cannés ou tapissés accompagnent des chaises assorties. À même le sol, s’entassent des tableaux avec ou sans signature. Des vitrines protègent l’argenterie des statues et des bronzes. Il faut slalomer entre une chaise d’enfant, un casque de motard, un tourne disque et des fils électriques pour atteindre l’objet convoité.

L’installation à cette adresse remonte aux années 1970, nous explique un des responsables de la salle des ventes croisé dans les allées. Il nous indique qu’elle a été créée par Mr Christian Jean-dit-Cazaux. En 2003, celui-ci a passé la main, et l’étude qui a gardé son patronyme, tout en précisant « et associés » est aujourd’hui dirigée par Gérard Sahuquet et Philippe Royere.

La période du Covid a évidemment bouleversé les habitudes, mais en temps normal, les ventes ont lieu, pour le tout-venant, plusieurs fois par semaine. Les belles ventes - entendez les plus prestigieuses - n’ont lieu qu’une fois par mois. La meilleure période, c’est l’hiver, surtout au moment des fêtes de fin d’année. On note aussi qu’il y a quatre ventes par an pour les vins, les objets d’art, les tableaux ; trois fois par an pour les livres ; deux fois par an pour les bijoux.

 

Tous ces objets sont exposés avant la vente et, même si c’est seulement pour le plaisir des yeux, il suffit, pour les découvrir, de passer la porte d’entrée de l’Hôtel.

Arlette Petit

Encadré

Histoire ancienne

L’histoire des enchères a débuté 500 ans avant notre ère, avec le marché de Babylone. Hérodote décrit des enchères au premier prix au cours desquelles la main des jeunes filles était accordée au plus offrant. Dans la Rome antique, les biens confisqués lors des guerres de conquête étaient également vendus aux enchères.

Jean dit Cazaux et Associés

 

Encadré

Devenir commissaire-priseur

 

Le métier de commissaire-priseur est sans doute un des plus difficiles d’accès. Il faut en effet marier de solides connaissances juridiques et artistiques pour pouvoir prétendre accéder au concours. Jusqu’à ces derniers temps, seuls une quinzaine de candidats étaient acceptés chaque année en raison du numerus clausus. Les lois récentes sur les professions réglementées doivent desserrer cet étau.