Vive l'automne

Rien n’indiquait l’été, la météo faisait profil bas, les pharmacies étaient en rupture d’antidépresseurs, le moral en berne.

 

Après une longue gestation pluvieuse, maussade et froide, le dernier jour de juin, l’été apparut. Habitués à une luxuriante et déprimante palette de verts, nos yeux, au risque de quelques pattes d’oie, durent s’habituer à la couleur. La chaleur alla crescendo et nos nuits furent aussi chaudes que nos jours. Au bout d’une semaine les mines déconfites réclamaient déjà un peu de fraîcheur.

« Quand les bougainvilliers fleurissent, les blancs dépérissent », ditle proverbe africain, délocalisable pour l’occasion.

 

Vivement l’automne !

L’actualité fut aussi brûlante que l’atmosphère ; les rails de coke ne furent pas les plus mortels dans l’hexagone.

On attendit durant deux semaines la naissance de… George, la monarchie était sauvée. On se réjouit ou on pleura la fin des amours quadripolaires de Michael Douglas et de Catherine Zeta-Jones. De Vincent Cassel et de sa plantureuse Monica, on déplora la fin d’une union aussi torride que la température. L’épave conjugale de la belle Vanessa Paradis et de son pantin burtonien n’apporta aucun rafraichissement, on s’approchait de la canicule. La sécurité sociale calculait déjà le pourcentage du remboursement de sa dette. « Arrosez les plantes et brumisez les vieux » fut le mot d’ordre.

 

Vivement L’automne !

Dans l’indifférence totale, le bourreau de Damas faisait couler le sang d’un peuple exsangue, c’aurait été le moment pour sa blonde épouse, qui n’apparaît plus à ses côtés, de porter ses escarpins Louboutin commandés sur internet.

Pendant ce temps et en attendant de savoir si elle est nocive, l’e-clope est sur toutes les lèvres. On vapote à tout va, la bonne odeur du tabac est remplacée par une multitude de parfums hétéroclites, les substituts de l’objet en question se déclinent en forme et couleurs diverses, noirs, roses, bleus, à paillettes, mats, fluos. Il faut les choisir avec amour et les assumer avec fierté. Terminées les approches « Vous avez du feu ? » L’attitude et la gestuelle se situent entre le fume-cigarette de Marlène Dietrich et la pipe de l’inspecteur Maigret ! Hypocritement, l’État se réjouit, les buralistes s’inquiètent et de luxueuses boutiques de cigarettes électroniques envahissent nos villes.

Une mode ou une révolution ? Un vide juridique vous permet de vapoter dans les lieux publics, profitez-en, ça ne va peut-être pas durer!

 

Vivement l’automne !

La chaleur continue, les pieds gonflent, les vendeurs de Birkenstock font fortune. Les esprits s’échauffent, les gens du voyage en font les frais. Un petit orage serait le bienvenu. Nous avons droit à un coup de tonnerre…le viagra féminin. Chic ! La pilule va dynamiser nos comportements sous la couette. Cette fois on y est presque, les chercheurs sont sûrs d’avoir trouvé le Saint- Graal. Fini le coup de mou sensuel, fini les confidences entre copines « en dix ans de mariage, je suis passée d’une libido de bonobos à celle d’un panda mollasson ».

Qu’en pensent les hommes ? Ils ont peur de ne plus assumer. Et si le sexe féminin était le moins monogame des deux ? D’un seul coup, ça rafraîchit l’atmosphère !

 

Vivement l’automne !

La rentrée des classes calme les ardeurs, shorts et minis disparaissent, jeans et bottines reprennent leur place, pourtant le soleil est toujours au zénith. Un relent de culpabilité judéo-chrétienne envahit les trottoirs. Cachez ce corps qu’on ne saurait voir. Doucement la température décline, l’été indien s’installe. Ouf ! On y arrive !

 

L’automne

Salut ! Bois couronnés d’un revers de verdure !

Feuillage jaunissant sur les gazons épars

Salut derniers beaux jours ! Le deuil de la nature

Convient à la douleur et plait à mes regards

Alphonse de Lamartine

 

 Paule Burlaud